Les industriels qui ont placé la barre plus haut comptent porter les exportations à 40%. Certainement, ils  se frottent les mains à l’idée de pénétrer le marché africain où 90% des médicaments sont importés. Mais pour développer des rameaux vigoureux, il faut fortifier les racines. Car, malgré sa performance, le secteur souffre de plusieurs difficultés qui étouffent son élan.

L’industrie pharmaceutique est un secteur d’excellence qui, grâce à la clairvoyance de ses premiers bâtisseurs ainsi qu’aux efforts incitatifs et d’encouragement de l’Etat, a pu se développer et devenir, au bout de quelques dizaines d’années, une industrie stratégique pour la sécurité sanitaire du pays. La crise Covid n’a fait que mettre sous les feux de la rampe une industrie locale résiliente, performante et porteuse d’avenir. Au fil des années, un noyau d’une trentaine d’unités de production s’est construit et constitue désormais une rampe de lancement pour une industrie à valeur ajoutée plus importante.

Le secteur emploie quelques dizaines de milliers de personnes, en majorité des diplômés universitaires. Il est également considéré comme étant pourvoyeur de devises puisque la part des exportations a dépassé, en 2021,  21% de la production nationale.

Les principales réformes transformées en feuille de route

Les industriels qui ont placé la barre plus haut comptent porter les exportations à 40%.  Certainement, ils  se frottent les mains à l’idée de pénétrer le marché africain où 90% des médicaments sont importés. Mais pour développer des rameaux vigoureux, il faut fortifier les racines. Car, malgré sa performance, le secteur souffre de plusieurs difficultés qui étouffent son élan. Un système de prix très peu flexible qui grève la production dans un contexte de forte instabilité des coûts, une gouvernance morcelée du médicament et surtout des délais de mise sur le marché qui s’étirent. Le Pacte Pharma, qui a été annoncé en 2019, pour justement venir à bout de tous ces problèmes, est resté lettre morte. L’instabilité gouvernementale serait la principale cause qui a retardé  sa signature. Mais les différents intervenants ne sont pas restés les bras croisés et ne ménagent pas leurs efforts pour faire bouger les lignes.  Selon Zied Jardak, secrétaire général de la Chambre nationale de l’industrie pharmaceutique Cnip, les principales réformes revendiquées par le secteur  ont été transformées en feuille de route. Un comité de pilotage verra bientôt le jour pour veiller sur la mise en œuvre du pacte.  Et les engagements émis par les industriels sont désormais sur la bonne voie. D’ailleurs, il affirme que d’autres réformes  telles que la création d’une agence de médicaments et la mise en place d’un comité de prix sont en cours de discussion même si elles ne sont pas encore concrétisées. Idem pour la compensation, qui, selon lui, pose problème au niveau des médicaments importés, pèse lourd sur la Pharmacie centrale et entrave l’accès au marché pour les médicaments fabriqués localement: une première révision a été discutée, en attendant la signature du pacte.

Des mesures qui font l’unanimité

Rappelant  la logique sur laquelle le pacte a été bâti, Jardak a indiqué que ce document  repose sur 5 leviers prioritaires, à savoir la gouvernance, l’intégration de la Recherche et Développement, l’infrastructure, la promotion et la formation. Ces leviers portent sur dix axes prioritaires réalisables à court et à moyen termes. Pour les axes  court termistes, ils sont au nombre de quatre et concernent principalement la gouvernance. Il s’agit d’optimiser les  délais d’AMM, de réformer  le système du prix des médicaments, d’optimiser  la compensation et de créer une agence du médicament.  “Ces mesures font l’unanimité de tous les intervenants”, commente-t-il.

S’agissant des actions moyen-termistes, elles  concernent les autres leviers, à savoir : la RD, l’infrastructure, la promotion et la formation. Le secrétaire général de la Cnip précise qu’elles comprennent, entre autres, le développement des médicaments issus de la biotechnologie et son cadre d’achat, la création d’une plateforme dédiée à la recherche et développement, la création d’un fonds pour le développement des industries pharmaceutiques, le développement des essais cliniques et des essais précliniques comme services à l’export, le soutien direct à l’exportation (rehausser l’objectif des exportations à 40% de la production locale sur un délai de 5 ans), la mise en place d’une passerelle pour la création d’un système de formation adéquat et co-construit basé sur les vrais besoins de l’industrie pour rompre avec le décalage entre la formation et le marché d’emploi et l’augmentation de  la couverture nationale en chiffre d’affaires de 54% à 64%. Il est clair que les objectifs chiffrés du pacte illustrent  le potentiel de l’industrie locale. Il n’en demeure pas moins  qu’il reste  du pain sur la planche pour hisser la performance ainsi que la valeur ajoutée du secteur à un niveau supérieur.

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Un commentaire

  1. Maghzaoui

    29/04/2022 à 17:12

    Bravo pour la rédaction du texte, très bien écrit !

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