Accueil A la une Reportage | Les Tunisiens loin de l’engouement de 2014 et 2019 : Désintérêt général, mais …

Reportage | Les Tunisiens loin de l’engouement de 2014 et 2019 : Désintérêt général, mais …

Les tunisiens pour la plupart ont vaqué à d’autres occupations dominicales au détriment du jour du scrutin. Un sentiment de lassitude et de résignation s’est emparé d’eux.

Le 2éme tour des élections législatives a commencé hier matin à 8h dans la plupart des centres de vote du pays et ont fermé à 18h, d’après les instructions de l’Instance Supérieure Indépendante pour les Élections (ISIE). Mais il semble qu’avec le faible taux de participation et la baisse du nombre de votants enregistrés au second tour, ce dernier soit voué à l’échec.

L’ISIE a affirmé avoir ouvert l’ensemble de ses 4222 centres et 10012 bureaux de vote. Une présence de l’ensemble de son encadrement personnel sur place pour accueillir les électeurs. Du reste 7 853 447 votants sont enregistrés, dont 4 millions de femmes, à raison de 5 827 949 inscrits volontairement et 2 025 498 inscrits automatiquement. Il faut savoir que parmi ces derniers seuls 15 195 ont voté soit moins de 1%… Une catégorie de la population qui contribue à baisser le taux de participation global.

Même des personnes qui ont choisi de voter au premier tour ont décidé de ne pas le faire au second ou ne sont plus enregistrés, Quand d’autres ont boycotté pour la première fois des élections législatives. On est bien de l’engouement de 2014 ou 2019 mais les raisons sont justifiées.

Le matin même, un taxiste démobilisé et fier de l’être fait part de ses intentions et son sentiment : « Je ne vote pas ce matin tout comme au premier tour d’ailleurs. On ne veut plus entendre parler de Parlement et on aurait bien voulu pouvoir s’en passer ». En effet, de nombreux tunisiens estiment que le Président de la République Kaies Saied aurait pu se passer de ces élections législatives qui se dessinent comme « une montagne qui accouche d’une souris ». Mais comme il faut se plier aux exigences de la transition démocratique par l’organisation et le déroulement d’élections libres et transparentes, la Tunisie tient à être au rendez-vous contre vents et marées. Mais les électeurs lassés ne l’entendent pas de cette oreille et boycottent en masse les élections législatives. Les tunisiens reconnaissent quasiment à l’unanimité, « l’intérêt d’un régime présidentiel et la fin des activités parlementaires et de tout régime parlementaire qui est un fiasco total car il a sans doute causé la ruine du pays durant la dernière décennie ».

Des votants aux abonnés absents
Les tunisiens de façon générale ont en par dessus la tête de la politique. « A ta place, même en me rendant au bureau de vote par devoir électoral, je voterais blanc. Je ne donne ma voix à aucun candidat parlementaire ». Ces propos sont tenus par un septuagénaire. Que dire alors des jeunes qui n’ont aucune confiance en eux et les méconnaissent ? Sans parler des jeunes qui ont déserté tout bonnement le pays pour l’Eldorado européen. À regarder les gens aux alentours de certains centres de vote, l’index, le fameux doigt à tremper afin d’éviter le vote une seconde fois, n’est pas bleu ! Les tunisiens sont trop occupés à faire leurs petites emplettes au marché quand d’autres rôdent avec du pain. « Le désintérêt général s’est déjà fait sentir au premier tour pourquoi s’attendre à un deuxième tour plus abouti ? » rétorque un passant du côté de Ksar Said (Tunis).

Dans les foyers, dans la rue, dans les marchés, les tunisiens parlent de tout sauf des élections législatives, à croire que cela ne les concerne pas ! Vers le coup de midi, l’ISIE a transmis son premier bulletin de la journée.

Le taux de participation a pâle allure. Sur les prés de 8 millions d’électeurs potentiels seuls 369 561 ont voté jusqu’à 11h. Soit un taux de 4,71%, 1 électeur sur 20 ! Pourtant l’ISIE a appelé les électeurs à se rendre en masse aux urnes, mais rien n’y fait.

Pourtant par la voix de son président M.Farouk Bouasker, lors d’une conférence de presse diffusée au grand public, l’Instance défend l’intérêt porté par les électeurs au second tour. M. Bouasker affirme même que les résultats préliminaires sont meilleurs que lors du premier tour, il y a plus d’un mois.

 

 

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