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L’autre son de cloche

Editorial La Presse

Au-delà des dates et des décisions (finalement un peu moins marquantes que prévu) annoncées par Saïed, on devrait s’attarder sur un fait incontournable sur la scène politique tunisienne : il y a le Président et tout ce qu’il représente comme voie balisée depuis le 25 juillet, mais il y a aussi un autre son de cloche (d’autres sons plus précisément) qui s’interpose à la voie tracée par Saïed. Dans ce son de cloche, de plus en plus retentissant (au gré de la lenteur dans la rupture qu’on attendait), il y a en fait des courants politiques divers et diversifiés allant jusqu’à la contradiction.      

Il y a des ex-parlementaires et des partis chassés du pouvoir s’activent partout, il y a aussi des partis et des courants politiques contre ce premier groupe d’opposants représentant des partis sociaux et autres qui refusent l’avant-25 juillet, comme il y a également la famille syndicale représentée par l’Ugtt qui ne cache plus ses divergences avec Saïed. Sans oublier également d’autres sensibilités politiques qui s’expriment en solitaire pour se démarquer et proposer d’autres solutions de relance. C’est qu’aujourd’hui, on vit un vrai blocage politique qui se répercute sur le gouvernement Bouden. Pas le moindre doute que ça bloque à tous les niveaux, essentiellement le volet économique et le criard et menaçant déséquilibre du budget et des finances publiques. Autant la fracture est grande entre Saïed et tous ses opposants (y compris ceux et celles qui l’ont soutenu dans un premier temps), autant le dialogue national participatif que les bailleurs de fonds étrangers et leurs gouvernements exigent s’éloigne, devenant même une chimère. Il est clair que le Président Saïed compte sur l’appui des jeunes et sur les gens désespérés des échecs et fiascos cumulés.  Il est encore plébiscité selon les sondages. Mais en même temps, la politique est aussi une sorte de sable mouvant où les choses peuvent évoluer vite d’un extrême à l’autre. Cet autre son de cloche prend de l’ampleur étant donné la consistance de plus en plus visible dans les discours, et étant donné la base commune sur laquelle cet autre son de cloche compte, c’est-à-dire l’appel à un consensus politico-économico-social à propos de la forme  et du contenu des réformes et des changements à apporter, ainsi que les solutions au marasme économique.

Dans ce paysage brouillé et incompris, mais de plus en plus hostile à toute forme de dialogue rassembleur, les interférences se poursuivent à l’international, les dissensions internes entre différents acteurs se confirment, et par-delà tout, c’est le citoyen lambda qui endure un coût de la vie de plus en plus cher et insupportable. Aujourd’hui, l’opposition à l’approche du Président grandit et gagne en puissance et du terrain malgré sa diversité. A lui d’écouter attentivement cet autre son de cloche, et de bien lire les messages qui viennent de partout. On est face à maints courants et propositions en ce moment, et cela complique aussi bien la possibilité d’entente politique qu’une convergence sur les grandes lignes des réformes et des mesures de sauvetage à proposer.

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