Quelle ambiance règne à l’intérieur d’une classe ou d’un établissement scolaire? Y a-t-il cette relation horizontale entre élèves et enseignants et entre les élèves eux-mêmes ? Les rapports actuels sont-ils pour quelque chose dans ce climat de tension qui caractérise l’univers scolaire ?

A vrai dire, il est difficile de trancher et de donner une réponse franche et sans appel. Le constat est, tout simplement, amer. Aujourd’hui, il est clair qu’il n’y a aucun lien affectif entre l’apprenant et l’univers dans lequel il évolue.

L’établissement scolaire dans lequel il passe plusieurs années de sa vie ne signifie plus rien pour lui. En le quittant, l’élève ne garde, quasiment, aucun bon souvenir (voire aucun souvenir). Une fois adulte ou âgé, ce même élève n’aura aucun sentiment de nostalgie en passant devant ou à côté de son ancienne école, collège ou lycée.

Il ne garde rien de bon de son passage dans ces endroits. Ni les murs, ni les portes, ni la cour (s’il lui prend envie de demander l’autorisation de les voir) ne lui rappellent un bon événement ou un bon souvenir. Tout est noir dans sa mémoire à l’exception de quelques coins dans le pays.

L’élève au centre de toute l’opération éducative !!!

Pourquoi, donc, cette morosité et ce pessimisme ambiants ? Il n’y a qu’à voir ce qui se passe quotidiennement dans nos établissements scolaires. Les années se suivent et se ressemblent. A commencer par chaque rentrée. Le chaos dans lequel se déroule cet événement annuel enlève toute joie et ne fait que créer un stress grandissant aussi bien pour les élèves que pour leurs parents. Les démarches administratives tortueuses et tueuses ajoutent à cette tension. Dès le premier abord, chacun est en butte aux entraves les plus inattendues sans parler des emplois du temps décevants et qui, parfois, enlèvent toute envie à tout un chacun de poursuivre ses études. Les élèves se sentent écartés de toute décision et subissent, de ce fait, les abus. Ils n’ont aucun recours pour changer quoi que ce soit. Et c’est ainsi chaque année (depuis, au moins, 13 ans).

Dans un autre contexte, l’élève n’est jamais sollicité. Il n’est qu’un nom et un numéro sur le registre d’appel. Son existence dans l’espace scolaire où il est obligé d’évoluer n’est marquée que par deux lettres. La lettre “A” pour l’absence et la lettre “P” implicite (car on ne l’écrit pas mais on laisse un vide sur le registre) qui sous-entend que l’élève est là.

A part ces formalités, il est difficile de noter un autre rapport. Ainsi, l’unique lien entre l’enseignant et l’apprenant se limite à ce rituel. Ensuite on passe aux séances de cours qui se résument en une action de transmission de connaissances unilatérale, à sens unique. Il est très rare de trouver une véritable communication entre les deux parties en présence (élève-enseignant).

Le comble, souvent, c’est que beaucoup d’élèves ne connaissent même pas le nom de leurs enseignants ni ceux des autres personnels (directeurs, surveillants, cadres administratifs…). A première vue on penserait que cela n’a aucune importance. C’est faux. Le fait de nommer une personne crée ce rapprochement sentimental et affectif entre les individus concernés. Ce rapport humain tant recherché est, malheureusement, en train de disparaître.

Personne, jusqu’ici, n’a voulu accorder l’intérêt qu’il faut à ces aspects fondamentaux. On oublie que c’est la pierre angulaire nécessaire à tout édifice qui cherche à installer des liens diversifiés entre tous les éléments d’un groupe ou d’une communauté. Or, c’est ce qui est totalement ignoré chez nous. Comment ne pas instaurer (ou restaurer) cette tradition qui consiste à se présenter en début de chaque année. Les enseignants ne demandent-ils pas aux élèves de remplir une fiche de renseignements durant la première rencontre ? Pourquoi n’en font-ils pas de même ? Un instituteur ou un professeur doit, aussi, se présenter à ses élèves en donnant, au moins, son nom. Il ne doit pas considérer qu’il est connu. Car il y a de nouveaux élèves ou d’autres qui étaient dans d’autres classes et qui ne connaissent pas tous les professeurs.

Absence de communication et de transparence

A première vue, cela peut s’apparenter à des détails sans importance et sans incidence sur le cursus des élèves. Mais, à notre sens, cela représente une donnée essentielle sans laquelle il est impossible d’instaurer un climat serein et équilibré entre les composantes de l’opération éducative.

De plus, il faudrait aller plus loin pour se rapprocher de l’élève et l’accompagner dans son apprentissage. En effet, on remarque dans toutes les institutions éducatives, sans exception, l’absence totale de communication et de transparence. Cela est même valable au niveau ministériel où on constate, depuis quelque temps, que rien ou presque ne transparaît. Pourtant, avec les moyens technologiques il est possible de tenir informés toutes les parties en présence. Les sites du ministère de l’Education se contentent de relater les faits et gestes du ministre et s’abstiennent de fournir d’autres informations (publication des circulaires sur les dates des examens, des programmes, des modifications ou des nouveautés qui peuvent survenir…) comme cela se faisait depuis plusieurs années.

Dans les établissements en question, les tableaux d’affichage sont désespérément vides ou contiennent des informations dépassées. Il n’y a pas d’actualisation. Lorsqu’un élève cherche une information et c’est un casse-tête quotidien, il ne trouve pas d’interlocuteur. Il est, très souvent, rabroué voire puni s’il insiste. En outre, pour les différents partenaires de l’école, la relation n’est pas souple. Avec les parents d’élèves, c’est une autre paire de manches. Ces derniers sont considérés, par beaucoup de personnes de l’établissement, comme des intrus qui ne doivent pas se trouver dans ces lieux. C’est pourquoi ils sont très mal accueillis si tant est qu’il existe un accueil. Rien n’est mis en place pour communiquer avec les visiteurs. On peut entrer dans une école ou un lycée durant la période des inter-classes sans rencontrer âme qui vive dans les couloirs ! Si, par hasard, on est “détecté” par quelqu’un on est vite viré par des arguments du genre “le chef d’établissement n’est pas là, il est en réunion, les papiers que vous demandez ne sont pas prêts”. Et, la meilleure façon d’expédier l’intrus c’est “je ne peux pas vous aider parce que ce n’est pas moi qui suis chargé de ce travail”. En somme, il y a de nombreuses situations rocambolesques que rencontrent les parents dans les écoles et qui approfondissent, encore davantage, le fossé qui existe.

En définitive, ce dossier mérite bien plus que de tirer la sonnette d’alarme. Les responsables sont appelés à lui accorder l’urgence qu’il faut et à mettre les moyens nécessaires pour pallier les graves lacunes qui existent depuis des années. L’élève n’est pas qu’un simple creuset destiné à recevoir un flot de connaissances et à subir des humeurs diverses sans pouvoir réagir ou donner son opinion ou exprimer ses sentiments. Les personnels en place doivent, de leur côté, suivre des recyclages et des cycles de formation continue leur permettant de mieux encadrer, accompagner les élèves et, surtout, d’être constamment à leur écoute.

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