Michel Bauza, Directeur Business France-Afrique du Nord-Tunisie à La Presse : «Les entrepreneurs tunisiens sont dans une optique de construction et d’investissement»

La Tunisie accueillera, du 27 au 29 septembre, la première édition du Forum Afrique-France de la transition écologique et énergétique. Organisé par Business France et l’Agence française de la transition écologique (Ademe) avec le soutien de l’AFD et de Schneider Electric, cet événement offre des opportunités d’échanges entre décideurs publics, entrepreneurs, donneurs d’ordre et institutions financières sur les enjeux de développement durable en Afrique. Rencontré en marge de la conférence de presse de présentation du Forum, qui s’est tenue récemment à Tunis, Michel Bauza, directeur Business France-Afrique du Nord, nous a donné de plus amples informations sur cet événement d’envergure africaine.

Pouvez-vous nous présenter le Forum Afrique-France de la transition écologique et énergétique ?

Nous organisons du 27 au 29 septembre le premier Forum Afrique-France de la transition écologique et énergétique afin d’identifier des solutions techniques et opérationnelles pour les objectifs du développement durable en Afrique. C’est un forum qui réunira à Tunis des entreprises de 8 pays : 7 pays africains et la France. Environ 300 entreprises y participeront et traiteront de différents sujets. Un volet important sera la sobriété et l’efficacité énergétique, parce que la meilleure énergie est celle qu’on ne consomme pas, et je pense qu’aujourd’hui, avec les prix de l’énergie en hausse, tous les entrepreneurs s’en rendent compte. Un deuxième volet relatif à la gestion de l’eau sera abordé, car le stress hydrique est assez important en Tunisie et en Afrique du Nord. Les participants échangeront sur des solutions et différentes possibilités permettant de baisser sa consommation et de réutiliser la ressource. L’objectif étant d’être plus économe et respectueux de l’environnement. Un autre volet concernera enfin la ville durable. Toutes ces conférences contribueront à identifier des solutions pour réussir la transition écologique, qui est aujourd’hui un impératif s’imposant à l’ensemble des industriels et des pays pour les prochaines années.

Il s’agit d’une première édition, c’est la première fois que ce forum est organisé en Afrique, et nous sommes heureux de l’organiser en Tunisie pour une partie du continent, puisque nous aurons des entreprises venant d’Egypte, de Libye, d’Algérie, mais aussi du Sénégal, du Cameroun et de Côte d’Ivoire. L’ambition, c’est d’être vraiment un lieu de rencontres pour les entrepreneurs et les institutionnels. Nous aurons le plaisir de compter avec des experts de l’Ademe, l’Agence de la transition écologique, de l’ONU pour dresser un état des lieux des Objectifs du développement durable dans les 8 pays et la présentation de solutions, portées par les entreprises et les centres de recherche français. Le forum comporte aussi un volet présentation des financements par les bailleurs de fonds, ainsi que les outils publics et privés disponibles, pour mettre en œuvre les projets et les solutions qui permettent cette transition écologique.

Sous quelle forme seront déployés ces financements ?

Le volet financement est important. Nous avons proposé aux bailleurs de fonds, qui disposent de programmes dédiés pour ces pays, de venir les expliquer, les présenter. C’est l’Agence française de développement (AFD), notre partenaire qui pilote ce volet avec des représentants de la Banque mondiale, de la Banque africaine de développement et de la BEI. Donc, il ne s’agit pas de nouveaux financements, mais de bien utiliser les dispositifs qui existent. Nous avons prévu également une présentation d’outils pour faciliter l’appropriation de ces technologies par les entreprises. Je pense, par exemple, à tout ce que développe Expertise France avec le dispositif «Sunref». Il s’agit de financements intéressants qui permettent aux entreprises de passer à la cogénération, à une meilleure isolation, à la dépollution… donc, à des solutions très opérationnelles. STB Bank présentera son offre en Tunisie et nos collègues de Bpifrance présenteront des solutions qu’ils offrent aux entrepreneurs pour financer des achats et des projets avec des partenaires français. L’équipe du Service économique régional présentera la Ligne de Crédit française, Proparco des financements privés… On ne va pas parler aujourd’hui de nouveaux programmes, mais on va maximiser et valoriser tous les dispositifs qui existent pour les entreprises.

Donc, le forum vise à renforcer la contribution des entreprises à la transition écologique et énergétique dans ces pays?

Notre ambition est que les entrepreneurs, qui portent des solutions, puissent les présenter, échanger avec d’autres entrepreneurs, des donneurs d’ordre, mais aussi avec les opérateurs publics, de manière à identifier les meilleures technologies adaptées aux différents cas de figure. Car la situation en Tunisie est différente de la situation au Sénégal ou en Egypte. Nous souhaitons qu’à partir de cette dynamique de Tunis, les entreprises formalisent des partenariats pour avancer sur ce chemin. Parce que la transition écologique ne se fait pas en claquant des doigts, ne se fait pas en un mois, elle s’accomplira sur des années avec persévérance. Il est utile d’avoir des moments-clés où on permet aux entreprises, aux centres de recherche et aux opérateurs de se rencontrer en Afrique.

On va présenter ce qui existe, les technologies adaptées aux différents pays et les outils qu’on peut mettre en œuvre assez rapidement, parce qu’il y a urgence dans cette transition. Le pôle de compétitivité «Tenerrdis» dans l’énergie, celui spécialisé dans l’eau France «Water Team» et la Région Grand-Est sont des partenaires efficaces pour réunir ces expertises.

Les startup y seront-elles présentes ?

Oui. Dans ces thématiques, on a des entreprises qui proposent des solutions, notamment le partenaire principal du forum «Schneider Electric», qui dispose de technologies éprouvées, ou encore «Air Liquide», qui a comme ambition d’être demain le champion de l’hydrogène. Il y aura aussi beaucoup de PME et une vingtaine de startup. Ces startup, nous allons les pousser, les positionner avec deux partenaires. Le premier, c’est «Total Energies» qui soutient 13 startup françaises. Elles vont pitcher et présenter leurs solutions pour l’Afrique. D’autre part, le groupe «Orange» va promouvoir 6 startup tunisiennes. Au cours de ces trois jours, ces jeunes pousses vont pouvoir présenter leurs idées et technologies et créer des liens avec des opérateurs dans différents pays. Nous souhaitons que nos amis égyptiens et camerounais trouvent des idées auprès de ces startup, pour développer des courants d’affaires sur leurs marchés.

Que dénote le choix de la Tunisie en tant que pays hôte du Forum ?

Le choix de la Tunisie tient à trois raisons. La première, c’est sa position géostratégique. Elle est au centre de l’Afrique du Nord avec des connexions faciles vers la plupart des pays concernés par l’édition 2022. Il est facile et utile de réunir ces délégations à Tunis. Le deuxième élément concerne les compétences et l’expertise qui existent en Tunisie sur des technologies liées à la transition énergétique ou écologique. Il y a des entreprises, des bureaux d’études, des ingénieurs qualifiés, et nous pensons que le fait de pouvoir faire une triangulation entre les entreprises françaises, tunisiennes et africaines est une bonne chose. Cela créera de la valeur et de l’emploi pour les deux rives de la Méditerranée. Le troisième point se base sur la qualité de notre relation bilatérale, la Tunisie est pour la France un pays phare de co-développement, avec plus de 1.400 entreprises françaises qui emploient plus de 150.000 personnes. Donc, c’est un terreau favorable pour engager de nouvelles dynamiques et démontrer la résilience des entreprises et des compétences. L’accueil de Mme la Cheffe du Gouvernement et le soutien des ministères de l’Environnement, ainsi que celui de l’Industrie, des Mines et de l’Energie confirment l’intérêt de la Tunisie pour tenir une position de chef de file sur ces sujets. Les enjeux de la transition écologique s’étalent sur plusieurs années, avec la nécessité de construire des partenariats dans la durée. Nous pensons que les entrepreneurs tunisiens sont dans cette optique de construction et d’investissement, car cela sera, demain, une exigence de la part des donneurs d’ordre qu’ils soient européens, africains ou américains. Une entreprise en Tunisie est confrontée à ces enjeux et nous souhaitons que ce forum soit une possibilité pour elle de trouver des solutions afin d’engager sa transition écologique.

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