La banalisation de l’utilisation erronée du français dans la société tunisienne traduit un malaise avec cette langue et un rejet de la bienséance qu’elle exige. Le massacre continue…
Alors que le français est la deuxième langue officielle en Tunisie après l’arabe, alors que le pays s’apprête à accueillir le Sommet de la Francophonie à Djerba, les 19 et 20 novembre, jamais l’expression, l’usage et l’écriture de la langue de Molière ne se trouvent aussi mal, aussi bas et bafoués au quotidien. Après le scandale, peu avant la dernière rentrée scolaire, de l’impression, pleine de bévues et de fautes d’orthographe, des manuels du cours de français du système éducatif public, celui des annonceurs, commerçants et même de professionnels dans certains secteurs se poursuit dans l’indifférence générale.
S’agissant des manuels, la bévue majeure portait sur le nom commun “les élèves” retranscrit sous la forme d’un verbe conjugué grammaticalement fausse : “les élévent”. Dans le manuel incriminé, qui a été édité et corrigé en Tunisie, on a remarqué un nombre important de coquilles et fautes de syntaxe. Les citoyens exprimèrent alors leur colère et leur indignation sur les réseaux sociaux, suite à cette affaire. Le pire, c’est qu’on ne compte plus les aberrations et les maladresses dans ce sens. Au point que sur les réseaux sociaux, on se moque du niveau général du français en Tunisie qui frise le ridicule.
Beaucoup de personnes admettent qu’en Tunisie, le niveau d’expression et de pratique des langues, parfois même de l’arabe, est source d’inquiétude. La qualité de l’enseignement des langues est déficiente, car le système privilégie principalement le succès dans les matières scientifiques et omet d’assurer un niveau linguistique adéquat et satisfaisant.
Des gaffes évitables
Lire “papier switou” pour papier essuie-tout, quand on en connaît l’appellation exacte, dans un supermarché, relève du comique. Plus encore… lors de la rentrée scolaire, il y a deux mois, un catalogue de magasin a déformé le mot “rentrée” pour “tunisifier” l’appellation avec un aspect de mauvais goût sous la forme “l’rentrée”… Ce ne sont pas spécialement des francophones qui signalent ces dépassements, mais des Tunisiens arabophones à la base, ce qui provoque un sentiment de dépit, d’amusement, mais aussi de consternation.
Les écriteaux des fruits et légumes à la craie sont sujets aux moqueries également. Les grandes étiquettes imprimées pour faire la promotion de certains produits ou des packs d’eau ou de lait, quand il y en a, sont souvent mal libellées. Un phénomène néfaste pour la bonne assimilation et l’enrichissement par les mots pour la jeunesse tunisienne, déjà exposée aux mots cassés, pour tchater sur les smartphones avec des abréviations de mauvais goût là encore : “2m1” pour demain, “askip” pour signifier à ce qu’il paraît et des centaines d’autres mots loufoques et bizarres… Un langage d’une autre planète !
On demande juste des efforts de la part des responsables des magasins pour qu’ils améliorent l’écriture des articles qu’ils mettent en vente dans les rayons et ne heurtent pas les jeunes et les enfants qui sont en phase d’apprentissage. En attendant, le «massacre» continue sans qu’on trouve de réponse à ce curieux phénomène qui marque le péril que court la langue.
L exilé
17 novembre 2022 à 12:36
Pour être sur cette faillite de l apprentissage, lisez le témoignage d un cadre ministère dans son livre Carnet d’Ecoles, éditions Arabesques 2021.
HANINI Chokri
18 novembre 2022 à 06:49
Allez à la BIAT d’Hammamet centre et vous trouverez une affiche nationale avec inscrit le « PASSE » vaccinal.