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Un dérapage, des enseignements

Editorial La Presse

Quand la pagaille s’installe dans la vie quotidienne, quand le sentiment d’impunité s’érige en valeur absolue et quand on banalise les phénomènes les plus étranges et on considère les catastrophes comme faisant partie de notre vécu de tous les jours au point de ne plus s’en étonner ou au moins d’en tirer les enseignements appropriés, il n’est plus surprenant de voir se succéder, à un rythme de plus en plus soutenu, les accidents de la circulation, les actes de violence à l’encontre des femmes aussi bien sur leur lieu de travail que dans la rue ou les transports publics, le harcèlement sexuel que subissent nos femmes partout où elles se trouvent, les bourdes et les dépassements commis à l’encontre des enfants, des élèves, voire des étudiantes dans certains établissements de l’enseignement supérieur.

Et avec ces commissions d’enquête à n’en plus finir dont les conclusions ne sont jamais publiées, les Tunisiens ont désormais le sentiment que l’aura de l’Etat et les pouvoirs dont disposent les autorités publiques dans le but d’imposer le respect de la loi ne sont plus de mise et qu’il n’est plus possible d’éradiquer les phénomènes étranges ou au moins en atténuer les dégâts.

L’exemple le plus frappant et le plus expressif sur ces phénomènes est bien celui de la succession effrayante des accidents de la circulation entre les trains de la Société nationale des chemins de fer tunisiens! Avec le rythme qu’ils ont pris ces dernières années, les Tunisiens s’y sont tellement familiarisés que les communiqués publiés souvent par la société ne valent plus, auprès de l’opinion publique, que par le nombre de morts qu’ils engendrent.

Ainsi, l’inquiétude, la peur, voire la frayeur, suscitées auparavant par ce genre de malheureux événements constituent-elles maintenant des souvenirs d’une époque révolue.

Faut-il rappeler à ceux parmi les responsables qui se sont enlisés dans l’impunité, le relâchement général et la démission permanente que dans les pays démocratiques qui se respectent et respectent leurs opinions publiques, quand surviennent de telles catastrophes et qu’elles se suivent et se ressemblent, le système politique, dans sa totalité, est menacé de chuter et ceux qui en sont responsables ont le courage et l’audace de reconnaître leurs erreurs et de les réparer en démissionnant.

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