Comment les femmes peuvent-elles définir l’avenir de l’IA ? Quels conseils pour les femmes qui souhaitent travailler dans ce domaine ? Comment adapter l’IA à notre contexte et nos besoins économiques ? La Tunisie peut-elle être un hub éducatif pour l’Afrique dans ces technologies ? Autant de questions qui seront soulevées lors de la première édition de «Tunisian Women and Data + AI Summit».
Le verdict est sans appel : la Tunisie regorge de compétences en matière d’intelligence artificielle, de l’industrie 4.0, de la Data Scientist… et pas moins de 600 startup labélisées Startup Act travaillent, aujourd’hui, dans l’innovation de nouvelles applications ou systèmes basés sur l’IA. On constate réellement qu’il y a un bouillonnement d’un écosystème autour de l’IA et de l’industrie 4.0. Mais tout cela est insuffisant pour développer ce domaine en Tunisie, classer le pays comme une opportunité pour les IDE ou créer des licornes tunisiennes. Partant de ce constat, l’association tunisienne basée en France, Re*connectt, annonce l’organisation de la première édition de «Tunisian Women and Data + AI Summit 2022», qui se tiendra du 27 au 29 janvier 2022.Sami Ayari, fondateur et président de Re*connectt, indique à La Presse que l’absence d’une vision claire de l’Etat et d’une stratégie nationale en IA ainsi que le manque de visibilité vont pénaliser le développement du pays sur le plan social et économique. Cela demande de l’effort, qui commence par inculquer cette culture d’intelligence artificielle pour pouvoir mettre en place une stratégie, organiser et former des équipes et appliquer l’ensemble du processus.
«“Do or Die” si nous voulons que le fossé technologique ne se creuse pas davantage entre la Tunisie et les pays développés. Aujourd’hui, il y a beaucoup d’initiatives et efforts de la part des universités et des associations civiles professionnelles pour promouvoir l’IA, que ce soit à l’échelle académique ou à l’échelle de l’entreprise. Il n’y a plus de doute. Aujourd’hui et dans les années à venir, les programmes intelligents vont se développer fortement et vont transformer tous les domaines», souligne-t-il.
Les femmes, l’avenir de l’intelligence artificielle ?
M.Ayari ajoute qu’il est vrai qu’aujourd’hui l’IA a envahi plusieurs domaines tels que la santé, l’industrie, le transport… Mais ce secteur très masculin doit s’ouvrir aux femmes. “Nous avons découvert que seulement 22 % des professionnels de l’intelligence artificielle sont des femmes… Une disparité de genres qui ne semble pas s’améliorer dans les tendances futures”, énonce le rapport 2018 sur l’égalité hommes-femmes du Forum economique mondial. «Face à cette situation et pour attirer les femmes dans ce secteur qui a le vent en poupe, on a décidé d’organiser ce sommet qui regroupera des femmes exceptionnelles dans la recherche et l’enseignement ou bien dans l’entreprise, et qui vont donner la voie à nos jeunes femmes et leur expliquer les enjeux de l’IA…Ce combat sera mené avec une volonté réelle et sincère de changement au niveau de la réglementation et des mentalités en général…Il est vrai que nous ne sommes pas tous sur le même niveau d’aisance par rapport à cet aspect et il est évident que tout changement dérange et bouleverse. Mais pour le numérique, ou bien on suit cette révolution, ou bien nous serons fragilisés par une révolution numérique qui nous dépasse…Nous sommes persuadés que la femme tunisienne peut être la panacée et une partie de la solution pour rattraper le train de la technologie et sortir de ce marasme économique et sociétal que nous vivons… L’IA ne doit pas laisser les femmes en Tunisie au bord de la route, nos efforts et nos actions doivent être rapides et proactifs, et nous attendons tous une fracture», explique-t-il.Dans ce même cadre, M.Ayari affirme que quelques mesures, qui pourraient dynamiser l’employabilité dans ce domaine et celle des femmes, seront proposées lors de cet événement incontournable. Il y a tout d’abord l’idée d’imposer la construction d’un DataLab pour les entreprises à partir d’une certaine taille en respectant la parité. On cite aussi l’exonération fiscale pour les entreprises qui font appel aux services des startup dans ces technologies. On propose, également, l’imposition d’un quota de stagiaires dans ces technologies et en plus de femmes, l’encouragement des entreprises à promouvoir les reskilling, upskilling en interne dans les technologies Data et AI…
La femme punique, berbère, romaine et médiévale à l’honneur
Une session spéciale dédiée à la femme punique, berbère, romaine et médiévale, celle qui a construit l’identité de la femme tunisienne d’aujourd’hui, est aussi programmée. Ce panel sera marqué par la présence de la grande historienne, archéologue et épigraphe, écrivaine et poète tunisienne, Leila Ladjimi Sebai, qui est aussi spécialiste de l’histoire des femmes de l’époque romaine en Afrique du Nord et de l’histoire de Carthage, Mansour Ghaki, un archéologue, linguiste, spécialiste de la période libyco-punique, ancien de l’institut du Patrimoine Tunis et Institut Orientale de Naples et modéré par la Professeure émérite à l’université de Tunis, une universitaire et historienne tunisienne, spécialiste du Moyen-âge, Mounira Chapoutot-Remadi. «La femme tunisienne d’aujourd’hui est une résultante de son histoire, un produit des femmes qui ont marqué cette terre et les époques successives comme les reines Elyssa, Sophonisba et Kahena ainsi que les princesses Jezia El Hilalia et Aziza Othmana…, en termes de développement social, économique mais également politique. On ne peut pas construire son avenir sans s’imprégner de son passé… C’est ainsi qu’en marge de cet événement, nous allons rendre un hommage à la femme historienne tunisienne», souligne M.Ayari.