Une Lettre-anniversaire, tel un arrêt sur image

 

A l’occasion du trentième anniversaire de l’Institut de recherche sur le Maghreb contemporain, la Lettre de l’Irmc, qui rend compte trimestriellement des activités scientifiques de l’Institut, prend cette fois-ci la forme d’une revue, d’un hors-série. Une publication papier est en plus prévue à côté de l’édition en ligne. On y revient sur l’historique de cette structure installée dans une petite villa à Mutuelleville, qui deviendra au gré des ans un laboratoire de recherche multidisciplinaire. On y propose également à l’occasion de cet anniversaire des interviews et dresse des portraits de chercheurs, qui évoquent leurs parcours et leurs trajectoires professionnels : Amin Allal, Jean-Pierre Cassarino, Jocelyne Dakhliya, Eric Gobe, Imed Melliti, Lamia Zaki, Hend Ben Othmane, Delphine Cavallo…

Dans un témoignage écrit, Michel Camau, politologue et premier directeur de l’Irmc rappelle le contexte de la naissance de l’Institut en 1992 sur les fondations du Centre de documentation Tunisie Maghreb (Cdtm), au moment où s’effondrait le mur de Berlin et où émergeait le projet de création de l’Union du Maghreb arabe (UMA). Parmi les objectifs assignés à ce nouvel institut rattaché au Centre national de recherche scientifique (Cnrs) en France, Camau cite : « Favoriser la formation des jeunes chercheurs français et européens, en interaction avec les jeunes chercheurs du cru et mettre en place des programmes de recherche configurés dans une perspective euromaghrébine, qui permette une noria de chercheurs algériens, marocains et tunisiens entre la Tunisie et le Maroc ».

Dans son éditorial de la Lettre-Anniversaire, Katia Boissevain, l’actuelle directrice de l’Irmc, explique plus largement la démarche de Camau : « Dés- essentialiser la région, dé-spécifier les questions qui y sont travaillées et intégrer le Maghreb dans le grand concert des sciences sociales, au même titre que d’autres sous-ensembles régionaux tels que la Méditerranée, le Moyen-Orient et l’Amérique latine ».

Au fil du temps et des projets, les ambitions de Camau se sont largement réalisées même si le budget affecté à la recherche s’est beaucoup réduit ces dix dernières années. Et au politologue octogénaire de conclure son témoignage sur ces mots : « L’UMA s’est enfoncée dans le sable, mais point l’Irmc. Le projet d’une structure unitaire de recherche s’est transformé, par la force des choses, en une formule d’association et d’échange entre deux entités. Ce qui n’est pas rien ».

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