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Laissons parler les urnes

Editorial La Presse

Depuis que le projet de la nouvelle constitution a été publié au Jort, le débat ne cesse d’enfler.  Si ce projet enchante déjà les uns, il choque les autres et laisse perplexes les observateurs. Cependant, quel que soit le sentiment qu’on éprouve, on ne pourra que s’incliner devant le verdict des urnes, le 25 juillet prochain lors du référendum.  Certes, la mosaïque politique, tout comme les juristes et les constitutionnalistes, est loin d’être harmonieuse et il faut être dupe pour croire que les différentes sensibilités politiques vont barboter dans un bain de miel. Mais faut-il pour autant baisser les bras et se laisser gagner par le désespoir ? Au contraire, il faut accepter le résultat du référendum du  25 juillet prochain pour mieux aborder la phase qui va suivre. Car en démocratie, tout est possible. Il n’y a pas un seul choix, une seule voie. Un bon démocrate doit accepter le fait que des électeurs se détournent de lui et votent pour un choix qui n’est pas le sien. Et c’est ce qui se passera le 25 juillet 2022. Car ce n’est pas un autre peuple qui votera pour nous. C’est notre peuple, nos propres concitoyens et parmi eux nos frères, nos sœurs, nos parents. Mais si les résultats sont  dans quelques jours loin des attentes de ceux qui sont pour ou ceux qui sont contre, c’est qu’il y a des électeurs, et ils sont nombreux, pour ne pas dire la majorité, qui auront choisi de rompre avec les idées, les habitudes et les comportements du passé. Autrement dit, le peuple  choisira le changement quelle que soit l’issue du vote. Un changement de système politique, de discours et de style de gouvernement. N’oublions pas que pour cela, il a sacrifié la plupart des partis classiques sur l’autel des promesses « révolutionnaires », « islamistes » ou «populistes» en 2019.  Certes, ce changement est loin d’être rassurant étant donné la diversité des couleurs politiques où les hérauts des idées modernistes et centristes figurent en pole position. Mais il ne faut pas oublier que les gagnants seront dans l’obligation de mettre en œuvre le mandat qu’ils ont reçu du peuple au profit du peuple sans exclusion aucune.  Et parce que la Tunisie en a besoin, les uns et les autres devront s’acquitter de leur devoir dans un esprit d’union et de fraternité. Le pays a besoin de souffler, de respirer un air frais. Et on a besoin de reprendre espoir en des lendemains meilleurs pour que le pays reprenne des couleurs et retrouve sa superbe.  Car ce qui se passera le 25 juillet ne doit pas être perçu comme la victoire d’une Tunisie contre une autre. Mais encore une fois, une victoire, l’unique, non pas celles des hommes mais celle de la démocratie. Celle des valeurs qui nous unissent, celle de l’idéal qui nous rassemble. Il s’agit donc de tout mettre en œuvre pour que les Tunisiens, par-delà leurs partis, leurs croyances, aient toujours envie de se parler, de se comprendre pour que le pays se remette en mouvement. Ce vote ne doit pas être un alibi pour se laisser enfermer dans l’intolérance et le sectarisme. Au contraire, il faut qu’il nous pousse à nous ouvrir les uns aux autres, à ceux qui ont des idées différentes, à ceux qui ont d’autres convictions. Car c’est cela la démocratie et c’est porquoi elle ne doit pas nous faire peur.

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