Nous sommes envahis non seulement par le Covid et la corruption, mais surtout par ce phénomène tabou qu’est la consommation de drogue, allant de la douce (destinée à des jeunes démunis financièrement) à la dure qui cible bien sûr les personnes aisées vu son prix élevé. Le démantèlement des derniers réseaux impressionnants de par leur poids et la nature des gens impliqués n’est pas une surprise. On voit depuis des décennies la drogue envahir doucement notre société, et attaquer nos jeunes.
Derrière cela, des cartels internationaux organisés et de gros calibre qui ont profité de l’effondrement de l’autorité publique pour pénétrer davantage le marché tunisien. Aujourd’hui, la consommation de stupéfiants est devenue un fléau hyperdangereux et incontrôlable. C’est même une nébuleuse qui implique beaucoup de malfaiteurs et leurs auxiliaires qui leur facilitent la tâche. Aujourd’hui, dans nos lycées et écoles, les jeunes ne sont pas confrontés seulement aux fléaux de l’exclusion, de la violence, de la délinquance ou du terrorisme, mais ils sont devant un « ogre » qui s’appelle drogue. Ça se vend, ça se propage, ça se vante même partout dans les lycées et dans les discussions sur les réseaux sociaux sans qu’il y ait une approche sécuritaire, judiciaire et sociale pour éradiquer ce fléau. Ceux qui minimisent le danger de la drogue en Tunisie en arguant que c’est un phénomène international impliquant de grandes structures oublient que l’on n’a ni les moyens, ni la force, ni également l’autorité publique pour le contrecarrer. Nos lois, nos moyens sécuritaires, en dépit des efforts des unités spécialisées qui font des miracles dans la lutte antidrogue, ne sont pas suffisants pour arrêter l’hémorragie et la propagation générale de la consommation et de la commercialisation des stupéfiants. Qu’on applique durement la loi, qu’on anticipe les manœuvres de ces réseaux criminels qui opèrent depuis plus de 30 ans sur nos territoires. Le phénomène gagne en ampleur, et, malheureusement, la démission des parents, de la famille et surtout de l’Etat à travers ses lois et ses organes ne fait qu’attiser le feu. Parlons aussi de ces fausses stars que l’on fabrique et idolâtre sur les réseaux sociaux et qui donnent le mauvais exemple en encourageant et en poussant les jeunes à consommer de la drogue. Nous sommes dans une étape critique dans ce problème tabou qu’on essaye de dissimuler on ne sait pour quelle raison. Et pourtant, cela fait des années que la sonnette d’alarme a été tirée, que l’on voit de plus en plus nos jeunes se diriger vers les stupéfiants durs et commettre les crimes les plus odieux sous l’effet de la drogue. N’est-il pas temps de rattraper ce retard à tous les niveaux ? N’est-il pas temps de démanteler les réseaux et les parrains qui protègent l’importation et la commercialisation de la drogue en Tunisie ? On attend toujours que le gouvernement et les décideurs politiques fassent de cette lutte contre la drogue une lutte sacrée et sérieuse.