1ère édition du festival de la laine à Tajerouine : Une tradition qui vaut bien une messe

Comme la saison des moissons, la tonte des moutons est devenue un festival à part entière. Elle revêt un aspect à la fois folklorique, culturel et économique. Soit un pan de l’histoire qui consacre un esprit d’entrepreneuriat classique et inspire les valeurs de solidarité et de vivre-ensemble.

La saison de tonte a bien commencé à Tajerouine au Kef, donnant lieu à son premier festival de la laine, célébré le week-end dernier dans une liesse populaire. Ce fut, ainsi, un véritable carnaval local, où éleveurs, tondeurs et artisans, réunis à l’espace d’animation T’d’Art dans la région, ont eu l’occasion de s’exposer et de s’ouvrir sur une filière à fort potentiel économique et touristique. Laine Friga, comme on aime l’appeler ainsi, est aussi une activité tout bonnement héritée, marquée du sceau d’un legs ancestral et d’un imaginaire social et populaire. Voire un secteur qui vaut bien la messe.

La laine dans tous ses états

Comme la saison des moissons, la tonte des moutons est devenue un festival à part entière. Elle revêt un aspect autant folklorique et culturel qu’économique. Soit un pan de l’histoire qui consacre un esprit d’entrepreneuriat classique et inspire les valeurs de solidarité et de vivre-ensemble. A Tajerouine, la laine vaut son pesant d’or, en mesure de stimuler l’investissement et de générer les opportunités d’emploi. Si volonté il y a, rien n’empêche de faire de cette activité une source de richesse, à bien des égards. Artisanes et artisans le savent bien, sauf que les structures d’appui financier sont appelées à faire bouger les lignes. Cette première édition n’est qu’un avant-goût d’autres qui se bonifieront sous doute au fil des ans.

Déjà, la toison ovine, elle, est en passe d’améliorer le sort. Car la qualité fait la différence et pèse dans le marché de laine. Donc ce premier festival revêt à la fois une dimension économique et festive. Dans un concours, les tondeurs ont fait preuve de virtuosité et d’une certaine maîtrise professionnelle. Leur effort fut généreusement récompensé. Couper à ras la toison est une technique de régénération pour la fabrication de la laine. Son cardage est nécessaire pour un bon tissage. En fait, tous ces procédés vont de pair, sur fond d’un rituel festif bien ancré dans le temps. Au festival, une telle tradition a été mise en valeur et s’est déroulée dans une ambiance folklorique tout en musique et en dégustation des mets du terroir. Des artisanes chantent leur propre répertoire patrimonial. Dans pareille occasion, l’art culinaire keffois est toujours omniprésent. Et voilà que la laine est plus qu’un festival.

Tourisme et artisanat indissociables

Toutefois, cette activité s’est réduite à son aspect artisanal, sans la doter des moyens de son évolution. Tondeuses électroniques, à titre d’exemple ! D’autres privilèges incitatifs seraient de nature à lui apporter une valeur ajoutée. Surtout que le gouvernorat compte près de 500 mille têtes d’ovin, produisant environ 750 tonnes de laine, soit 8% du marché national. Alors que le fil de laine y représente environ 25%. Toujours est-il que la matière première continue à poser problème, ce dont souffrent les artisans locaux. D’où il est temps de faire la promotion du secteur. Le klim keffois en a énormément besoin, d’autant plus que son tissu fabriqué en fil de laine précieux n’est pas assez valorisé et encore moins commercialisé. Ainsi toute une chaîne de valeur s’impose-t-elle. Création et innovation étant un levier de son développement.

Inaugurant cette première édition, le ministre du Tourisme, Mohamed Moez Belhassine, a rappelé que son département œuvre à l’élaboration d’une stratégie de promotion de l’artisanat tunisien, secteur qui contribue à hauteur de 6% du PIB et génère environ 350 mille emplois. Toutefois, ce métier ancestral a du mal à se relever, faute de matière première nécessaire et de valorisation. L’artisanat local doit retrouver son éclat. Le klim keffois a fait l’objet d’un concours alliant créativité et authenticité. Car des artisans et des jeunes concepteurs concourent à redorer son blason. Tonte de laine, klim keffois, produits du terroir, sites archéologiques, patrimoine matériel et immatériel, Tajerouine a tout pour devenir une destination écotouristique. Le tourisme alternatif y aura aussi la chance de prospérer. Une vocation à laquelle on doit accorder plus d’intérêt. Soit le tourisme autrement ! Nous y reviendrons.   

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