Après une exposition inaugurale couronnée de succès par son finissage, le 8 juin 2019, et portant l’intitulé mystique «Climbing Through the Tide» qui a pris son public à contre-courant ici et au-delà des mers à travers 21 pays et commissionnée par Basak Senova, c’est au tour de l’artiste franco-tunisien Alex Ayed d’investir l’espace avec «Soap Opera», sa première exposition personnelle en Tunisie.
Difficile de ne pas voir ces rayures, noires et blanches, au cœur des humbles ruelles de Bhar Lazreg. Véritable Ovni archi-culturel situé au beau milieu des quartiers les plus populaires de la capitale tunisienne, Bhar Lazreg, l’espace culturel B7L9 est un territoire à part, d’art indépendant, une exception dans cette banlieue nord, mais non chic et qui ne compte ni cinéma ou galerie, ni théâtre ni aucune bibliothèque à quelques centaines de mètres des concentrés de culture de La Marsa, Sidi Bou Saïd ou Carthage.
B7L9, dont le nom rend d’emblée hommage à son quartier a été créé par la Kamel Lazaar Foundation et inaugurée en mars 2019. Véritable station artistique, c’est un espace d’art, d’exposition mais également de vie, de partage et d’échanges culturels et artistiques.
Le choix du lieu, loin d’être anodin, est déjà un manifeste pour une démocratisation des arts, la décentralisation qui, sans être régionale, doit se faire d’abord dans les mentalités. L’espace est totalement ouvert et célèbre depuis son inauguration les expériences artistiques les plus diverses, des plus expérimentales aux plus classiques. Le bâtiment se compose d’un espace d’exposition, une salle de projection, un pavillon résidentiel pour des artistes en résidence, des ateliers de musique, de Fab Lab, une bibliothèque et un toit avec un théâtre et un jardin. Une forteresse ouverte, accueillante sur trois niveaux où vous ne croiserez que des œuvres d’art en installation, en progression ou en débats et discussions.
Après une exposition inaugurale couronnée de succès par un finissage le 8 juin 2019 et portant l’intitulé mystique «Climbing Through the Tide» qui a pris son public à contre-courant ici et au delà des mers à travers 21 pays et commissionnée par Basak Senova, c’est à l’artiste franco-tunisien Alex Ayed d’investir l’espace avec «Soap Opera» sa première exposition personnelle en Tunisie. L‘exposition présente des sculptures de l’artiste ainsi que des travaux en collaboration avec Hélène Garcia et Emile Degorce-Dumas qui présentent leur performance «Extra-Lucide». L’exposition se déroulera aux rythmes d’une bande-son exclusivement produite à l’occasion par Rehab Hazgui.
A à peine 30 ans, ce jeune plasticien vit et travaille à Bruxelles. Il a fait ses débuts à Tunis avec la photographie, puis continué ses études à l’école des Beaux-arts de Paris. En mai 2018 Alex Ayed artiste à l’Institut d’Art arabe et islamique de New York puis en juin 2018 il a participé à la manifestation artistique Jaou dans sa 5e édition organisée par la Fondation Kamel Lazaar dans le pavillon Mé (Eau). Dans cette exposition, l’artiste joue des codes du fictif et du réel, tout en s’appuyant sur l’imprévu, la superstition, la magie… Au programme : conférences, musique et performances, et ce, du 27.05 au 30.06.2019. Le vernissage de Soap Opera s’est tenu le jeudi 27 mais le programme continue avec une rencontre avec l’artiste Alex Ayed samedi 29 Juin à 17h00 qui se déroulera avec Yasmina Reggad (commissaire d’exposition et écrivaine) et sera modérée par Petra Swais la responsable des expositions à B7L9. Un débat s’ensuivra avec Aliocha Imhoff (commissaire et chercheur) fondateur de «le Peuple Qui Manque» et Lucas Erin ainsi que Kader Attia. Le dimanche 30 juin une rencontre est organisée avec Hélène Garcia and Émile Degorce-Dumas (artistes performeuses). Un panel de débat autour de la magie ; superstitions et surnaturel dans les cultures maghrébines sera tenu en présence de Nedra Ben Smail (psychanalyste), Hatem Bourial (journaliste) Nacef Nakbi (psychologue). Enfin une conférence autour de la musique des corps sera donnée le même soir au B7L9 par Pierre Deruisseau (musicologue).
Avec la station B7L9, la Fondation Kamel Lazaar s’inscrit pleinement dans la création d’une dynamique culturelle et artistique en alliant aux expositions, des débats, des dialogues, mais également des séances de projection de films pour renforcer l’offre culturelle et la rendre accessible pour les habitants des quartiers populaires. Un moyen de rétablir une justice sociale parfois perdue dans ces zones et de créer une cohésion et un lieu d’amalgame de tunisiens de tous bords sans discriminations. La banlieue nord autre que celle du «mauvais côté» de la route nationale RN 9, n’est plus à la marge mais au cœur de la cité et de la culture, en attendant que le mouvement se globalise et fasse des bulles, comme «L’opéra Savon».