Accueil A la une Agriculture : 33 pesticides dangereux toujours importés par la Tunisie

Agriculture : 33 pesticides dangereux toujours importés par la Tunisie

 

Pour développer un mode agricole durable et résilient et reconnaître les semences paysannes, l’ATP plaide en faveur de la révision du cadre réglementaire régissant les semences en Tunisie et qui date de 1999.

La société civile en Tunisie, dont l’Association tunisienne de la permaculture (ATP), s’emploie à sensibiliser davantage à une alimentation saine à travers l’organisation d’initiatives citoyennes, ont annoncé des experts intervenant lors d’une formation organisée par ATP, les 15, 16 et 17 février, au profit de journalistes tunisiens, sur «les semences et les politiques agricoles et alimentaires en Tunisie».

D’ailleurs, de plus en plus de Tunisiens sont conscients des effets néfastes des pesticides souvent utilisés dans l’agriculture intensive et cherchent, aujourd’hui, une alternative pour consommer sain. C’est dans cette optique qu’une première édition du festival «Je mange tunisien», sera organisé dans le cadre de programme africain «My food is african», les 4 et 5 mars 2023 à Chbedda dans la région de Ben Arous (banlieue sud de Tunis).

L’objectif de cette initiative est de promouvoir une alimentation tunisienne saine qui permet de garder un sol sain, des aliments sûrs et des régimes diversifiés.

Protéger les semences paysannes, une question de santé publique

Selon Dr Chiraz Béji, de l’Institut national de nutrition et de technologie alimentaire (Innta), il est temps de repenser les systèmes alimentaires et de changer les modes de production, de transformation, de commercialisation et de consommation.

«Des systèmes alimentaires durables pourraient être garantis à travers le développement d’une agriculture locale, des circuits courts, une vente directe producteurs-consommateurs et des marchés paysans», a-t-elle souligné, tout en ajoutant qu’il s’agit, aussi, de réapprendre à cultiver, transformer, cuisiner et développer une agriculture urbaine et périurbaine dans le cadre de l’économie solidaire et sociale.

Face au manque de rigueur et de transparence concernant l’importation de pesticides à usage agricole bannis de l’UE et avec le déclin du rôle de la vulgarisation agricole dans l’accompagnement des agriculteurs, les risques sur la santé humaine sont de plus en plus présents en Tunisie et dans les pays en voie de développement, principaux importateurs de ces engrais.

En effet, un rapport de l’Association de l’education environnementale pour les futures générations (Aeefg), réalisé en collaboration avec le Réseau international pour l’élimination des polluants (Ipen) et rendu public en 2020, avait déjà révélé qu’environ 33 pesticides dangereux sont toujours importés par la Tunisie, alors qu’ils sont bannis en Europe.

Le lien entre plusieurs maladies et l’usage de pesticides dans l’agriculture a été confirmé par plusieurs enquêtes et études internationales et nationales, dont celle réalisée par l’Ancsep, en 2006, sur les résidus de pesticides dans la chaîne alimentaire.

Face à ces risques et pour atteindre la souveraineté alimentaire, Habib Ayeb, président de l’Observatoire de la souveraineté alimentaire et de l’environnement, plaide en faveur d’une «révolution agraire avec une réforme radicale qui limite les tailles (minimum pour éviter le morcellement) minimales et maximales des exploitations agricoles (plafond pour éviter les spéculations et les accumulations), interdit toutes les exportations de produits agricoles avant satisfaction de la totalité des besoins et interdit l’usage des pesticides et des engrais chimiques ainsi que l’irrigation dans les zones désertiques en dehors des oasis anciennes».

Autant de propositions qui méritent d’être prises en compte d’autant que la Tunisie compte parmi les pays les plus exposés à l’impact du changement climatique.

Appel à réviser la loi

La loi tunisienne relative aux semences, plants, obtentions et variétés végétales inscrites dans le catalogue officiel ne protège toujours pas les semences paysannes et va jusqu’à interdire leur vente et leur échange. Une situation bien étrange dans un pays qui dispose, pourtant, d’un héritage semencier de qualité et où les pénuries des produits alimentaires de base deviennent de plus en plus fréquentes. Cette loi, datée du 10 mai 1999, continue de favoriser la distribution de semences hybrides et non reproductibles sous forme de «paquets techniques», proposés par des firmes semencières et accompagnés d’engrais portant atteinte à la biodiversité et aux écosystèmes.

Pour développer ce mode agricole durable et résilient et reconnaître les semences paysannes, l’ATP plaide en faveur de la révision du cadre réglementaire régissant les semences en Tunisie et qui date de 1999. Cette révision pourrait se faire à travers l’élaboration d’une loi ou d’un registre dédié aux semences paysannes, à l’instar du cadre juridique proposé par l’Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique (AFSA, basée en Ouganda) et visant à atteindre la sécurité alimentaire et à résister à la prise de contrôle des systèmes africains de semences paysannes par les multinationales.

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2 Commentaires

  1. BOUGUERRA MOHAMED LARBI

    23 février 2023 à 12:48

    Bonjour
    Une fois de plus, je fais un commentaire même si je n’ai eu jamais de réaction de la part de la rédaction.
    J’ai la pénible impression que la personne (anonyme) qui a rédigé cet article ne connaît pas la différence entre PESTICIDES et ENGRAIS. J’espère me tromper et qu’il s’agit d’un lapsus calami!!

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  2. Famara

    1 mars 2023 à 13:49

    Il y a un lien évident entre les pesticides et les semences hybrides.
    Prendre l’un équivaut à prendre l’autre. Donc dénoncer l’un c’est aussi dénoncer l’autre.
    Le fait d’inviter à la promotion d’une politique ou loi qui promeut les semences paysannes qui se développent très bien dans les conditions agroecologiques est une proposition très pertinente.
    Vive ATP
    Merci aux rédacteurs de cet article

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