L’Entreprise tunisienne des activités pétrolières (Etap) vient d’organiser, en application de l’une des clauses de l’accord d’El Kamour, un concours pour le recrutement de 30 cadres tous issus du gouvernorat de Tataouine. Près de 430 candidats ont déposé leur dossier dont 257 ont été rejetés pour absence des conditions requises. Est-ce la bonne solution pour atténuer autant que possible le chômage élevé dans cette région ? Que nenni. Déjà on voit se profiler à l’horizon une nouvelle crise provenant de ceux qui seront recalés lors de la proclamation des résultats de ce concours. Ils reprendront le chemin des sit-in et du blocage des sites de production. Ensuite les chômeurs des autres régions réclameront le droit à l’emploi en prenant en otage les entreprises florissantes dans leurs villes. Déjà, les exemples de Petrofac à Kerkennah, de la CPG à Gafsa et de la société Bouchammaoui à Tataouine illustrent parfaitement un état d’esprit qui ne peut que nuire à ces régions et les engager dans une marche à reculons. Car l’emploi ne vient pas à coups de recrutements de complaisance mais avec la croissance qui ne peut résulter que de l’investissement. Or, comme l’investisseur choisit le site d’implantation géographique pour le potentiel qu’offre la région, pour son climat d’affaires incitatif, l’entreprise se réserve aussi le droit de choisir les hommes et les femmes qui vont rythmer son quotidien. Au grand dam des chômeurs dans les régions, les nouvelles implantations économiques ne seront pas classiques. Elles seront forcément innovantes et requièrent des profils de demain dans le numérique, dans la transition énergétique, ou dans les infrastructures. C’est donc une exigence économique pour les entreprises que de pouvoir recruter des personnes bien formées. Et c’est exactement là où se loge le mal. De ce fait, si l’entreprise devient l’otage des revendications sociales exogènes, telles que «la priorité de l’emploi » aux jeunes de la région, quitte à paralyser la chaîne de production, à bloquer l’accès au personnel ou à entraver l’écoulement et l’exportation des produits, cela ne fera qu’éloigner encore et encore le rêve à l’égalité. Pour le moment, croisons les doigts et espérons que les autres régions ne se mettront pas en branle pour suivre l’exemple d’El Kamour.
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