Semaine de la critique | «Life suits me well» de Hadi Ulad Mohand : Subtil et émouvant

Classé dans la nouvelle section créée cette année pendant les JCC, à savoir «Semaine de la critique», le film «Life suits me well» du Marocain Hadi Ulad Mohand s’attaque à une maladie neurologique dans une famille. Un sujet très difficile mais comment le raconter ? Le film a choisi une narration et un traitement des plus subtils.

Force est de croire que dans les drames sociaux maghrébins et arabes, les films qui traitent des sujets des maladies ne sont pas légion. Ils existent mais ils sont rares ou s’effilochent dans leurs narrations. Mais pour faire ce genre de film, il faut avant tout et surtout avoir le bon acteur, celui qui porte le rôle et la maladie qui ronge le personnage. Pour ce faire, il faut acter et ne pas se contenter de jouer ou d’interpréter. Le réalisateur marocain a su trouver cette perle rare qui interprète le rôle du père de famille, atteint de cette maladie neurologique. Il s’agit de Samir Guesmi qui a évolué, tout au long du film, dans la peau de cette maladie d’une parfaite maestria. Voici le synopsis : «Au milieu des années 90, dans une petite ville du Nord du Maroc, Fouad est le seul salarié du bureau de la Poste. Une maladie neurologique change sa vie et celle de sa famille. Une nouvelle histoire commence pour Fouad, sa femme et leurs enfants. Leur maison va se remplir d’amour, de chagrin et de souvenirs. Alors que Fouad est sur le point de mourir, les membres de sa famille se redécouvrent. Au fur et à mesure que le temps passe, les blessures apparaissent… Mais le désir de vivre est insatiable». A aucun moment, le réalisateur ne dramatise ! Au contraire, tout est pris avec beaucoup de bonhomie, d’amour, mais aussi avec le zeste qu’il faut d’humour. Du coup, pendant le film, le personnage n’est pas présenté comme une tare pour sa famille ou une sorte de boulet. A aucun moment, on ne ressent sa solitude. Lubna Azabel joue le rôle de sa femme, une femme aux épaules solides et qui sait gérer «tout cela!». Le réalisateur a réussi à la sortir du piège du «victimisme». Autre particularité du film c’est qu’il use des allers-retours fréquents entre le passé et le présent, mais ces flash-back sont bien ramenés et infusés avec beaucoup de fluidité dans le montage. On reste dans le même «mood», mais on retourne au passé puis on revient au présent en restant toujours dans la cadence. Parfait. Un réalisateur marocain à suivre sur la cartographie du cinéma maghrébin, ce Hédi Ulad Mohand ! Notons que son dernier court métrage «Le café des pêcheurs» a participé à plusieurs festivals, dont Locarno.

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