Perturbations au niveau de l’approvisionnement en semoule de blé dur : Une crise du pain à l’horizon ?

Le ministère de tutelle ne compte pas lever la subvention des produits alimentaires de base dont entre autres le pain. Par contre, il insiste sur la poursuite des opérations de contrôle économique afin de lutter contre toute forme de spéculation et de fraude.

Depuis des mois, sinon des semaines, la rumeur sur une pénurie supposée de pain avait circulé comme une traînée de poudre, faisant ainsi boule de neige. De l’intox ou de l’info, peu importe ! La réalité est qu’il y a, certes, des perturbations signalées au niveau de l’approvisionnement en semoule de blé dur. Tant il est vrai que quatre navires marchands chargés de blé, d’orge et de farine, ont été, depuis des semaines, bloqués aux larges de Kerkennah sans pouvoir accoster au port commercial de Sfax pour décharger leurs cargaisons en raison de l’incapacité de l’Office des céréales de payer la marchandise importée. Une situation jugée inédite, puisque ce blocage s’est érigé, ces derniers temps, en phénomène récurrent observé dans nos ports commerciaux à La Goulette, à Bizerte et à Gabès, avaient, alors, rapporté des sources syndicales relevant dudit Office.

Déclarations

Y a-t-il une crise du pain à l’horizon ? Force est de constater qu’un certain bruit court dans les coulisses des boulangeries. Mais aussi un remue-ménage qui a gagné des quartiers et des régions, faisant planer des incertitudes sur la suffisance du pain, ce produit alimentaire de grande consommation en Tunisie. Soit 8 millions de pains subventionnés sont quasi-quotidiennement fournis par plus de 3 mille boulangeries classées à travers les différentes régions du pays, selon les statistiques du ministère du Commerce. Quantité reconnue être suffisante pour subvenir à nos besoins. Pourtant, rien ne semble rassurant. Y a-t-il encore de quoi craindre ? Abdelkarim Ben Mehrez, président du Groupement professionnel de l’industrie de la boulangerie et de la pâtisserie de la Conect, a averti contre une probable pénurie de semoule, pouvant entraîner la fermeture d’un grand nombre de boulangeries. D’après lui, une crise avérée pèse sur le secteur.

Contre-déclarations

Dans une déclaration faite à une radio, Ben Mehrez a révélé que la ministre du Commerce a induit en erreur l’opinion publique, en affirmant que les boulangeries ont le droit d’augmenter le prix du pain sans mentionner la hausse des prix de la farine par le ministère. Selon lui, l’Etat n’aucune intention d’agir en connaissance de cause. Et puis, à l’en croire, si rien n’est fait, la baguette sera vendue à 300 millimes. En ces temps où règne la misère sociale, une telle majoration pourrait être perçue comme un cheveu sur la soupe. Mais les propos de M. Ben Mehrez ne sont que des pronostics jusqu’ici infondés. Voire des allégations, a priori, démenties par la Chambre nationale des propriétaires de boulangeries. Son président, Mohamed Bouanane, ne prévoit, quant à lui, aucune pénurie. C’est ce que vient aussi d’affirmer le président de la Chambre régionale des boulangeries de Béja, Sadok Habboubi. Certes, il y avait un manque au niveau de l’approvisionnement en semoule de blé dans la région, mais cela n’est guère un signe avant-coureur d’une pénurie de pain à l’horizon.

Mais il s’agissait, à ses dires, de fausses alertes lancées par des boulangeries non classées. «Et ce sont elles qui ont intentionnellement diffusé ces rumeurs», assène-t-il. Autant dire une crise montée de toutes pièces. Pourquoi ? Parce que, semble-t-il, l’augmentation des prix du pain est censée servir leurs intérêts. Toujours est-il que cette catégorie de boulangeries est pointée du doigt. Le ministère du Commerce n’a pas manqué de lui imputer la responsabilité. Ces boulangeries, autorisées à préparer du pain spécial et de qualité supérieure dont le poids ne dépasse pas les 150 g, ont fréquemment violé la législation relative à la fabrication et la commercialisation du pain en vigueur.

L’Office réagit !

Rappelons que le ministère de tutelle ne compte pas lever le régime de subvention sur les produits alimentaires de base dont entre autres le pain. Par contre, il insiste sur la poursuite des opérations de contrôle économique pour la lutte contre toute forme de spéculation et de fraude. Cela est d’autant plus rassurant que l’Office des céréales avait annoncé que les stocks régulateurs de céréales couvrent nos besoins jusqu’à la mi-février. Il vise encore loin : il continue à s’en approvisionner d’ici à l’été prochain, grande saison de la récolte du blé.

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