État des lieux des finances publiques | Abdelkader Boudriga, Analyste financier à La Presse : “Remettre la Tunisie sur les rails de la croissance”

Réduire le déficit public par la voie de l’augmentation des recettes propres serait la solution idoine pour extirper le pays du gouffre budgétaire dans lequel il s’est enfoncé depuis 10 ans, estime l’expert financier Abdelkader Boudriga. Du moins, c’est la solution à préconiser à moyen terme. Dans l’immédiat, “le pays doit se mettre dans une dynamique de travail, de production et de productivité. La confiance doit être instaurée entre les acteurs. Et il faut plus de visibilité par rapport à l’agenda politique, aux politiques économiques et aux modèles économiques et sociaux», a-t-il souligné. Dans cet entretien, Boudriga s’est attardé sur les origines du déficit public et sur les solutions à adopter pour le réduire. Il a également mis l’accent sur l’urgence de parvenir à un accord avec le FMI, avant la fin de l’année en cours. Entretien.

Le récent rapport de la Banque mondiale met encore une fois l’accent sur l’urgence de réformer le système de compensation en Tunisie, laquelle réforme demeure toujours l’otage des négociations avec les partenaires sociaux. Y a-t-il d’autres alternatives pour maîtriser le déficit budgétaire?

Il faut comprendre d’où provient le déficit budgétaire. Au niveau du budget, les dépenses excèdent les recettes. Les dépenses ont augmenté à un rythme accéléré par rapport à l’évolution des recettes propres, notamment les recettes fiscales et les recettes de participation, sur les dix dernières années. C’est ce qui a causé le déséquilibre. Lorsqu’on regarde le rythme de croissance des dépenses, on voit que le poste qui a le plus progressé est celui des salaires. Ce ne sont ni les dépenses de compensation, ni celles relatives à l’investissement, ni encore les dépenses de fonctionnement des administrations.

Le déficit provient, essentiellement, du dérapage de la masse salariale qui n’était pas accompagné d’une accélération de la croissance économique qui aurait permis éventuellement d’éponger une partie des dépenses occasionnées par cette augmentation au niveau de la masse salariale. En dix ans, la masse salariale de la fonction publique est passée de 6.000 millions de dinars à 23.000 millions de dinars. Soit une augmentation de 400%. Si on regarde la croissance du PIB sur cette même période, elle s’est établie à près de 1,7%. C’est peu et elle ne permet pas de couvrir cette augmentation. Aujourd’hui, la masse salariale se situe à des niveaux très élevés, qui dépassent 40% du budget et 17% du PIB. Il faut, également, dire qu’un benchmarking international révèle que la masse salariale est aussi élevée, en comparaison avec les autres pays, sachant qu’en moyenne, elle se situe à 12%. Il y a donc un décalage clair. Mais en même temps, le niveau de rémunération individuelle des fonctionnaires reste très faible, notamment par rapport à la dégradation du pouvoir d’achat.

On est dans une sorte de contradiction, d’un côté, on a une masse salariale importante par rapport à ce que la fonction publique est en train d’offrir et, de l’autre côté, les salaires individuels sont faibles. La conséquence : l’administration n’est plus attractive, et dans ce cas, on perd un levier important de la croissance et du développement du pays. Tout comme pour le secteur privé, nous avons aussi besoin de compétences au sein de l’administration. Elle est en train de se vider de ses talents. Elle n’est plus attractive à l’entrée. Le risque, c’est que pour les années à venir, on va continuer à avoir une administration avec une masse salariale élevée, qui, toutefois, n’est pas efficace. Le problème ne se poserait pas si l’efficacité de l’administration était au rendez-vous. Il est clair donc, que la masse salariale est élevée, en raison du nombre pléthorique des fonctionnaires publics, qui n’est pas compensé par un rendement ou une qualité de services adéquats. Aujourd’hui, on a une pléthore de fonctionnaires, une masse salariale élevée et une qualité de services publics déplorable. Et c’est ce qui empêche l’administration de jouer son rôle comme levier de développement.

Maintenant, il faut comprendre pourquoi il est nécessaire de réduire le déficit public. Le problème avec le déficit public, c’est qu’il impacte les équilibres macroéconomiques et diminue la capacité d’intervention publique ciblée car les dépenses publiques peuvent être utilisées dans le cadre d’une politique budgétaire, sous forme d’incitations, d’accompagnement pour réduire les inégalités, soutenir les populations fragilisées… Le déficit public réduit cette capacité d’intervention. D’ailleurs, on l’a vu lors de la crise Covid. Les pays qui disposent d’une aisance budgétaire sont les pays qui ont soutenu leurs économies. Et c’est un fait établi.

Deuxièmement, le déficit public aggrave l’endettement public, notamment l’endettement étranger. Ce qui peut engendrer des conséquences graves sur le modèle, la souveraineté, la dégradation de la note, les conditions de sortie et de financement sur le marché international… C’est pour ces raisons qu’on veut toujours maintenir le déficit public aux alentours de 3% (c’est la norme internationale dont on est très loin). Rappelons qu’historiquement avant 2010, le déficit était à 1%. Pour réduire le déficit budgétaire, il y a deux options: soit on effectue des ponctions sur les dépenses, soit on augmente les recettes. L’idéal, c’est d’augmenter les recettes propres et de ne pas toucher les dépenses. Parce que pour réaliser des coupes dans les dépenses, il faut effectuer des arbitrages : quelles sont les coupes budgétaires à effectuer, comment répartir la compensation, faut-il geler les salaires, faut-il réaliser une ponction sur les dépenses d’investissement…? Et quel que soit le cas de figure, c’est toujours problématique. Le plus souhaitable, c’est d’augmenter les recettes. L’augmentation des recettes ne pourrait être effectuée qu’en réalisant de la croissance économique. L’autre solution, c’est d’augmenter les taxes, mais on sait que ce n’est pas mécanique : on peut augmenter le niveau nominal des taxes, mais réellement, les recettes fiscales n’augmentent pas. On peut, par contre, diminuer le taux nominal des impôts et des taxes en espérant créer une dynamique économique permettant d’avoir de la croissance et donc de réduire le déficit. L’autre solution, c’est l’inflation. En effet, l’inflation permet d’améliorer les équilibres macroéconomiques, notamment par rapport à l’endettement (lorsque l’inflation augmente, le budget augmente et le PIB croît, le ratio dette/PIB ou le ratio dette par rapport à d’autres agrégats macroéconomiques qui sont sensibles à l’inflation vont s’améliorer). Donc, l’inflation est aussi un moyen qui permet d’améliorer les équilibres macroéconomiques. Je pense que ce n’est pas envisageable pour le cas de la Tunisie, et ce n’est même pas souhaitable, puisqu’elle peut engendrer des répercussions sur le pouvoir d’achat, mais aussi sur l’économie en général.

L’autre alternative : des politiques économiques d’accélération, et des politiques d’offre orientées vers les entreprises pour sauvegarder les capacités de production et soutenir les entreprises et le recrutement, en espérant qu’elles génèrent une dynamique économique. Aujourd’hui, avec les problèmes que nous traversons, la transition politique qu’on est en train d’observer, la nouvelle Constitution, le nouveau régime qui n’est pas aujourd’hui tout à fait compris (car on ne sait pas réellement quand est-ce qu’on va passer vers un régime présidentiel et l’issue des prochaines élections), il est difficile que, sur le court terme, l’augmentation des recettes fiscales pourrait provenir de la croissance économique. Et d’ailleurs, l’amélioration du déficit public, qui a été observée lors du premier semestre, est due en partie à la montée de l’inflation (en attendant la publication des chiffres définitifs).

Pour réduire le déficit public, l’augmentation des recettes, bien que ce ne soit pas certain qu’elle aboutisse sur le court terme, est certainement la solution à moyen terme. Toucher aux postes de dépense est problématique. Même s’il est possible d’effectuer un gel des salaires tout en espérant que demain, il y aura une inflation et une croissance économique qui permettront petit à petit de revenir à des niveaux adéquats de déficit. Est-ce qu’aujourd’hui, les équilibres sociopolitiques en Tunisie permettent une telle prise de décision? A mon sens, c’est un peu difficile, puisqu’on est toujours dans une logique normale. Car dans une logique de crise, peut-être on sera obligé de faire des gels de salaires ou effectuer même des coupes dans les salaires. Alors qu’en est-il des autres postes? Les dépenses d’investissement sont l’instrument privilégié de la politique budgétaire. Les dépenses publiques sont un moteur important et la consommation publique est un moteur essentiel et important de la croissance économique. Je pense qu’avec 5.000 mille millions de dinars, on est arrivé à des limites très en deçà de ce qu’on devait faire en termes d’investissement public. Encore une fois, dans une situation normale, je ne pense pas qu’il soit possible de réduire les dépenses d’investissement.

Il reste alors les caisses de compensation. C’est de là que proviennent les recommandations, notamment du rapport de la Banque mondiale. C’est un poste qui nous permet de gagner quelques points en termes de déficit public, mais en pourcentage par rapport au PIB, ce n’est pas énorme. Rappelons qu’il s’agit de 4.000 milliards de dinars. Même si on met en place un système de ciblage, le gain espéré sera de l’ordre de 1.500 millions de dinars ou de 2.000 au maximum. Cela permet de réduire le déficit budgétaire. Mais je pense que la question des distorsions créées par des prix qui ne correspondent pas aux prix réels est la plus importante dans cette réforme. Parce qu’un prix subventionné crée des distorsions sur le marché, mais aussi sur l’allocation des ressources, la consommation et la surconsommation. Je m’explique : lorsque le pain subventionné, qui est vendu à 200 millimes, est commercialisé à son prix réel qui est de 500 millimes, la consommation et la surconsommation du pain vont diminuer. Cela va améliorer la consommation, mais également va permettre d’allouer les ressources de manière plus efficace. Le prix définit le comportement du consommateur (comment dépenser son argent). Le système des prix est le moyen privilégié pour une meilleure allocation et efficace des ressources qui vont définir quels sont les secteurs rentables, profitables… L’objectif de la révision du système de compensation n’est pas uniquement la réduction du déficit public, mais il s’agit aussi d’améliorer les équilibres macroéconomiques. La réalité des prix est quelque chose de souhaitable parce qu’elle permet une meilleure allocation des ressources. Je pense qu’il n’y a pas trop de solutions, c’est pour cela que cela a bloqué au cours des dix dernières années. Si on souhaite rester dans un modèle démocratique, participatif où on se soucie des franges les plus fragiles de la société et où les médias parlent, ça va être difficile d’imposer les réformes et d’améliorer les équilibres. Sauf si le pays se met dans une dynamique de travail, de production et de productivité, et que la confiance reprenne entre les acteurs et qu’on ait plus de visibilité par rapport à l’agenda politique, à ce qui est en train d’être pensé en termes de politique économique, de modèle économique et social. A mon sens, c’est la seule voie.

Sinon on va être dans un scénario de crise et de gestion de crise où tout est possible: le gel des salaires, les coupes budgétaires, la levée des compensations. Pour le moment, on est toujours dans une situation de normalité, on essaie de gérer les choses dans la normalité. C’est vrai que les marges de manœuvre sont très réduites. Tous les Tunisiens, y compris, les politiques, les citoyens, les travailleurs, les investisseurs doivent se remettre au travail. Et on a démontré, lors de la Ticad, que c’est possible. Pendant deux ou trois semaines, le travail est redevenu le maître mot. C’est le rythme souhaitable avec lequel on doit travailler, que ce soit administration ou secteur privé. Seul ce rythme-là nous permettrait de sortir d’une manière durable et pérenne du gouffre qu’est le déficit public.

Selon vous, à quand le dénouement des négociations avec le FMI?

On a des échos sur l’avancée considérable des négociations qui a été effectuée sur le plan technique. On sait qu’il y a une volonté de la part de nos partenaires internationaux pour ne pas laisser tomber la Tunisie. Géopolitiquement, la Tunisie est un pays important. La crise russo-ukrainienne a également consolidé ce point de vue. Il y a aussi des éléments importants qui sont relatifs à la nouvelle constitution.

Est-ce que nos partenaires soutiennent le modèle politique? Est ce qu’on a des assurances par rapport à la démocratie?

Il y a aujourd’hui une dimension politique de l’accord avec le FMI. Je l’ai dit et je le redis, les relations avec les bailleurs de fonds internationaux sont à la fois technique et politique. Je pense que sur le plan technique, on est assez avancé sur les termes d’un accord. Il y a un travail qui a été effectué qui fait qu’on est assez proche d’un accord technique d’ici la fin du mois voire début octobre. Quant au volet politique, est-ce que le feu vert politique sera donné ? Honnêtement, je pense que oui. Quant au timing, nécessairement on devrait parvenir à un accord avant la fin de l’année. Si l’accord n’est pas obtenu avant la fin de l’année, cela va avoir des conséquences certainement inflationnistes parce que, dans ce cas, l’Etat va se financer sur le marché local. Au pire, il va y avoir un impact sur le dinar parce qu’il y aura une forte pression sur les réserves en devises et la BCT ne pourra pas défendre le dinar au-delà de ce qu’elle peut faire aujourd’hui.

Les risques sont très importants si on ne parvient pas à un accord avec le FMI. Je reste persuadé qu’un accord est possible dans les mois à venir. Le plus tôt sera le mieux pour la Tunisie. Mais je pense qu’il y a un engagement de la part de nos partenaires internationaux pour que la situation reste stable en Tunisie, politiquement, économiquement et financièrement. Cela ne veut pas dire que si demain on arrive à conclure un accord avec le FMI, on est sorti du gouffre. La solution pérenne et viable pour la Tunisie, c’est de remettre le pays sur les rails du travail, de la confiance, en libérant les énergies, les marchés, en ayant une administration moderne, un secteur privé responsable tourné vers la créativité qui valorise le capital humain. Ce n’est même pas une question de modèle économique : il y a des fondamentaux qui sont valables quel que soit le modèle économique que vous choisissez aujourd’hui. Si on parvient à un accord sans avoir en tête ce qu’il faut mettre en place et activer en termes de leviers de développement et de dynamique économique, je pense que, dans deux ans, on sera dans une situation pire qu’aujourd’hui. C’est la dernière chance pour la Tunisie. Si on ne fait rien par rapport à tout ça, cet accord sera juste une rustine qui va nous permettre de résister encore une année ou deux et ne va pas résoudre nos problèmes. Le défi est clair : comment remettre la Tunisie sur les rails de la croissance pour renouer avec des taux de croissance de 6% voire 7% pour les quatre prochaines années.

La dépréciation du dinar vis-à-vis du dollar va-t-elle se poursuivre?

Il faut savoir d’abord, s’il s’agit d’une dépréciation du dinar ou d’une hausse du dollar. Clairement, sur les dix derniers mois, c’est plutôt le dollar qui s’est apprécié sur le marché international, et ce, pour différentes raisons: c’est une monnaie refuge, en situation de crise, c’est la monnaie de libellé des principaux marchés de matières premières et d’hydrocarbures. On a vu que l’euro recule sous la parité avec le dollar. Et donc par ricochet, c’est tout à fait normal que le dinar subit le même sort, puisqu’on est aligné avec ce qui se passe avec l’euro mais aussi avec les principales monnaies du monde. Il est vrai que, d’un côté, il y a le comportement du dollar sur le marché international mais aussi il y a des éléments qui sont spécifiques à la Tunisie : le déficit public, l’endettement, la balance commerciale, le coût d’approvisionnement qui a augmenté, les IDE, l’inflation (heureusement que pour le moment l’inflation aux Etats-Unis est supérieure à l’inflation enregistrée en Tunisie, c’est à dire qu’on n’a pas un différentiel d’inflation négatif qui pourrait impacter le change dinar-dollar). Actuellement, cette dépréciation s’explique plus par le comportement du dollar que par les éléments fondamentaux qui caractérisent l’économie tunisienne. Parce qu’à mon sens il y a des éléments favorables, d’autres défavorables qui se compensent, notamment en matière de recettes en devises comme par exemple, pour les recettes provenant des transferts des Tunisiens résidant à l’étranger. Globalement, il n’y a pas d’éléments qui font penser que la dépréciation du dinar est liée aux fondamentaux de l’économie tunisienne. C’est plutôt le comportement du dollar. Maintenant à l’échelle internationale, quelle sera l’évolution future du dollar? Selon les prévisions qui sont à notre disposition, le dollar va se stabiliser et il va y avoir une accalmie. Le dollar ne peut plus continuer à augmenter. D’ailleurs la Banque Centrale Européenne est intervenue sur le marché monétaire pour augmenter les taux directeurs. Les taux d’inflation vont se stabiliser et vont entamer un trend baissier sur le marché international.

Aux Etats-Unis et en Europe, les taux d’inflation pour l’année 2023 vont revenir à des niveaux au-dessous des 3%. Est-ce qu’en Tunisie, ça va diminuer à ce niveau-là, je ne pense pas. Je pense qu’on sera à 5% en moyenne pour 2023, il y aura un petit différentiel. On reviendra à des niveaux normaux du dinar. Bien entendu, si on est dans un scénario de normalité: c’est-à-dire au cas où on parvient à un accord avec le FMI, avant la fin du dernier trimestre et que sur le plan agenda politique tout se passe bien. Si on reste dans un scénario de normalité, je ne pense pas que le dinar se dépréciera davantage. Peut-être qu’il y aura une légère amélioration comme c’était le cas avec l’euro. Sans accord avec le FMI, le taux de change vis -à -vis du dollar mais aussi vis-à-vis de l’euro va être impacté.

Selon les spécialistes, la guerre en Ukraine pourrait encore durer des années. L’économie tunisienne peut-elle tenir le coup face à ce choc ?

Dans un scénario où la crise va perdurer et où il n’y a pas d’issue rapide à la guerre, on va être dans une situation de normalité ou de normalisation du conflit russo-ukrainien. Par le passé, les marchés du monde ont montré que, si une crise dure dans le temps, il y a une sorte de normalisation : le marché va s’adapter et trouver ses réflexes. Il va y avoir des alternatives, des politiques qui vont changer jusqu’à atteindre une autre normalité qui tiendra compte du conflit russo-ukrainien. Dans le cadre de cette nouvelle donne, nous allons être dans une sorte de normalité par rapport à cela et nous devons savoir de quelle manière doit-on en profiter. C’est à l’image de ce qui s’est passé lors du Covid : il y a eu le déclenchement de la crise et après, petit à petit, on a atteint une nouvelle normalité par rapport aux conditions sanitaires, aux dégâts, aux chaînes logistiques… Le marché a cette capacité de s’adapter et de converger vers une nouvelle normalité. Il y a une période de choc, s’ensuit une période de résilience et après on retrouve une nouvelle normalité. Mais il faut se retrouver et se positionner par rapport à la nouvelle donne. C’est pour cela qu’on appelle à ce que des réflexions soient menées sur ce que serait la nouvelle normalité. On a raté l’occasion du Covid parce qu’on n’a pas pensé qu’il y aura une nouvelle donne. Rien que la question des vaccins est, en ce sens, un exemple édifiant: on n’était pas préparé pour que la Tunisie soit un hub de production de vaccins et de recherche scientifique. Il y a toujours un scénario de normalité et un scénario de choc (ou de crise). Le monde traverse des phases de crise et des phases de normalité. Il faut se doter des mécanismes appropriés pour retrouver rapidement la nouvelle normalité, et surtout pour être résilient en phase de crise. Peut-être qu’on a péché par notre conviction qu’il suffit de rétablir l’ancienne normalité pour que tout continue à fonctionner. Le monde change. Aujourd’hui, il y a ceux qui appellent à une mise à niveau en Tunisie, parce que cela a marché par le passé. Avant, cela correspondait à une autre normalité, à un modèle de marché qui comprend plusieurs composantes. Mais les rapports géopolitiques, l’état du marché, l’environnement dans lequel on vit sont très complexes. La normalité change. Et les pays se distinguent par cette capacité à s’adapter aux conditions qui permettent de tirer parti de la nouvelle normalité et d’instaurer un nouveau modèle. Aujourd’hui, nous devons nous positionner par rapport à cette nouvelle normalité qui s’installe et qui se met en place.

Laisser un commentaire