Banque Mondiale | 2e rapport de Diagnostic systématique de pays (DSP) pour la Tunisie : « Pas de droit à l’erreur ! »

 

Le DSP offre une vision des tendances en Tunisie sur les dix dernières années… Il ne met pas fortement l’accent sur les événements récents, mais cherche davantage à les situer dans le contexte des tendances profondes en termes de croissance équitable, de réduction de la pauvreté et de capacité de l’État.

Lors d’un séminaire organisé hier à Tunis, la Banque mondiale a levé le voile sur son deuxième rapport de Diagnostic Systématique de Pays (DSP) pour la Tunisie, intitulé « Rétablir la confiance et répondre aux aspirations pour une Tunisie plus prospère et inclusive ».

L’événement a été marqué par la présence du ministre de l’Economie et de la Planification, Samir Saied, du directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Maghreb et Malte, Jesko Hentschel, et du directeur Pays de la Banque Mondiale pour la Tunisie, Alexandre Arrobbio.

Une base importante pour le nouveau Cadre de partenariat pays

A l’ouverture des travaux de ce séminaire, M. Arrobbio a indiqué que ce rapport produit pour les pays partenaires tous les cinq ans et dont la première édition a été réalisée en 2015 pour la Tunisie est une sorte de diagnostic pour mieux traiter les problèmes du pays sans nécessairement aller dans la stratégie générale de la Banque mondiale. C’est un outil permettant d’identifier les principaux défis et opportunités de la Tunisie pour accélérer les progrès dans le rétablissement de la confiance, la satisfaction des aspirations et donc la contribution au double objectif de l’institution internationale de mettre fin à la pauvreté absolue et de stimuler durablement la prospérité partagée.

« Le DSP est une analyse qui a été lancée durant les dernières années et qui se focalise sur la dynamique économique, les questions de confiance, la capacité à mettre en œuvre les réformes nécessaires… L’objectif de ce travail, c’est surtout d’ouvrir un débat et d’y contribuer pour devenir l’un des points de référence pour les consultations sur les priorités de l’engagement de notre institution dans le pays et une contribution au débat public portant sur la voie à suivre par la Tunisie. Donc, à travers cette étude, la Banque mondiale n’apporte pas de solutions, au contraire, elle essaie de donner un coup de pouce pour ouvrir le débat, un vrai, sur ces problématiques…

Ce rapport constitue aussi une base importante pour le nouveau Cadre de partenariat pays (CPF) de la Banque Mondiale pour la Tunisie, qui va définir notre soutien financier et analytique à la Tunisie pour les cinq années à venir à l’heure où le pays a besoin d’un nouveau modèle économique lui permettant d’être plus productif et plus dynamique pour réussir à repartir, encore une fois, à la conquête des marchés extérieurs », a-t-il précisé.

« Un retard de plus de 20 ans ! »

Pour sa part, le ministre Samir Saied a indiqué que le diagnostic de la situation économique et sociale de la Tunisie reste le premier et le principal pas pour procéder aux réformes nécessaires alors que le pays n’a cessé de connaître durant les dernières années des chocs externes successifs et dont certains continuent toujours de constituer une vraie menace pour les équilibres financiers du pays. Ceci, outre le retard enregistré dans l’exécution et la mise en place des réformes structurelles annoncées depuis un bon moment pour sauver l’économie nationale.

« On parle là d’un retard de plus de 20 ans ! Aujourd’hui, on n’a plus de temps à perdre et on n’a pas le droit à l’erreur car il est plus que jamais temps pour se rattraper, rétablir une trajectoire de croissance saine et durable sur le court et le long termes et surtout exploiter le potentiel existant à l’heure où ce dernier est reconnu à l’échelle internationale… », a-t-il affirmé.

Dans ce même cadre, le ministre a ajouté que pour réussir ce diagnostic, toutes les parties prenantes (gouvernement, secteur privé, société civile, organisations internationales, organisations patronales, experts…) ont été invitées à donner leur avis et à participer à une consultation ouverte pour bâtir sur des bases solides, saines, durables et claires.

« Pour nous, faire le bon diagnostic, c’est la clé pour résoudre le mieux possible la problématique posée avant d’entamer les réformes profondes nécessaires et la manière de leur exécution. Ceci est encore vrai dans le cas de la Tunisie qui fait face à un grand nombre de réformes qui ne pourront pas passer aussi facilement. Pour ce faire, on a besoin d’une action massive pour réussir ce défi et regagner les équilibres financiers de l’Etat qui restent à la tête de ces réformes avec en main un programme qui a — heureusement — une crédibilité à l’échelle internationale, le tout dans le cadre d’une démarche participative », a-t-il encore précisé.

Quatre pistes prospectives

Dans son rapport, la Banque mondiale souligne que le DSP offre une vision des tendances en Tunisie sur les dix dernières années, notamment à travers des comparaisons internationales et des analyses prospectives de moyen terme. Donc, il ne met pas fortement l’accent sur les événements récents, mais cherche davantage à les situer dans le contexte des tendances profondes en termes de croissance équitable, de réduction de la pauvreté et de capacité de l’État. Le rapport aborde aussi le contexte et le bilan de la dernière décennie avant de se consacrer à l’identification de quatre pistes prospectives pour la Tunisie en termes de rétablissement de la confiance, de réponse aux aspirations des citoyens, et de réponses possibles aux défis majeurs auxquels la Tunisie fait face.

En ce qui concerne les points critiques de ces pistes, le rapport a cité tout d’abord la participation citoyenne. En effet, pour stimuler la prestation de services et ouvrir la voie à un équilibre politique plus durable, les autorités pourraient capitaliser sur le renforcement de la participation citoyenne, de la transparence, ainsi que de la gouvernance locale.

Pour avoir des institutions plus inclusives, l’institution mondiale indique que les autorités pourraient accélérer le processus de numérisation de l’économie, de la société et de l’administration publique. Cela permettrait de renforcer la réactivité de l’État aux aspirations des citoyens, en particulier des populations vulnérables vivant dans les zones rurales, souffrant d’un retard de développement, et qui ne peuvent accéder à des services publics de qualité.

Par ailleurs, afin d’avoir une économie en croissance tirée par la productivité, il est indispensable d’inverser les résultats de plusieurs années de climat commercial défavorable : c’est un des objectifs que le programme de réformes pourrait rechercher pour ouvrir les marchés à la concurrence et moderniser les secteurs financiers et des infrastructures. Cela permettrait aussi de favoriser le commerce et l’innovation, tout en attirant les investissements directs étrangers et les financements climatiques. Finalement, mais pas moins important, pour avoir une inclusion économique renforcée, le rapport indique que les autorités pourraient garantir un accès plus équitable aux opportunités économiques et une amélioration du niveau de vie des citoyens. Cela implique d’améliorer les résultats de l’apprentissage, de prendre des mesures soutenant la participation des femmes au marché du travail afin de limiter les inégalités entre les sexes, et de remédier aux disparités dans la prestation de services, pouvant ainsi conduire à de meilleurs résultats en matière de bien-être, à des opportunités accrues et à une plus grande cohésion sociale.

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