Contrepoint | Mi… ti… gé !

Le sentiment après que la nouvelle Constitution a été votée, officialisée et est entrée en application ? Sincèrement, mitigé.

L’optimisme hérité du 25 juillet 2021 persiste, bien sûr. On le voit à la confiance en Kais Saied qui se maintient. On l’a vu, surtout, malgré tout, malgré la très relative participation, aux plus de 2 millions cinq du référundum accourus dire oui.

L’optimisme persiste, reste qu’il y avait tant de choses à faire depuis le 25 juillet .Des réformes à engager. Une économie à sauver. Des institutions à revoir. Des promesses à tenir. Des attentes à combler. La gouvernance d’exception, y a-t-elle répondu ? y a-t-elle suffi ? La vérité est qu’à ce jour encore, tout paraît converger vers le pouvoir unique du Président ; et la raison en est que ne semble compter désormais que son seul projet. La nouvelle Constitution est sienne, ce sera probablement

Le cas de la future loi électorale, et  nous croyons déjà deviner quel sort sera celui de tous les corps intermédiaires  qui ne seraient plus que fonctions sous autorité de «l’Etat président».

Il y a d’abord cela. Cette présidence de l’exception dont nul ne voit toujours pas le bout, et cette gouvernance «solitaire »  qui garde tous les pouvoirs entre ses mains. De plus en plus propices au doute, qui ont déjà fait renoncer des partis hier en accord avec le 25 juillet, et qui peuvent (on ne sait) affaiblir la confiance de ses proches partisans.

Il y a, aussi, les risques d’erreur sur les priorités. Le pays souffre clairement de déficit budgétaire, de surendettement, de chômage et d’inflation. Quasiment proche du scénario libanais. Est-ce vraiment l’heure de favoriser les questions strictement politiques, de donner prééminence à la nouvelle Constitution, à la loi électorale, à décider du sort des partis et des institutions ?

Il y a, pour tout dire, que nous retombons comme au lendemain de la révolution, dans le piège de l’idéologie. En 2011, c’était la religion et l’identité et la décennie de destruction socioéconomique qui s’en est suivie. Aujourd’hui, la dérive possible a, peut-être, un nom : le populisme. Le populisme s’entend «en général» comme revanche des laissés-pour-compte aux dépens des élites. Ainsi, a-t-il pu fonctionner un peu partout de par le monde, durant le XXe siècle, et puis là, sous nos yeux. Exemples néanmoins à méditer, puisqu’ ils commencent, tous, dans l’enthousiasme et les chauds espoirs et se terminent dans les pires déceptions

C’est probablement ce qui pourrait aiguiser le scepticisme et mitiger l’humeur des Tunisiens, tôt, bientôt.

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