Pour Ferid Belhaj, vice-président de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, une communication bien ficelée, qui met l’accent sur les réformes qui vont permettre de libérer l’entreprise privée et faire sauter les contraintes à l’investissement, est la clé de voûte des transformations profondes dont a besoin la Tunisie.
Briser l’immobilisme qui a prévalu au cours de toute une décennie est une tâche qui n’est pas de tout repos. Pourtant, la Tunisie, malade d’une croissance molle, d’un modèle de développement essoufflé, d’un environnement des affaires qui bride toute initiative, a besoin de réformes. Il faut se rendre à l’évidence : il n’y a plus de marge de manœuvre pour jouer la montre ou faire du surplace. Le pays doit engager les transformations nécessaires. Et le gouvernement doit justement réussir ce pari : casser l’immobilisme et passer à l’action. La conjoncture économique et financière, bien que difficile, est propice à ce nouvel élan et changement de cap. Les priorités ont été, bel et bien, définies. Il s’agit de la refonte de la politique budgétaire, de réformes structurelles impliquant, notamment, l’assainissement du climat des affaires, outre la réforme des politiques monétaire et fiscale. Et pour les bailleurs de fonds et beaucoup d’économistes et d’observateurs économiques, l’heure de revoir le rôle et la place de l’Etat dans l’économie a sonné. La voie pour renouer avec une croissance vigoureuse a été montrée. Comment peut-on alors réussir ces vastes chantiers qui attendent le gouvernement ? Quels sont les gages de réussite des transformations structurelles?
La volonté d’aller de l’avant
Pour Ferid Belhaj, vice-président du groupe de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, la communication est la clé de voûte des réformes profondes en Tunisie. Dans une déclaration accordée à La Presse, en marge de la conférence «Dix ans après le printemps arabe : éviter une autre décennie perdue», qu’il a donnée, vendredi 18 février, au laboratoire d’Intégration «économique internationale de la Faculté des sciences économiques et de gestion de Tunis, Belhaj a fait savoir qu’il est important de rétablir l’équilibre des finances publiques. «Il y a des réformes qui vont mener vers plus d’équilibre des finances publiques. C’est très important parce que c’est cela qui va permettre de donner plus de confiance aux investisseurs, mais aussi de relancer la machine économique», a-t-il précisé. Il a ajouté que le déficit de communication est le plus grand problème qui s’érige en obstacle aux réformes économiques. «Les gages de réussite des réformes, c’est la volonté du gouvernement et la volonté de l’Etat d’aller de l’avant sur ces réformes-là. Mais aussi plus de communication sur la nécessité d’aller dans ces transformations-là», a-t-il indiqué. M. Belhaj a affirmé que, sur le plan communication, il serait judicieux de mettre l’accent sur les réformes et les mesures qui n’ont pas un coût social et qui ont un effet d’entraînement sur toute l’économie, à l’instar de la mise à niveau du port de Radès ou la libération de l’investissement. «A mon avis, le grand problème que nous avons aujourd’hui, c’est un déficit de communication. Tout ce qu’on entend, c’est le coût social des réformes et la colère de la rue qui va en découler. En réalité, dans la situation où nous sommes, les choses ne se font pas du jour au lendemain. Il faut aller sur ces réformes, pour être spécifique sur des questions qui vont libérer plus l’entreprise privée. On a parlé du port de Radès, on a parlé de la nécessité d’enlever toute une série de contraintes à l’investissement. Normalement, tout cela ne coûte rien à l’Etat, au contraire il en amènera beaucoup plus de revenus, plus de confiance et libérera plus la voie aux investisseurs. Il faut du courage politique, il faut plus de communication», a-t-il conclu.