Osmose Orient/Occident réussie : La Cité rêvée de Nabil Dridi

Sophonisbe est une femme qui a tatoué l’histoire de la Tunisie et renaît, le temps  d’une exposition, pour dire l’architecture de l’identité tuniso-tunisienne. L’exposition durera jusqu’au 15 juillet 2022.   

 N’ont jamais savouré les toiles de Nabil Dridi, ceux et celles qui n’ont jamais pensé la Tunisie comme femme généreuse,  ceux qui n’auront   point marié  leur attitude au monde à l’univers de Nabil Dridi, qui conçoit la Cité à l’image d’une femme tunisienne . 

 Les toiles de Nabil Dridi  sont exposées partout dans le monde  et nombreux sont les grands collectionneurs qui ont la fierté de disposer, dans leurs foyers, des toiles de Nabil Dridi .  

Nabil Dridi   est –il un artiste plasticien tunisien ?  

Comment répondre à cette question sinon en interrogeant son inscription dans le cours de l’histoire et de l’art pictural  en Tunisie ? 

Comment le définir sinon en essayant de décrypter tous les indices qui constituent  son  authenticité en tant que poïétique, qui s’inscrit en pendant d’une originalité tuniso- tunisienne, dans le magma de la  production plastique?

Des «traces» picturales datant déjà, d’un siècle, font que la peinture de chevalet est parvenue à devenir  tuniso-tunisienne et qui se veut le reflet d’un sentiment d’appartenance à cette nation, si ancrée dans l’histoire de l’humanité !  L’école  de Tunis ne fut, à mon sens,  qu’un pendant de l’école de Paris et ne peut que  consacrer une réelle continuité des arts plastiques, en Tunisie.  Le groupe des six vint mettre un frein à ce qu’on appelle un déracinement et Néjib Belkhodja s’attela à restituer, aux tunisien(ne)s , leur droit de contribuer à la production de la civilisation humaine .  Et l’architecture fût, cette relation organique entre l’existence de l’humaine condition et l’ensemble des besoins existentiels, en rapport avec les conditions du modus vivendi du Tunisien commun .  Le créneau de l’architecture est pertinent  dans la mesure où il consacre une intelligence avec l’environnement, conçu comme l’outil incontournable  de la conception d’une cosmogonie, inscrite dans l’aire du sentiment d’appartenance à cette nation.

Nation qui constitue un ilôt sans égal dans sa dimension géographique qui a donné forme à l’antiquité du  bassin méditerranéen et à son aura civilationnelle .  

Néjib Belkodja, en doyen de  la réaction contre le déracinement culturel, se trouve mis en crise par l’artiste Nabil Dridi , qui vint le revoir à la lumière d’une critique constructive inscrivant l’architecture de la société  tunisienne,  replaçée au lieu naturel qui lui revient de droit, au cœur du symbolique féminin, icône  de la société amazigh et de la société tunisienne , forte du statut du code personnel qui restitue, à notre identité, sa moitié constitutive .  Nabil Dridi crie sur les toits :  «être Tunisien, c’est avoir, dans son trait distinctif, le tatouage de la Nation–femme qui fait que son génome  n’est que s’il s’inscrit dans le partage du bonheur créatif de la culture et de le civilisation.

Une femme enceinte dont pend un cordon ombilical auquel est attaché , à l’autre bout, le globe terrestre, fonde une cosmogonie dridienne et la femme se donne à voir comme l’origine du monde. Le monde tunisien fut à l’image de l’âme fondatrice de l’être au monde de Nabil Dridi, démiurge d’une nouvelle Tunisie, portée sur le partage généreux et convivial, consacrant l’amour de la femme-Nation, refuge sécurisant de l’épanouissement serein, contre toute stérilité dogmatique ankylisant tout élan légitime vers le bonheur. La Tunisie profite, désormais, d’une approche innovante qui reconstruit la constitution fondatrice de l’âme tunisienne et de ses références constitutives ontologiques. Lire Nabil Dridi, c’est découvrir une nouvelle architecture de l’appartenance tuniso-tunisienne, en ce qu’elle est un carrefour des cultures méditerranéennes, frappé du sceau de l’osmose heureuse du métissage Orient-Occident réussi.

Néjib GAÇA

Laisser un commentaire