Développer une production nationale des cultures oléagineuses permettrait une économie substantielle de devises et participerait à réduire la dépendance aux importations.
Au Maghreb comme dans le reste du monde, l’augmentation de la demande en tourteaux et huiles de graine est une tendance structurelle. Elle serait liée aux évolutions démographiques ainsi qu’aux pratiques alimentaires des populations. Les chocs auxquels les marchés mondiaux des oléagineux (soja, colza, tournesol) sont confrontés, ces dernières années, font peser un risque sur les pays déficitaires, comme en 2020, avec une rapide hausse des prix à la suite des perturbations provoquées par la pandémie de Covid-19, ou plus récemment encore avec la guerre en Ukraine.
Une hausse des prix inédite
Ce conflit a provoqué de multiples perturbations sur les chaînes d’approvisionnement et d’exportation en provenance d’Ukraine et de la Mer Noire, notamment de graines oléagineuses, entraînant une hausse des prix inédite et faisant peser un risque de pénurie et des difficultés financières dans certains pays situés sur le pourtour méditerranéen. Aujourd’hui, le Maroc, l’Algérie et la Tunisie connaissent un important déficit en huiles alimentaires et tourteaux puisque la quasi-totalité des besoins des trois pays sont couverts par les importations.
Et face à la volatilité des marchés mondiaux des oléagineux, la question de la souveraineté en huiles et protéines végétales au Maghreb représente un enjeu de taille. C’est face à ce constat inquiétant que l’Institut national des grandes cultures (Ingc), Carthage Grains, l’Association pour l’agriculture durable (Apad) et l’Association de coopération française pour le développement à l’international des filières oléo-protéagineuses (Agropol) ont pris l’initiative d’organiser « Les Rencontres Maghreb oléagineux ». Cette première édition, qui se tiendra à Tunis du 16 au 18 mai 2022 sous le patronage du ministère de l’Agriculture, aura pour thème « Pour une souveraineté alimentaire en huiles et protéines végétales ».
Le Maghreb importe 90% de sa demande
En effet, le Maghreb importe 90% de sa demande en huiles et protéines végétales (principalement l’huile et le tourteau de soja). Pourtant, il existe des alternatives comme le colza ou le tournesol qui, si elles sont cultivées localement, permettraient non seulement la production d’huiles végétales destinées à l’alimentation humaine, mais également de tourteaux utilisés pour l’alimentation des animaux d’élevage (principal facteur du coût de la viande, du lait et des œufs). Et donc, développer une production nationale de ces cultures oléagineuses permettrait une économie substantielle de devises et participerait à réduire la dépendance aux importations. A cet égard, la souveraineté alimentaire est renforcée tout en injectant de la valeur dans les économies nationales et plus particulièrement dans les zones rurales.
Notons que l’objectif principal des Rencontres Maghreb Oléagineux est de permettre aux participants d’échanger sur leurs expériences respectives et de construire des liens de coopération propices à l’émergence de solutions, dans le but de contribuer au développement de filières oléagineuses durables dans la région. Cet événement vise aussi à apporter des réponses à ces problématiques communes à tout le bassin méditerranéen, tout en regroupant les acteurs algériens, marocains, tunisiens et français des filières d’huiles et protéines végétales.