L’équipe de Tunisie après le mondial : Quel staff et quelle équipe pour l’avenir ?

crédit photos : © Mokhtar HMIMA
C’est le premier chantier qu’il faut attaquer après une Coupe du monde qui n’a pas atteint le principal objectif tracé.

L’après-Coupe du monde est toujours délicat, surtout en cas d’échec après une sortie pas très glorieuse dès le premier tour. Car on est devant la nécessité et l’urgence de rectifier ce qui n’a pas bien fonctionné et qui a empêché la réalisation de l’objectif escompté. Cette fois, il va falloir penser à aller plus loin que de simples correctifs et à opter pour des changements profonds. Lors de la prochaine Coupe d’Afrique, il est logique qu’on aurait devant nous un nouveau staff et une nouvelle équipe. Une sélection pas entièrement chamboulée, mais un effectif remodelé et reconstruit avec des hommes nouveaux et un cap réel vers l’avenir.

Jalel Kadri va-t-il quitter son siège de sélectionneur? Si oui, il ne sera pas le seul… Des joueurs s’apprêtent à s’en aller, tels que Msakni.
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Pas seulement un nouveau sélectionneur

Jalel Kadri a bien confirmé que son contrat avec objectifs à la tête des Aigles de Carthage est arrivé à terme après l’échec dans le Mondial qatari. Ce n’était pas une simple affirmation gratuite. L’homme sait que le vent du changement ne tournera pas en sa faveur et a donc tiré le tapis sous les pieds du bureau fédéral, en annonçant implicitement son probable départ avant le communiqué habituel d’un divorce à l’amiable ou d’un limogeage. Malgré tous les efforts qu’il a entrepris pour être le bon intérimaire et successeur de Mondher Kebaier et les quelques points positifs qu’on peut lui accorder lors de son court passage à la tête de la sélection, il assume sa part de responsabilité d’être passé à côté d’un moment historique. Bien sûr, on ne peut pas oublier les deux belles prestations de l’équipe contre le Danemark et la France, mais on ne peut pas aussi ignorer l’essentiel qui a mis tout à plat et qui a diminué largement nos chances de qualification : la prestation et le résultat catastrophiques devant l’équipe la plus faible dans la hiérarchie du groupe qu’est l’Australie. Son mauvais coaching de cette partie-clé de la qualification a gommé tout le reste car le seul constat et la seule conclusion qui demeurent et ne se gomment pas après un Mondial, ce sont les chiffres et le palmarès. Et sur ce point, force est d’avouer que Jalel Kadri n’a pas réussi, pour ne pas dire qu’il a échoué. L’ un des points faibles de l’équipe de Tunisie au Qatar, c’est un staff où l’on a senti que son chef était un homme seul qui n’avait pas un très bon adjoint pour l’épauler dans la lourde tâche qu’est la gestion du groupe et la gestion des matches. Le meilleur exemple nous vient du banc de l’équipe de France où Didier Deschamps se concerte tout le temps avec son homme de confiance plus qu’adjoint depuis plus de dix ans à Marseille et en équipe de France, Guy Stéphan. Toutes les décisions sont prises à deux, après consultation et discussions discrètes et rapides, et portent la plupart du temps leurs fruits. Les changements opérés en deuxième mi-temps contre la Pologne en huitièmes après une première période laborieuse ont changé le visage de l’équipe et la machine française est revenue à une meilleure carburation pour finir le match en apothéose et terminer avec le score éloquent de trois buts à un. C’est pour dire que c’est fini le chef de staff patron qui décide de tout en solitaire. Comme il faut une belle équipe sur le terrain, il y a nécessité d’une belle équipe de staff sur le banc avec de grands connaisseurs au grand vécu comme entraîneurs et de bons fédérateurs de groupe. Et pas seulement d’anciens joueurs internationaux choisis pour l’encadrement et qui ne sont d’aucune utilité sur le plan technique et tactique. Tout changement à la tête de l’équipe de Tunisie doit être non pas un changement de sélectionneur, mais un choix de toute une équipe de staff composée d’entraîneurs compétents qui ont de la complicité entre eux, l’esprit et la volonté de travailler en groupe sinon les mêmes causes produiront les mêmes effets.

Tourner la page d’une génération

Pour les joueurs, il faudra aussi penser à régénérer l’effectif, à injecter du sang neuf, faire appel à de jeunes talents qui ont leur place, à construire dès maintenant un socle solide de l’équipe de la future Coupe du monde 2026.

La Coupe du monde au Qatar est la dernière pour une génération de joueurs qui doivent passer le relais. C’est le cas de Aymen Balbouli et de Moez Hassen dans les buts. Aymen Dahmen et Béchir Ben Saîd méritent d’être les futurs derniers remparts de la sélection en attendant de compléter la liste des quatre bons prétendants à ce poste pour faire jouer la concurrence à fond. En défense, l’heure a sonné pour le trio Meriah-Bronn-Ifa de quitter la sélection et de construire autour du patron de la charnière centrale, Montasser Talbi, et de Nader Ghandri une autre ossature axiale où des jeunes peuvent faire leur apparition et commencer leur période de rodage dans la sélection. Wajdi Kechrida doit être confirmé comme premier dans la hiérarchie des latéraux, côté droit, et on doit chercher des doublures jeunes pour Ali Mâaloul et Ali Abdi sur le flanc gauche.

A l’entrejeu, si la paire Laidouni-Skhiri constitue notre meilleur tandem de sécurité pour le travail de récupération et des batailles de supériorité dans les duels au milieu de terrain, il nous faut des milieux créateurs de projection vers l’avant, à l’image de Mohamed Ali Ben Romdhane avec plus de confiance en Hannibal Mejbri et Anis Ben Slimane qui ont l’atout jeunesse et le temps de faire une grande marge de progression tout en essayant de dénicher d’autres oiseaux rares. Youssef Msakni est arrivé lui aussi à la fin de son parcours et de son idylle avec les Aigles de Carthage et il faudra trouver un bon successeur dans le poste de leader. Tout comme Wahbi Khazri qui a déjà annoncé sa retraite et qui n’a plus la flamme et l’énergie d’être le fer de lance constant de la ligne avant. Le temps est donc au changement pour repartir sur de nouvelles bases et reconstruire une nouvelle équipe qui rompt avec une mentalité de jeu basé sur la solidité défensive, l’attentisme, le verrouillage derrière sans aucun génie et sans l’audace pour un jeu porté plus vers l’offensive, la création et la séduction devant. Un vaste chantier auquel il faut la volonté d’innover avec des hommes, staff et joueurs, nouveaux.

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