Le sens de la responsabilité…

Editorial La Presse

 

Quand on est nommé responsable d’une quelconque institution ou instance publique, on est forcément le lien entre l’Etat, cet être abstrait mais présent à travers son autorité réglementaire et ses services octroyés, et entre le citoyen contribuable qui s’acquitte des impôts pour bénéficier de ces services publics. Ce responsable, qu’il soit ministre, président-directeur général, gouverneur ou n’importe quel poste, muni de pouvoir et de moyens, est redevable de ses décisions, de ce qu’il a apporté au citoyen. Il assume autant de responsabilités que de pouvoir et d’attributions accordés; mais, hélas, nous avons souvent grandi et vécu avec cette notion biaisée du responsable qui n’assume rien, qui peut traîner et altérer l’instance qu’il dirige, sans rendre de comptes. Pire, l’Etat, en Tunisie, est perçu auprès du citoyen d’une manière péjorative. Et cela parce que ces responsables qui défilent dans les médias pour raconter n’importe quoi et pour préserver le système dans lequel ils vivent et avancent dans leurs carrières n’ont aucun sens de la responsabilité. Il suffit que ces messieurs et dames, qui occupent des postes clés, prennent un jour un transport public, qu’ils se rendent à la poste, à la Steg, à la Sonede, qu’ils fréquentent l’école publique, qu’ils empruntent les routes et les rues dans les quartiers populaires, qu’ils se rendent à un hôpital pour sentir et comprendre le malaise des gens.

Etre responsable en Tunisie revient à jouir d’un poste et à se faire entourer dans la plupart des cas, de gens incompétents et archaïques, qui servent, souvent, les intérêts de leurs « gourous ». Résultat: des responsables  déconnectés de la réalité ou, au contraire, conscients mais impuissants ou complices, qui ne résolvent pas les problèmes, n’améliorent pas le bien-être sociétal et ne développent guère les ressources de leurs institutions. Ils savent, quelque part, que rien ne leur arrivera s’ils faillent à leur mission. C’est tout un système de laisser-aller qui use l’Etat depuis de longues années et qui empêche toute réforme sérieuse. Dans un Etat de droit, les responsables fautifs ou les auteurs d’infractions nuisibles à l’Etat sont poursuivis et non seulement exonérés. C’est souvent tout le contraire de ce qu’on a ici. Ce sont des personnes  qui ne saisissent pas l’enjeu de leurs postes et qui ne partagent pas le ras-le-bol de leurs clients et vis-à-vis. En plus, aucune imagination, aucun courage à quitter leurs postes quand les objectifs ne sont pas atteints. Il y va de la crédibilité de l’Etat, de son image qui se ternit au fil des échecs. Il  faut, alors, chercher de vrais responsables loyaux, tenaces et compétents et non des gens assoiffés de pouvoir, d’avantages et de clans d’intérêts croisés et suspects. Peut-être qu’il viendra un jour où cette race de responsables dominera la scène. Qui sait…

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