«Dar et Borj» de Aida Sellami Zahaf et Samia Smaoui Turki : Demeures, mémoire et patrimoine

 

Vient de paraître dans la catégorie Beaux-Livres Dar et Borj : Mémoire de Sfax aux éditions Mohamed Ali El Hammi. Au-delà de son excellente écriture photographique et ses analyses, le livre contient des témoignages émouvants des propriétaires de ces demeures.

Un beau-livre ce «Dar et Borj» qui restitue la mémoire de Sfax. La mémoire, pas dans sa dimension générale, mais une mémoire de demeures et de maisons anciennes. Mais cette fois, il ne s’agit pas seulement de photos, mais aussi de textes-témoignages. Dans ces témoignages, il y a beaucoup d’émotions de ces hommes et femmes qui se rappellent leur enfance dans ces Borjs. De ces souvenirs, ils en parlent avec beaucoup d’attachement à leur patrimoine.

«J’ai vécu dans une ambiance parfumée dans notre “Jnen”. Tous ces beaux souvenirs, dont je ne peux me détacher, m’ont incitée à reprendre le pavillon hérité de mon père et à le rénover, pour y demeurer, en mémoire de mes parents et de mes grands-parents paternels et pour revivre, chaque jour, ces beaux souvenirs dans l’authenticité et la fierté d’appartenir à cette belle et riche culture de notre chère ville», écrit Faiza bent Hédi Fakhfakh. En parlant du Borj de ses ancêtres, Abdelmajid Kamoun décrit le souvenir de leur déménagement saisonnier : «A l’aube du jour programmé, le charretier de la famille Lahrach amène devant la maison de la Médina sa charrette tirée par sa robuste mule Chahba. Il range minutieusement sur la charrette les meubles, caisses, ustensiles, matelas, coussins… à transporter. Le plus grand plaisir pour les enfants est de trôner tout en haut du chargement de la charrette, conduite à pied, par Lahrach, et de suivre de très haut les péripéties du voyage».

Aux allures scientifiques basées sur la méthodologie propre à l’anthropologie, celle des récits de vies, ce texte rassemble les témoignages de ceux qui ont vécu dans ces demeures anciennes et qui ont eu l’initiative et le courage de les restaurer, de les sauver de la déchéance. Le livre, parallèlement aux témoignages émouvants, contient aussi des analyses érudites et des informations insolites qui lui donnent une tonalité particulière. Un livre élégant dans la qualité de sa fabrication, mais aussi par la qualité des photographies réalisées par Pierre Gassin.

Notons que «Dar et Borj», est publié par Aïda Sellami Zahaf, Samia Smaoui Turki et la maison d’édition tenue par Nouri Abid, lui-même propriétaire d’un borj qui abrite la maison d’édition en question. Il est préfacé par Ghazi Gheraïri, ambassadeur de Tunisie auprès de l’Unesco et ancien vice-président du Comité du patrimoine mondial de l’Unesco. Sur un autre plan, les autrices de ce livre semblent bien impliquées dans la défense de ce précieux patrimoine, ce qui donne à leurs analyses beaucoup de relief. Aïda Sellami Zahaf écrit: «Dans ces cinq chapitres, nous avons abordé quelques maisons de la Médina “Diar Elm’dina”, puis certains Borjs. “Bab Bhar” constitue le troisième chapitre suivi par “Demeures en Péril” qui fait l’objet du quatrième volet. Dans chaque chapitre, les demeures apparaissent selon l’ordre chronologique. Le dernier chapitre “Initiatives” ferait-il l’ébauche de la réalisation du rêve de la sauvegarde de notre patrimoine ?».

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