
Les amateurs du verre à moitié plein y verront un excellent (0-0) au terme d’une rencontre engagée. Les autres, un match que le Club Africain aurait sans doute mérité de gagner. Au final, c’est un leader en gestation qui laisse finalement le CA à distance «respectable» au classement.
Assez bon dans les intentions et dans l’intensité, mais trop juste dans la production et dans la finition, le Club Africain n’a finalement récolté qu’une parité face au leader «sang et or». Un point frustrant face à une Espérance inconstante, mais mesurée. Il faut dire que dans sa dynamique des deux dernières journées du play-off, l’EST n’a certes pas flambé, mais elle ne repartira pas les mains vides, un point ayant suffi à son bonheur à Radès. Le derby aller des play-offs a donc vécu et l’on n’en gardera pas un souvenir impérissable. Pourquoi ? Parce qu’au-delà du nul vierge qui a sanctionné les débats, pour un match spectaculaire, il faut être deux. Mais là, si l’EST a tantôt monopolisé et fait circuler le cuir sans se projeter, le CA, à son tour, voulait jouer en transition rapide pour surprendre, sauf qu’il a manqué de lucidité et de clairvoyance dans ses amorces comme dans ses rushs.
Pour le CA, tout se résume à cette incapacité à perforer et à percer avec cette acuité qui bouscule et déstabilise. Jouer de l’avant, dans la profondeur, face au bloc-haut parfois de l’EST, il y avait moyen de monnayer, de traverser et de franchir. Mais encore fallait-il y apporter de l’adresse, de la maîtrise, bref du brio. Pour le CA de dimanche dernier, il n’y avait pas à proprement parler de certitudes tactiques à bazarder dans un match où l’envie, l’appétit, la détermination et le désir d’en découdre valent plus que tout plan, approche tactique où stratégie de jeu. Et le CA l’a d’ailleurs admis et conçu en plantant d’entrée et quasiment tout le temps ses dents dans le gazon. La suite ? De l’intensité, une volonté de jouer partagée, d’occuper les espaces de partout. En somme, un match de détails et de gestion pour un CA qui, au final, a cherché 90’ durant à faire tomber l’EST sans y parvenir.
Dommage aussi pour ce fabuleux public clubiste venu en très grand nombre (selon la jauge définie). Avec son festival pyrotechnique et son concert de pétards incessants, le public clubiste voulait «hurler à l’extinction» du rival honni vers la fin, dans un stade en ébullition que la Curva Nord a drapé de ses plus beaux apparats, tout en donnant le plus de voix possible, pour un match dont l’enjeu n’est un mystère pour personne parmi les Clubistes présents: cette saison plus que jamais, l’EST est l’équipe à battre, à abattre même ! En vain toutefois, c’est partie remise même si tout ce contexte précité promettait une affiche aussi explosive sur le terrain qu’en tribunes d’ailleurs.
Intensité contre maillage resserré
L’intensité conjuguée au manque de solutions : voilà ce qui définit le CA après le déroulé du match face à un adversaire quelque peu moribond dans le jeu malgré des résultats positifs (leadership consolidé). Match nul, sans but donc même si ce CA-là a semble-t-il, retrouvé sa fureur d’antan, à l’image d’un Ahmed Khélil omniprésent, vigoureux et valeureux au cœur du réacteur clubiste.
A Radès, le CA a raté le coche face à l’EST. Un CA enthousiasmant et qui a mis dans ce match une intensité qui a perturbé des «Sang et Or» en difficulté face à un bloc adverse énergique à défaut d’être organisé. Sauf que, malgré des statistiques avantageuses et des attaques souvent lancées par de grandes enjambées de ses solistes (Dhaouadi et Chamakhi), le CA s’est finalement heurté au maillage très resserré de l’EST. Reparti à plusieurs reprises avec la même énergie, le CA a, certes, poussé, mais l’EST n’a jamais douté et surtout n’a pas craqué.
Dimanche cependant, dire que l’EST a souffert en fin de match est un doux euphémisme : prostrés vers la fin devant leur surface, les «Sang et Or» ont encaissé les vagues sans être capables de riposter, et ce, même si globalement, ils n’ont pas rendu une copie bâclée. Jusqu’au bout, le CA aura poussé, tenté, gratté les ballons dans les pieds des «Sang et Or» inexpressifs et fait espérer les travées du stade Hamadi-Agrebi.
Les amateurs du verre à moitié plein y verront un excellent (0-0) au terme d’un match engagé. Les autres, un match que le Club Africain aurait sans doute mérité de gagner…
crédit photo : © Mokhtar HMIMA