Forum PetroAfrica 2022 : Faire face aux défis énergétiques

L’avenir énergétique de la Tunisie dépend fortement de sa transition vers les énergies renouvelables. Le déclin des champs, la croissance incessante de la demande énergétique ainsi que l’urgence climatique ne laissent pas beaucoup de choix au pays.

Après un report de deux ans, le Salon international du pétrole, gaz, énergie et services «Petro Africa 2022» a été inauguré récemment, au Parc des expositions du Kram à Tunis, par la ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Energie, Neila Nouira Gongi. Se poursuivant jusqu’au 17 juin, «Petro Africa» a vu la participation de 120 exposants de divers pays africains, arabes et européens. La Salon a été également marqué par la tenue d’un forum scientifique qui a rassemblé d’éminents scientifiques et experts de l’énergie.

Regain d’intérêt pour le site Tunisie

Ouvrant le forum, Moncef Saïdi, directeur général du département stratégie et développement à l’Etap, a mis l’accent sur les défis énergétiques auxquels fait face la Tunisie dans un contexte mondial incertain marqué par les tensions géopolitiques (telles que le conflit russo-ukrainien), les sanctions qui touchent les exportations du pétrole ainsi que leurs répercussions sur le prix des hydrocarbures. L’approvisionnement du marché en produits énergétiques, la réponse aux besoins de développement économique, la transition énergétique sont autant d’enjeux à relever, affirme Saïdi. «La Tunisie, devant faire face à un déficit énergétique croissant depuis 2010, se trouve obligée d’exploiter toutes ses ressources disponibles en pétrole et en gaz pour réduire les répercussions financières de l’importation des hydrocarbures. Ceci est au cœur de notre mission à l’Etap. Nous sommes en train de déployer tous les efforts promotionnels, pour drainer les investisseurs et les inciter à explorer notre sous-sol», a-t-il ajouté.

Le responsable à l’Etap a fait savoir que l’amélioration de la situation sanitaire ainsi que la hausse du prix du baril de pétrole ont constitué un terrain favorable à la dynamisation des activités pétrolières au cours des derniers mois. Il a souligné que plusieurs sociétés internationales intéressées par les blocs libres disponibles viennent de visiter la Tunisie. Il a affirmé que, récemment, deux permis de recherche (Jebil et Bir Abdallah) ont été octroyés, alors que d’autres blocs sont en consultation. «Grâce à cette conjoncture favorable, l’Etap et ses partenaires travaillent sur de nouveaux projets de développement de champs d’hydrocarbure, à l’instar de Zarat, Cosmos… Toutefois, nous sommes en train d’étudier, avec nos partenaires, toutes les autres alternatives énergétiques, telles que les énergies renouvelables et l’hydrogène vert dans l’objectif de diversifier notre portefeuille et de participer à la transition énergétique du pays», a-t-il souligné.

Nouvelles politiques énergétiques

Présent lors de l’ouverture du forum, Rachid Ben Daly, directeur général des hydrocarbures au ministère de l’Industrie, de l’Energie et des Mines, a précisé que le salon constitue un événement incontournable, étant donné «le cadre d’échange qu’il offre et l’impression qu’il donne à l’activité économique et au secteur énergétique, en particulier». Ben Daly a indiqué que le paysage énergétique mondial se trouve aujourd’hui confronté à deux défis majeurs. D’un côté, la sécurité énergétique est remise sur le devant de la scène, surtout après le déclenchement du conflit entre la Russie et l’Ukraine et l’évolution du prix du baril qui en a découlé et qui demeure supérieur à 100 dollars. De l’autre, la transition énergétique s’affirme en tant qu’impératif, puisque la communauté internationale s’est engagée à limiter l’augmentation de la température à moins de 2°C et réduire l’intensité carbone de l’activité économique. Le responsable a ajouté que l’accélération du développement des énergies renouvelables pour la production de l’électricité apportera un double bénéfice à la Tunisie, étant donné que cela va permettre de réduire son empreinte carbone et de diminuer son déficit énergétique croissant ainsi que sa dépendance aux énergies fossiles. «La production nationale des hydrocarbures ne couvre qu’environ la moitié de nos besoins énergétiques. Et comme la demande énergétique ne cesse de croître (à peu près 3% pour le premier trimestre 2022), la Tunisie se trouve obligée d’importer ses besoins en gaz naturel, à partir de l’Algérie, à travers le gazoduc transméditerranéen. Tandis que ses besoins en produits pétroliers bruts et produits finis sont importés sur le marché international», a-t-il soutenu. Ben Daly a rappelé que le ministère est en train de travailler de concert avec une équipe d’experts émérites sur l’élaboration de la stratégie énergétique de la Tunisie à l’horizon 2035 qui sera disponible vers la fin du mois de juin. Il a fait savoir que la nouvelle politique énergétique se basera, essentiellement, sur la maîtrise de la demande énergétique, le développement des énergies renouvelables pour la production de l’électricité à une large échelle ainsi que sur la mise en place de solutions adaptées en matière d’efficacité énergétique dans les secteurs du bâtiment, des industries et du transport. «Nous sommes très engagés à apporter des réformes structurelles indispensables pour permettre à la Tunisie, à la fois de diversifier son mix énergétique et de mettre en œuvre sa transition énergétique», a-t-il indiqué.

De son côté, le président de l’Association tunisienne du pétrole et du gaz (Atpg), Nabil Smida, a, en somme, fait savoir que le Salon offre un cadre idéal pour tisser des partenariats, valoriser le positionnement de la Tunisie en tant que pays doté d’une industrie pétrolière (même si elle n’est pas un pays pétrolier) et échanger et débattre (à travers les forums scientifiques) des enjeux énergétiques et des profonds changements que connaît le secteur des hydrocarbures au niveau régional et mondial.

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