Par sa recommandation n°204 sur la transition de l’économie informelle vers l’économie formelle, adoptée par la Conférence internationale du travail (CIT) en juin 2015, on avait officiellement adopté une résolution relative aux mesures visant à faciliter la transition de l’économie informelle vers l’économie formelle. Sur la période allant de 2016 à 2021, cette stratégie stipule que la formalisation est une voie obligée, inévitable et incontournable, elle doit être conforme aux normes internationales et doit converger vers le travail décent et le développement inclusif. Malgré la grande diversité des situations d’informalité, cette stratégie doit tenir compte des spécificités des contextes nationaux et des priorités des gouvernements en place.
La recommandation 204 propose, à cet effet, trois axes principaux, à savoir : faciliter la transition des travailleurs et des unités informelles vers l’économie formelle tout en respectant les droits fondamentaux des travailleurs, à savoir la sécurité et la permanence des revenus de subsistance et ceux des entrepreneurs, promouvoir la création d’emplois décents, leur préservation et leur pérennité dans le secteur formel, tout en garantissant la cohérence entre les politiques macroéconomiques d’emploi, et la protection sociale des travailleurs, et prévenir et empêcher l’informalisation des emplois formels existants. Le cadre général de cette stratégie devra être le respect des droits fondamentaux des travailleurs, la promotion de l’égalité des sexes avec une attention particulière aux couches sociales les plus vulnérables.
Tout en étant convaincus que l’exercice d’un travail dans l’informel n’est pas un choix délibéré, mais plutôt le résultat de l’absence et de l’insuffisance de travail dans le secteur structuré ; la recommandation 204 suggère aussi de préserver et d’améliorer les moyens de subsistance existants dans le secteur informel, ainsi que le potentiel entrepreneurial, les compétences et la créativité de ceux qui exercent dans des activités informelles qui ont accumulé une expérience et un savoir-faire.
Avec un large éventail des moyens d’action, la stratégie intégrée devra pouvoir assurer une coordination avec les institutions existantes en vue d’offrir des opportunités d’emplois et de revenus, de promouvoir le droit des travailleurs et de leur assurer une protection sociale. Par ailleurs, il faut garantir aux travailleurs informels la liberté d’association, le droit de négociation collective, la possibilité de coordination avec les organes gouvernementaux. C’est pourquoi, les organisations des travailleurs (syndicats des ouvriers) et d’employeurs (patronat) auront un rôle capital dans cette stratégie.
La critique qu’on peut adresser à cette stratégie est son caractère très général. En effet, elle ne tient pas compte des spécificités et de l’hétérogénéité des niveaux de pauvreté dans les pays sous-développés.
Proposer un travail “décent”, une protection sociale des travailleurs dans des pays où des enfants âgés de 10 à 15 ans travaillent jusqu’à 10 heures par jour pour un salaire ne dépassant pas un dollar/jour (Inde par exemple) n’a aucun sens. Et donc, les objectifs de la recommandation 204 sont chimériques et ne peuvent être atteints dans des pays où les régimes politiques sont dictatoriaux et où la corruption au plus haut niveau profite de l’exploitation d’une main-d’œuvre bon marché et non encadrée par des syndicats.