Un mécanisme flou

Editorial La Presse

A l’heure  où les tensions sont si vives, où la difficulté à s’écouter et à se parler est si grande, le dialogue social, indispensable pour lisser la crise, devient improbable. En effet, gouvernement et syndicat ne se parlent plus mais se tirent dans les pattes depuis plusieurs mois par le biais des médias sur l’épineuse question de la levée de la subvention sur les produits alimentaires de base, sur les médicaments ou sur le carburant. Face aux déclarations incendiaires de l’Ugtt qui risquent de mettre le feu aux poudres, le gouvernement réplique par des voix dissonantes non pas pour contredire la Centrale syndicale mais pour rassurer les citoyens et calmer leur ardeur. Toutefois, la riposte vigilante du gouvernement  par égard à ses engagements vis-à-vis du FMI qui conditionne son prêt à la Tunisie par l’engagement illico presto des réformes envisagées où la levée de la subvention demeure la clé de voûte, assure que cette levée sera progressive, ciblée et orientée vers les ayants droit. Cependant, les contours de cette démarche restent flous et basés sur des statistiques qui risquent de ne pas être conformes à la réalité. En effet, le nouveau mécanisme qui permettra de classer les différentes catégories sociales en Tunisie et dont on parle depuis belle lurette n’a jamais été présenté de façon officielle. Ce qui renforce le doute quant à sa fiabilité ou son acceptation par les Tunisiens tant que la couche des démunis ne cesse de s’agrandir dans le pays. Qui est pauvre ? Qui est démuni ? Qui est nécessiteux ? Les retraités sont-ils concernés ? Les réponses des ministres à ce sujet restent vagues et évasives. De plus, la classe moyenne, qui était le rempart contre les tensions sociales, mais qui se rétrécit chaque jour comme une peau de chagrin, sera-t-elle exclue de la liste des bénéficiaires dans le cadre du nouveau mécanisme ? Tant de questions semblent plomber les pieds des ministres en charge de ce dossier. Leurs réponses sont timides, alors que le feu couve sous la cendre. Faute de négociations franches avec les syndicats, ce mécanisme met le pouvoir d’achat en danger et les Tunisiens ont le droit de savoir.

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