Hatem Ben Salem, ancien directeur général de l’Ites : «La transition énergétique impose une stratégie claire et bien définie» 

 

Intervenant lors de la Journée nationale du transport intelligent écologique et de la mobilité électrique, l’ancien directeur général de l’Ites, Hatem Ben Salem, a souligné que la réussite de la transition énergétique, un des défis majeurs auxquels fait face la Tunisie aujourd’hui, nécessite une bonne gouvernance au niveau du processus décisionnel mais aussi la mise en œuvre d’une stratégie claire et bien définie.

L’ancien directeur général de l’Ites, Hatem Ben Salem, a indiqué lors de son intervention à la «Journée nationale du transport intelligent écologique et de la mobilité électrique», que le pays manque de vision, alors que l’urgence économique exige la mise en place d’une stratégie multidimensionnelle à même de répondre aux défis actuels et futurs. « Nous avons vécu ces 12 dernières années à un rythme quasiment cavalier de la gestion des affaires publiques et cette gestion cavalière fait que l’on essaie de parer aux difficultés du quotidien sans réfléchir à faire de la prospective et à se préparer pour demain», a-t-il indiqué. Et d’ajouter : «Il y a un manque total de vision et de stratégie. Il ne s’agit plus aujourd’hui d’avoir des orientations mais il s’agit de mettre en place une véritable stratégie multidimensionnelle pour notre pays, qui s’opérera sur plusieurs années et qui doit être évaluée au fur et à mesure. Le constat aujourd’hui c’est que nos plans d’orientations ont disparu. Quand on parle, aujourd’hui, d’incohérence dans les politiques, c’est le résultat naturel de l’absence totale de vision stratégique pour le pays».

Ben Salem estime, à cet égard, que la première étape à réaliser consiste à  mettre en place une structure capable d’identifier les problèmes du pays et de mettre en œuvre une stratégie visant à résoudre les difficultés quotidiennes, mais aussi les difficultés à venir, dont la question de la transition énergétique. « Tout le monde sait que la Tunisie ne sera pas capable demain de faire face aux défis énergétiques. On a longtemps parlé de transition mais en réalité, on est en train de faire des politiques « déclaratoires ». On est tout à fait à côté de ce qui se passe dans le monde, notamment en Europe qui avance à pas de géants dans sa transition», fait-il remarquer.

L’impératif d’une nouvelle gestion urbaine 

Évoquant l’importance d’instaurer une nouvelle gouvernance  pour  la gestion urbaine, l’ancien ministre de l’Education a pointé le mode de gestion actuel des villes tunisiennes. « Aujourd’hui, il y a une véritable réflexion à faire sur la vraie décentralisation et la vraie politique d’aménagement de territoire. Il y a un besoin urgent de réurbaniser la Tunisie mais d’une autre façon », a-t-il souligné. Il a appelé à mener des réflexions sur la possibilité de construire de nouvelles villes dans les régions frontalières, des villes qui répondent aux besoins actuels des citoyens. « Il y a aujourd’hui un potentiel de reconstruction d’au moins quatre grandes villes, sur les frontières algériennes  et libyennes. Ces villes-là doivent être des villes Smart c’est-à-dire des villes adaptées au XXIe siècle, ce que nous ne pouvons jamais faire, malgré les efforts,  avec les villes d’aujourd’hui. Il y a un besoin de création de nouvelles villes […] pour  désengorger les anciennes», a-t-il indiqué.

Ben Salem a, en outre, appelé à la création  d’une nouvelle capitale.  Citant les difficultés rencontrées lors de la construction du RFR, l’ancien ministre a affirmé qu’il est aujourd’hui impossible de construire un vrai métro dans le Grand Tunis, vu la prolifération anarchique des villes.  «Les grandes villes de la Tunisie ont été construites de façon tellement anarchique qu’on est incapable aujourd’hui de mettre en place un système écologique de transport dans nos villes», a-t-il asséné. Pour l’intervenant, cette difficulté à mener à bien la transition écologique et énergétique des villes tunisiennes résulte d’un problème de vision, mais aussi de gouvernance, notamment au niveau de la prise de décision. Evoquant l’article 96 et le poids de la hiérarchie administrative, Ben Salem a souligné qu’il y a un véritable problème d’identification et de réaménagement du pouvoir décisionnel au sein de l’administration. «Aujourd’hui, personne ne peut nier que l’administration est devenue un véritable obstacle au développement du pays.  Pourtant,  il y a plein de compétences et de personnes capables de créer de nouvelles dynamiques. Il y a un processus décisionnel administratif qui bloque le développement du pays et qui fait qu’on renvoie les décisions aux calendes grecques», a-t-il conclu.

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