Sit-in et grève de la faim des destouriens devant le ministère de l’intérieur : Que veut Abir Moussi ?

• La présidente du PDL et ses partisans entament un sit-in et une grève de la faim sans préciser les revendications qu’ils veulent voir satisfaites
«Le calife m’a empêchée de simplement m’asseoir sur une chaise et d’exercer mon droit de protester pacifiquement contre le processus de destruction de l’Etat», écrit Abir Moussi
• Le responsable de la communication au ministère de l’Intérieur affirme: «La levée par la force du sit-in ne sera effectuée que sur ordre du ministère public»

Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre (PDL), a-t-elle introduit dans le paysage politique et civil national une nouvelle pratique de protestation et de contestation des décisions prises par les autorités publiques, en premier lieu la présidence de la République et le ministère de l’Intérieur ?

A quel objectif cherche-t-elle à parvenir en décidant d’observer un sit-in à durée illimitée devant le ministère de l’Intérieur, un sit-in décidé, dit-on, à la  dernière minute et sans que les responsables et les militants du parti en soient avisés à l’avance, et de plus, le sit-in est accompagné par une grève de la faim observée depuis dimanche 15 octobre par les manifestants à la marche PDL organisée la même journée.

Un sit-in conjugué à une grève de la faim qui se déroulent devant le ministère en pleine violation des règles de la circulation dont les causes sont la protestation contre la violence pratiquée par les policiers contre les manifestants du parti. Sauf qu’on ne sait pas quelles sont les revendications ou les demandes d’Abir Moussi qui devraient être satisfaites par les pouvoirs afin qu’elle accepte de lever le sit-in en question et décide de mettre fin à la grève de la faim de ses partisans.

En plus clair, la présidente du PDL sème le flou sur les objectifs qu’elle cherche à réaliser à travers le sit-in et la grève de la faim que les destouriens ont décidé d’observer sur l’avenue Habib-Bourguiba devant le siège du ministère de l’Intérieur.

Elle se contente, en effet, dans ses déclarations de dénoncer les actes de violence perpétrés contre les militants de son parti et stigmatise ce qu’elle appelle «les imprécisions contenues dans le communiqué publié par le ministère de l’Intérieur», affirmant, textuellement : «Ils veulent nous mettre dans le même sac que les frères musulmans».

Mais à quoi veut-elle réellement parvenir et quelles sont ses véritables exigences, à travers ses déclarations et les marches de protestation qu’elle organise régulièrement ?

Abir Moussi propose la réponse suivante à cette question que se posent plusieurs observateurs et analystes habitués jusqu’ici à d’autres pratiques auxquels ont recours les protestataires ou les opposants. Ces mêmes opposants publient généralement ou font part de la liste des exigences qu’ils veulent voir satisfaites, en contrepartie de quoi, ils mettent un terme à leur sit-in ou à leur grève, le cas échéant.

Sauf qu’Abir Moussi semble chercher à convaincre les Tunisiens de la profondeur, de l’importance et de la crédibilité de son discours, de ses orientations et des idéaux de son parti. Sans, malheureusement, expliciter ces mêmes idéaux ou orientations.

Elle donne l’impression qu’elle est à même de convaincre les Tunisiens, qu’elle seule a raison et que les autres ont tort en se limitant à des déclarations du genre : «Le calife (c.a.d. Kaïs Saïed) m’a empêchée simplement de m’asseoir sur une chaise et d’exercer mon droit de manifester pacifiquement contre le processus de destruction de l’Etat».

Il reste à savoir si ces nouvelles pratiques introduites par Abir Moussi sont conformes à la loi régissant les manifestations et surtout les sit-in ou s’il existe une certaine forme de violation de la loi, dans la mesure où selon le responsable de la communication au ministère de l’Intérieur, «toute forme de protestation ne devrait pas toucher à la sécurité publique, au travail des employés et aux commerces des citoyens à proximité».

Et c’est la raison pour laquelle le ministère de l’Intérieur s’est adressé au ministère public pour lui demander de lui signifier si la grève de la faim et le sit-in d’Abir Moussi et des adhérents à son parti constituent un acte de violation de la loi en vigueur ou s’ils sont dans leur droit d’observer un sit-in là où bon leur semble et de le lever quand bon leur semble aussi.

Il est à préciser que le responsable de la communication au ministère de l’Intérieur assure : «La décision de lever le sit-in en question par la force ne sera prise que sur ordre du ministère public».

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