Transports en commun : Ras-le-bol général

Par Ines ZARROUK

Vendredi dernier, la Fédération générale du transport et l’Union régionale du travail de Tunis ont annoncé, dans un communiqué, une très prochaine grève dans le secteur du transport. Elles dénoncent l’inaction du ministère face à l’insuffisance du réseau dans la métropole.

Impossible de trouver un taxi rouge aux heures de pointe, pas vraiment plus simple le reste de la journée : c’est l’un des problèmes majeurs auxquels les utilisateurs tunisiens sont confrontés aujourd’hui. La raison : une quasi-disparition des taxis dans la métropole, conséquence de la montée fulgurante de l’application Bolt et de ses concurrents.

Il faut alors se résigner à prendre les transports en commun, si l’on veut éviter de payer le prix fort, avec un trajet souvent multiplié par 3 ou 4 par rapport au tarif de base. Certains chauffeurs proposeraient même des courses allant de l’aéroport de Tunis à Gammarth pour 50 dinars. Evidemment et vu la crise actuelle, il est impossible pour la plupart de se permettre un tel coût : il faut donc désormais compter sur les transports en commun pour pouvoir se déplacer.

Cette décision a bien évidemment des conséquences sur le réseau des transports de Tunis qui se retrouve saturé et incapable de desservir toute la population. Des rames de métro bondées, des heures d’attente aux arrêts de bus… C’est la triste réalité à laquelle le pays est confronté. «Je mets une à deux heures pour rentrer chez moi le soir», déclare une passante interpellée à la station du Passage. «Je travaille à El Menzah et j’habite à l’Aouina. Du coup, je prends le métro en sortant du bureau vers 16h00, mais je n’arrive ici que vers 17h00 puis, le temps de trouver un TCV disponible pour repartir, je ne rentre jamais chez moi avant 18h00…».

Ce quotidien, c’est malheureusement celui de milliers de personnes. Entre le manque d’infrastructures, l’insécurité et l’insalubrité de celles-ci, ponctué par un service incapable de desservir les arrêts à l’heure, on assiste à un véritable chaos. Certains attendent des bus qui ne passeront jamais, d’autres se retrouvent à l’arrêt de métro plus de 25 minutes quand, pendant ce temps, sur le quai d’en face, il est passé plus de 2 fois.

Des mouvements de foule et des bousculades s’observent alors, quand l’un d’eux arrive inespérément, au cours desquels les chauffeurs aussi en font les frais. Ces mêmes bus qui circulent la porte ouverte… Des rames de métro surchargées sans aucune climatisation, avec seulement une ou deux portes fonctionnelles, qui restent parfois bloquées sur la voie sans raison, obligeant les passagers à descendre entre deux stations. Une sécurité mise en danger et une fatigue de la population, qui ne semblent pas pour autant inquiéter les autorités.   

Le contexte socioéconomique du pays reflète cette défaillance des infrastructures publiques, un système qui rencontre des problèmes dans la capitale, mais où, dans les banlieues et périphéries, il peut parfois être inexistant. Cette contrainte engendre une inégalité croissante des chances de scolarisation et d’emploi, quand les utilisateurs doivent dépendre d’un réseau de transport aléatoire, voire anecdotique. En ce sens, le ministère du Transport doit agir et octroyer un financement afin d’actualiser et rafraîchir le réseau. Fluidifier le trafic, offrir un confort décent à la population qui le fréquente quotidiennement pour se rendre au travail, bon nombre de modifications sont nécessairement exigées comme un droit essentiel pour la population.        

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