Le silence est un choix

Editorial La Presse

Contre vents et marées, le second tour des législatives a eu lieu. Certes, le taux de participation est en deçà des espérances, toutefois il tourne une page dans le processus politique et marque un pas vers le retour à la constitutionnalité tant réclamée et revendiquée par les détracteurs de Kaïs Saïed. Cependant, si les uns se frottent encore les mains, estimant que ce taux d’abstention est une victoire pour l’opposition, ils semblent encore ignorer que quel que soit le taux de participation à ces élections, une parenthèse est déjà fermée. Car mépriser les électeurs  qui ne se sont pas rendus en masse aux urnes est une insulte à la démocratie, mais glorifier leur abstention est une forme d’instrumentalisation  de leur silence à des fins autres que celles véhiculées par leur non-participation.

Qu’ils soient donneurs de leçons ou tartuffes et hypocrites, le message du  peuple libre à leur encontre est que ce dernier n’acceptera plus la mainmise de la classe politique sur la destinée du pays. Ce peuple accepte toujours le Président et rebute les hommes politiques, y compris ceux qui vont former la nouvelle législature.

D’ailleurs, le premier tour qui a été décrit comme une poussée de l’opposition  contre Saïed et dont le second est venu confirmer le rejet du processus politique post-25 juillet 2021 n’est qu’un miroir aux alouettes car la vérité, il faudrait la chercher dans les raisons profondes de cet abstentionnisme à grande échelle. En effet, ceux qui se présentent comme les grands censeurs de ces élections et s’en prévalent ne sont vraisemblablement que de simples spadassins qui vont se réveiller avec un mal de crâne généralisé après l’intronisation de la nouvelle Assemblée populaire. Car cette abstention est loin d’être dictée par l’opposition mais par un rejet populaire d’une institution à l’image d’un cirque qu’ils ont eu l’occasion d’éprouver durant des années. Ce message dont tout le monde essaye d’occulter les contours est pourtant clair et est une leçon magnifique de démocratie contre ceux qui estiment que le peuple manque encore de lucidité et de maturité.  Le peuple, qui a demandé la dissolution du Parlement, ne croit plus à une démocratie parlementaire qui divise et détruit le pays. S’il n’a pas participé à  ce scrutin, ce n’est pas pour donner du crédit à ceux qui sont contre Saïed, mais c’est pour manifester son rejet d’un processus qui le ramènerait à la case départ. Et quand le peuple s’exprime, le premier devoir d’un responsable, c’est de tenir compte de ce qu’il vient de dire. A ce moment-là, on ne peut plus faire semblant de ne pas l’entendre. Le message est que la Tunisie n’a plus le droit à l’erreur. Et si l’on s’entête à persévérer dans les mêmes choix, ce sera compter sans le soutien du peuple.

Un commentaire

  1. KHEMIRI

    31/01/2023 à 14:33

    « est une leçon magnifique de démocratie » Et quelle leçon ! C’est honteux !
    « Le peuple, qui a demandé la dissolution du Parlement, ne croit plus à une démocratie parlementaire qui divise et détruit le pays… » Ah bon ! c’est le peuple qui s’est réveillé le 25 juillet 2021 pour réclamer la dissolution ! Vous êtes pire que le Président ! Votre place est à Carthage à ses côtés. Pauvre éditorialiste ! Vous êtes cynique ou naïf ! Vous jetez l’opprobre sur votre quotidien « La Presse ». Dommage pour lui !

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