Finalement, les salaires de la fonction publique entre fonctionnaires et salariés des entreprises publiques ont été versés avec un certain retard, notamment pour les enseignants. Cependant, on ne comprend pas toute cette polémique et ces diatribes ici et là comme si c’était la première fois que l’Etat usait de ses ressources propres à travers des comptes postaux ou les banques publiques pour honorer ses engagements financiers. Cela se faisait peut-être moins, mais même avant 2011 des entreprises publiques rentables et ayant du cash finançaient d’autres sociétés déficitaires ou finançaient tout court les engagements publics. Ce n’est pas la peine vraiment d’en rajouter à ce climat désespérant et tendu. On est tous conscients des difficultés économiques de notre pays. Les finances publiques sont déséquilibrées avec des engagements à court terme et des caisses vides, à part les rentrées fiscales. Cela dit, pour se relancer, il faut un bouquet de décisions à court terme qui vont en même temps avec une définition de nouvelles orientations pour réformer (et très vite) les approches économiques. Parler pour ne rien dire, affoler les gens, comme le font certains faux experts qui font plus qu’alarmer, ne sert à rien. Ils sèment le doute, ils enfoncent le clou et manipulent l’opinion publique, à travers des scenarii des plus horribles et effrayants que les simples citoyens prennent au pied de la lettre. Au lieu de proposer des solutions concrètes, au lieu de parler des millions de dinars spoliés avant et après 2011 (et qui peuvent — s’ils sont récupérés par l’Etat — diminuer le déficit budgétaire), ils ne font que nous rappeler ce tableau noir que tout le monde connaît. Finalement, en quoi c’est utile de chercher comment les salaires ont été honorés ? Une chose est sûre, rien ne plaît en ce pays.
Le vrai débat, c’est de préparer des programmes de réforme pour les entreprises publiques perdantes et alourdies par la masse salariale sans qu’il y ait la productivité et la rentabilité nécessaires. Le vrai débat, c’est autour des idées et des décisions à discuter avec le FMI le plus tôt possible pour bénéficier d’un financement conséquent qu’on devra verser non dans le paiement des salaires et des engagements à court terme, mais dans l’investissement public et dans des plans de relance des secteurs exportateurs (tels que les mines). Et l’on pense que le Président Saïed doit mieux agir et éviter cette lenteur et ce flou dans ses politiques. C’est maintenant qu’on doit mettre en application le projet d’amnistie pour ceux et celles qui ont spolié et extorqué les biens et les deniers publics depuis plus de trente ans et jusqu’à aujourd’hui. Saïed doit changer de stratégie car le temps presse. Il n’y a pas que le FMI pour alimenter les caisses de l’Etat, il y a aussi d’autres viviers qui demandent de l’autorité et une administration et des textes plus souples pour sauver les secteurs sinistrés et encourager les petits et moyens investisseurs qui, eux, créent des postes d’emploi. C’est ainsi que nous pourrons voir le bout du tunnel, et non les palabres inutiles sur les plateaux radio et télévisés qui ne font qu’attiser le feu.