Les Américains et nous

Editorial La Presse

Quand Washington parle, il ne fait pas dans la dentelle. Les messages sont clairs, tranchants et parfois même choquants pour des pays peu habitués à subir de face la grogne de la Maison Blanche. Pourtant, ce genre de discours est tenu même avec les alliés et les amis de Washington. En effet, les Américains ne sont plus diplomates quand ils perdent patience ou quand leurs messages sont foulés aux pieds.   

Ils réagissent, disent ce qu’ils pensent ouvertement afin que les dirigeants des pays amis reprennent le « bon chemin » selon eux. Cela dit, leurs avertissements ne doivent pas être perçus comme un signe d’hostilité. Certes, c’est de l’ingérence directe dans les affaires internes d’un pays comme la Tunisie. Mais cette ingérence a donné l’effet contraire que celui escompté par Washington. Car, malgré les divergences et tous les tiraillements politiques que connaît le pays, toutes les organisations de la société civile et toute la classe politique ont opposé une fin de non-recevoir aux déclarations américaines. Cette réaction inattendue de la part du peuple, ses dirigeants et les opposants, a déboussolé la Maison-Blanche. Personne n’a applaudi la position américaine. Mais tout le monde était d’accord que le changement voulu ne peut être dicté par une puissance étrangère, même s’il s’agit d’un ami. Mais cette crise sera rapidement dépassée par le dialogue direct et franc. Les amis se parlent, se disent tout. Les choses qui plaisent et celles qui fâchent ne changent pas une amitié qui dure depuis plus d’un siècle. Les USA veulent que la Tunisie reste dans l’orbite américaine durant cette phase critique des changements géostratégiques où la puissance américaine a perdu du terrain. En effet, en l’espace de trente ans et après la chute du rideau de fer, les Etats-Unis ont régné en maître absolu. Après 20 ans de présence armée en Irak et 20 ans en Afghanistan, Washington a dû se résigner au fait qu’on ne peut ancrer la démocratie par la puissance du feu. Mais son retrait de ces pays et ses autres échecs montrent une certaine fragilité favorisée par la montée de nouveaux acteurs politiques et économiques forts, tels que la Russie, la Chine, l’Inde et autres qui sont en train de séduire les alliés de Washington pour les convaincre de rejoindre leurs blocs. C’est pourquoi les Américains essayent de garder dans leur giron rien que les amis fidèles. Parmi ces pays figure la Tunisie. Un pays qui compte beaucoup sur l’aide américaine et qui ne s’est pas jeté dans les bras des autres puissances émergentes. Pour preuve, la position tunisienne à propos de l’agression de l’Ukraine a été forte et intransigeante. Elle nous a pourtant coûté les yeux de la tête. Mais la Tunisie sait quand elle doit se mettre du côté de la cause juste et de ses amis. 

Un commentaire

  1. KHEMIRI

    23/08/2022 à 19:41

    Nullité absolue. Contenant et contenu obsolètes, superficiels !

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