Marée rouge sur les côtes Nord de Sfax : Un phénomène naturel

Au vu des premières constatations, les perturbations survenues sont dues à la hausse record de température et qu’il s’agit en réalité d’un phénomène naturel déjà enregistré, à pareille période, sur un certain nombre de zones sur les côtes tunisiennes.

• Le phénomène d’échouage de poissons et la nouvelle coloration rougeâtre de l’eau de mer ont été observés sur les côtes de Kerkennah en 2010, 2016 et 2017 et ils ont fait leur apparition, également en 2017, sur les rivages de Sidi Mansour, Louata, Ellouza et Boutria relevant de la délégation de Jébéniana, mais également ailleurs, à Zarzis et à La Chebba.

L’échouement de quantité de poissons, phénomène conjugué à la coloration rougeâtre suspecte de l’eau de mer et aux odeurs nauséabondes,  sur le littoral nord de Sfax et plus précisément au niveau de la zone située entre le Casino et la cité Hamza à Sidi Mansour, n’a pas manqué de semer le désarroi chez les habitants de la région et plus particulièrement les pêcheurs, poussant certaines familles à emménager ailleurs. De fil en aiguille, certains des habitants ont pointé un doigt accusateur vers l’Onas, attribuant ces phénomènes inquiétants à la pollution provenant du déversement d’eaux usées dans la mer.

Réaction immédiate des  responsables de l’Onas qui s’inscrivent en faux contre une telle accusation assurant que le déversement des eaux usées provenant de la station d’épuration est soumis à des règles strictes et des normes nationales et internationales et qu’il n’intervient qu’à la suite de la phase préalable de traitement. Le  PDG de l’Office national d’assainissement, Abdelmajid Bettaieb, a formellement  démenti la rumeur faisant état du déversement d’eaux usées de façon directe dans les eaux du littoral de Sfax. Le responsable a mis l’accent sur le fait que les eaux usées provenant de la zone Nord du gouvernorat de Sfax sont préalablement traitées avant d’être acheminées par le biais d’une conduite de 6 km de longueur pour être déversées dans les eaux profondes. Le Pdg de l’Onas a déclaré également qu’aucun arrêt n’a été récemment enregistré au niveau des stations d’épuration dans le gouvernorat, assurant que toutes les installations fonctionnent de façon normale. Pour sa part, l’Agence nationale de protection de l’environnement à Sfax (Anpe) s’est empressée de dépêcher un groupe d’experts composé de représentants de l’agence, de la Direction régionale de la santé et de l’Institut national des sciences et technologies de la mer qui ont prélevé des échantillons pour les besoins d’analyses approfondies. Dans une déclaration radiophonique, Monia Boudeya, représentante régionale de l’Anpe à Sfax, a affirmé qu’au vu des premières constatations, les perturbations survenues sont dues à la hausse record de température et qu’il s’agit en réalité d’un phénomène naturel déjà enregistré, à pareille période, sur un certain nombre de zones sur les côtes tunisiennes.

La même version scientifique a été avancée par le ministère de l’Agriculture qui explique que le phénomène a pour origine une micro algue ou phytoplancton qui prolifère dans des conditions particulières, secrétant une toxine responsable de l’anoxie (manque d’oxygène), de  la destruction des cellules sanguines des poissons et de l’hémorragie qui s’ensuit.

Il faut dire que  le phénomène d’échouage de poissons et la nouvelle coloration rougeâtre de l’eau de mer ont été observés sur les côtes de Kerkennah en 2010, 2016 et 2017 et qu’ils ont fait leur apparition également  en 2017, sur les rivages de Sidi Mansour, Louata, Ellouza et Boutria relevant de la délégation de Jébéniana, mais également ailleurs, à Zarzis, gouvernorat de Médenine et à la Chebba, gouvernorat de Mahdia.

Déjà, il y a plus de deux décennies, un vent de panique avait soufflé sur le secteur de la pêche à Sfax, lourdement affecté par l’échouage de poissons. Les marchés aux poissons, particulièrement celui de Bab Jébli, marchés qui ne désemplissaient pas, grouillant quotidiennement de clients, avaient été  littéralement désertés au grand dam des  mareyeurs, dépités de se voir contraints de jeter leurs marchandises à la poubelle. Le phénomène de désaffection des acheteurs ayant pris des proportions intolérables, les vendeurs ont eu une trouvaille géniale : allumer un feu de charbon dans des « kanouns » pour préparer des grillades sur la brise  et les proposer gratis aux rares citoyens qui traversaient l’enceinte du marché. On se souvient que le gouverneur de l’époque s’est porté volontaire pour servir de « cobaye » à ces scènes de dégustation, pour inciter les citoyens à (re)consommer du poisson.

A noter, enfin, que le phénomène de la « marée rouge », qui remonte à la nuit des temps, a constamment touché les côtes de certains pays à climat chaud, ayant été constaté aux Caraïbes, au Golfe du Mexique, en Egypte où il était considéré comme l’une des dix plaies du pays puisqu’il décimait la faune du Nil dont il empuantit les eaux, aux Etats-Unis en  1878 et 1918 (Floride), en Inde en 1935, au Sultanat d’Oman en 1976, aux Emirats arabes unis en 2008, au Koweit en 2011, etc.

Les spécialistes tiennent surtout à mettre en garde contre toute tendance à associer systématiquement l’apparition de la marée rouge à la pollution et de laisser le soin d’établir éventuellement le lien de cause à effet entre les deux phénomènes aux scientifiques !

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