Accueil Société Ville de Tunis: Feelmedina, une initiative pour des week-ends heureux dans la Médina

Ville de Tunis: Feelmedina, une initiative pour des week-ends heureux dans la Médina

Un Groupement d’intérêt économique baptisé M’dinti, réunissant 14 micro-entreprises, est né en 2020 pour réfléchir au renforcement de la visibilité de la Médina et de l’attractivité de son patrimoine matériel et immatériel. L’initiative Feelmedina est née dans ce cadre-là.


La Médina de Tunis est jalonnée de monuments, qui racontent et revisitent l’histoire des différentes dynasties ayant gouverné la Tunisie. Regorgeant de zaouïas, de mosquées, de palais, de médersas, de cafés, de souks, de passages voûtés, de ruelles pittoresques et d’artisans au savoir-faire rare, la ville ancienne représente un établissement humain témoin de l’interaction entre l’architecture, l’urbanisme et les effets socioculturels et économiques des cultures antérieures. Voilà ce qui a poussé l’Unesco en 1979 à la classer sur sa liste du patrimoine mondial.

Délivrée des logements insalubres dans les années 90 grâce au travail de l’Association de Sauvegarde de la Médina, la cité ancienne connaît une revalorisation immobilière dès le début des années 2000 avec l’ouverture de restaurants de luxe et surtout la reprise et la restauration de maisons parfois menaçant ruine par de nouveaux venus.

Comment améliorer l’attractivité de la Médina ?

Ils sont artistes, architectes et acteurs culturels et de l’hôtellerie alternative. Le charme discret de la Médina les séduit. Entre 2015 et 2016 apparaît dans la Médina un écosystème, qui réunit maisons d’hôtes (une dizaine aujourd’hui), restaurateurs, artisans, libraires. Ils ont tous le même problème. L’image de marque  de la Médina ou, plus précisément son branding, n’évolue pas à la mesure du rythme d’installation de ces nouveaux investisseurs. Et puis, les commerces persistant à fermer samedi après-midi et dimanche (excepté les fripiers de la Hafsia !), les week-ends ici sont d’un calme plat, qui dissuade les curieux et les visiteurs.

C’est pour parer à ces difficultés structurelles qu’un Groupement d’intérêt économique baptisé M’dinti, réunissant 14 micro-entreprises est né en 2020. Sa mission ? Réfléchir au renforcement de la visibilité de la Médina et de l’attractivité d’un patrimoine matériel et immatériel que portent à la fois ses murs et sa population. L’initiative Feelmedina est née dans ce cadre. Son objectif principal : redynamiser les fins de semaine dans la cité ancienne. Une initiative soutenue par le projet «Promotion du Tourisme Durable». Une action conjointe de l’Union européenne et du ministère  allemand de la Coopération économique et du Développement, mise en œuvre par la GIZ Tunisie (la Coopération allemande) en partenariat avec le ministère du Tourisme. Pour la diversité de son potentiel culturel, architectural et culinaire, la Médina a été choisie comme la première destination du projet «Promotion du Tourisme Durable».

Ces nouveaux investisseurs qui font bouger la cité ancienne

Leïla Ben-Gacem, «entrepreneure sociale», comme elle aime se présenter et se définir et fondatrice de Dar Ben-Gacem, maison d’hôte située dans le quartier de la rue du Pacha, préside le Groupement d’intérêt économique M’dinti depuis 2020. Sa passion et son engagement pour la Médina, son patrimoine et ses habitants sont pour quelque chose dans son élection à la tête de cette structure, devenue un lobby pour militer auprès de la municipalité pour une ville plus propre, plus inclusive et plus sécurisée. Lauréate du prix de la femme entrepreneure culturelle de l’année 2017, cette ancienne cadre de prestigieuses multinationales évoque les jours difficiles lors du pic de la crise sanitaire : «A ce moment, un établissement aussi connu que le Café Mrabet a réduit de moitié son personnel et des commerçants n’ayant pas les moyens de payer leur loyer ont mis la clé sous la porte». Le mouvement impulsé par l’initiative Feelmedina est probablement un moyen pour se prémunir contre ces sombres journées. Le programme concocté par les acteurs économiques en plus de plusieurs start-up, tels Dowit, TynassIT et Wildyness, propose, depuis le mois d’octobre et jusqu’au 15 mars, des chasses au trésor, des expériences culinaires au restaurant Doken, des ateliers sur les produits du terroir, une exposition de photos à Dar Chadliya, siège de la Maison Alif Editions, une incursion chez les artisans, des spectacles de stambali…

“Je suis très heureuse de l’apport des start-up. Grâce à Dowit, les artisans sont initiés au marketing. C’est un changement radical de culture et de mentalité qu’ils sont en train de vivre. Ce n’est plus seulement leur produit qui est mis en avant, mais aussi l’histoire qu’ils racontent de leur savoir-faire et un nouvel aménagement de leur boutique. D’autre part, la start-up TynassIT a mis en place une application permettant un  tour virtuel de la Médina”, souligne, pleine d’espoir, Leïla Ben-Gacem.

Cette adepte de l’économie partagée et qui croit en la dimension humaine de tout projet réussi veut que “la médina se développe sous le signe du lien, avec ses jeunes, ses femmes et ses hommes”. C’est probablement cette démarche qui a séduit la Coopération allemande.

“Nous constatons déjà de bons retours de l’opération Feelemdina. Le projet pourrait se poursuivre au-delà du 15 mars”, promet presque Hajer Haddad de la GIZ.

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