
Mohamed Souilem, ancien directeur général de la politique monétaire à la BCT
« Il existe des signes positifs concernant l’accord avec le Fonds monétaire international. La Tunisie sera confrontée, au cours des quatre prochaines années, à un important remboursement du principal de la dette en dinars tunisiens, en plus de l’augmentation du volume de la dette extérieure. Le problème réside dans la manière de mobiliser les ressources nécessaires pour que la Tunisie puisse remplir ses obligations intérieures et extérieures. L’accord avec le FMI ouvrira les portes de la coopération financière bilatérale et multilatérale avec les pays partenaires et facilitera l’accès aux financements auprès d’institutions, telles que la Banque mondiale et la Banque africaine de développement. Ces parties exigent de conclure un accord avec le FMI afin que la Tunisie puisse élaborer un programme correctif pour l’économie nationale et rectifier les déséquilibres. La priorité est de ramener le taux de croissance à des niveaux plus élevés afin que l’Etat puisse mobiliser davantage de ressources fiscales et réduire ainsi le déficit budgétaire. Les entreprises publiques sont devenues une lourde charge pour l’Etat qui n’est plus en mesure de leur accorder un soutien, ce qui explique le manque de matières de base comme le carburant, le café, le sucre, etc. Or, l’Etat doit pouvoir fournir des fonds pour ces entreprises qui doivent être réformées de l’intérieur, faire pression sur leurs dépenses ainsi que réduire leur déficit. L’Etat est la locomotive de l’investissement, mais il est, aujourd’hui, impuissant et dans le cas où des fonds sont disponibles, il pourra peut-être le faire avec le soutien du secteur privé ».
Helena Dalli, commissaire européenne pour l’égalité
« Notre partenariat avec la Tunisie est ancré dans les valeurs partagées comme la démocratie, l’Etat de droit et les droits humains, y compris les libertés fondamentales. Nous croyons que le respect du droit à un procès équitable et les exigences d’une procédure régulière, y compris la transparence judiciaire, sont fondamentaux. Notre partenaire et voisin traverse une période de transition délicate. L’Union européenne s’inquiète de certaines mesures adoptées en Tunisie ces derniers mois et la dégradation de la situation économique en Tunisie porte à davantage d’inquiétude. La Tunisie est un pays qui souffrait déjà de fragilités structurelles, a ensuite été davantage touchée par les conséquences de la pandémie du Covid-19 et maintenant par l’impact dévastateur de l’agression russe contre l’Ukraine. L’Union européenne est bien consciente de la complexité du contexte socioéconomique actuel en Tunisie. Les importantes réformes qu’elle doit accomplir pour assurer une prospérité à long terme peuvent être douloureuses. L’UE se félicite de l’accord conclu au niveau technique entre l’administration tunisienne et le Fonds monétaire international. Il est maintenant urgent que l’accord soit signé. Nous avons besoin d’un engagement clair du gouvernement tunisien à mener à bien les réformes structurelles qu’il a proposées au Fonds. L’Union européenne reste déterminée à accompagner la Tunisie dans la mise en œuvre de ces importantes mesures. Dans les circonstances politiques actuelles en Tunisie, un dialogue inclusif avec tous les acteurs politiques concernés et la société civile reste crucial. Garantir le consensus le plus large possible est fondamental pour assurer des réformes réussies et une croissance durable. C’est un message que nous avons passé ces derniers mois à nos partenaires tunisiens et que nous reconfirmons aujourd’hui ».