LES observateurs, les analystes et les politologues, toutes appartenances et tendances confondues, ont beau suivre quotidiennement à la loupe les petites phrases de Noureddine Taboubi, les déclarations clivantes de Rached Ghannouchi et de ses alliés de circonstance, les explications et réactions auxquelles se livre, à un rythme quasi-quotidien, le Président de la République, Kaïs Saïed, ainsi que les discours savants que répercutent, tous les jours, les experts de tous bords et de toutes spécialités, les Tunisiens ont toujours, cependant, soif de solutions qu’ils attendent aux problèmes qu’ils affrontent dans leur vie de tous les jours.
Et s’il y a une catastrophe face à laquelle les Tunisiens, autorités publiques en premier lieu, se déclarent, désormais, impuissants, c’est bien celle de l’amoncellement des déchets domestiques dans les rues de toutes les villes du pays, au vu et au su de tout le monde, au point que nos cités sont devenues de véritables dépotoirs.
En parallèle, même si quelques voix osent s’élever encore pour dénoncer la démission enrageante des autorités censées gérer la problématique des ordures ménagères, on a le sentiment — ayons le courage de l’avouer — que certaines parties, principalement celles en charge de gérer la situation, ont bel et bien décidé de signer un pacte de normalisation avec les ordures qui envahissent nos cités et font, qu’on l’accepte ou qu’on persévère à le dénoncer, partie intégrante de notre vécu quotidien et constituent une réalité avec laquelle l’on est obligé de traiter, de cohabiter et de considérer comme un fait ordinaire.
Certes, les écologistes et les militants de la société civile qui ont supplanté de facto les municipalités en lançant des campagnes de sensibilisation et de collecte citoyennes des ordures n’ont pas déchanté encore et se mobilisent toujours dans l’objectif de préserver nos cités contre ce fléau ravageur dont les dégâts touchent tous les secteurs et n’épargnent personne.
Il reste, cependant, que la mission des autorités publiques, notamment les municipalités et le ministère de l’Environnement, demeure primordiale dans l’imagination des solutions radicales à cette catastrophe et dans leur mise en application sur la base d’une stratégie nationale qui prendra en considération certaines priorités dans le sens où plusieurs régions dans le pays doivent bénéficier d’une intervention urgente. Ce qui ne veut nullement dire que d’autres régions peuvent attendre encore. L’essentiel, aujourd’hui, est de réagir dans l’immédiat.