Le statut de l’artiste dans sa dernière copie peut résoudre le problème des artistes qui, malheureusement, ne sont pas à l’abri de la précarité et pour lesquels la Mutuelle mène un combat. Et pourtant, une signature du plus haut sommet de l’Etat sauvera des milliers de cas. Il est temps…
Mardi dernier, la Mutuelle des artistes a tenu une conférence de presse au Rio pour annoncer un appel à la solidarité, mais aussi pour parler des freins administratifs qui entravent l’activité de cette mutuelle qui se bat pour la dignité de l’artiste.
Comme nous le savons tous, la crise du Covid-19 a mis à nu la précarité de nos artistes. Certaines situations étaient vraiment incroyables! Maintenant que la pandémie est derrière nous (ou presque), la Mutuelle des artistes tente de poursuivre son combat en tentant de régler la situation des artistes entre 55 et 65 ans, qui vivent des situations difficiles, sans aucune couverture sociale.
Force est de croire que la Mutuelle est assez récente et, des fois son concept est incompréhensible pour les décideurs et même pour les artistes qui la considèrent comme un énième syndicat. En effet, l’administration tunisienne, dont le ministère des Affaires sociales, n’arrive pas à comprendre le concept d’un intermittent de spectacles… A la Cnss, on n’arrive pas à saisir non plus ce concept, et pour ces caisses en question, un artiste doit payer ses cotisations tous les trois mois. Comment un artiste qui n’ a pas de contrat depuis six moix ou un an, par exemple, peut payer la Cnss ? Le premier point donc évoqué, c’est justement cette oreille sourde des caisses et des ministères concernés. A chaque fois, nous avons l’impression que ces administrations sont un arbitre de tennis qui dirige un match de foot et qui refuse de comprendre que la situation des artistes nécessite d’autres dispositions mentales.
«Notre régime de retraite ressemble à celui des fonctionnaires, mais nous n’avons pas les mêmes revenus, a déclaré Habib Belhadi. C’est une situation que l’Etat tunisien n’a pu résoudre aussi bien avant qu’après le 14 janvier. La loi de 2002 est aujourd’hui caduque. C’est une loi qui a laissé plusieurs artistes à la merci de la Cnss. La Mutuelle propose donc d’accompagner les artistes entre 55 et 65 ans dans un programme particulier, de manière à payer la Cnss pour une tranche d’âge de 55 à 65 ans. Ainsi, l’artiste peut avoir accès aux soins et à une petite pension. On exhorte aussi le ministère des Affaires culturelles et les producteurs à soutenir cette initiative. Un projet estimé à un million de dinars. La Mutuelle ne dispose pas de cette somme, mais nous allons travailler pour ce projet».
Pour sa part, Fethi Msellemani a déclaré : «Ce qui nous manque, c’est l’union… et une seule voix commune et le projet sera signé ! Pourquoi la Mutuelle ne crée pas ses propres ressources financières? On peut proposer un pour cent par exemple sur chaque contrat signé par les acteurs de télé qui, en fin de compte, travaillent sans carte professionnelle. Cela dit, il faut réussir à nous rassembler et à nous unir».
«Après la création de la Mutuelle, nous avons rêvé de créer de nouvelles lois et un statut pour nous défendre, dit Aymen Tlili. Rien ne s’est passé ! C’est comme si on n’existait plus ! On a l’impression que les institutions nous considèrent comme un mirage. Nous ne sommes pas nombreux dans notre domaine et on ne s’est jamais unis dans une force de proposition devant les responsables. On croyait beaucoup à ce statut de l’artiste».
Au cours de cette rencontre, plusieurs artistes présents ont exprimé leurs points de vue, mais ils ont aussi exprimé leur confiance en cette Mutuelle qui les sort un peu des lenteurs et du laxisme des syndicats, mais qui leur donne aussi de l’espoir.