Affaire du royaume New Atlantis: Il ne manquait plus que ça !

Ce cas d’exemple servira de leçon à la députée en question comme à tant d’autres qui sont dans le pouvoir ou dans son sillage. La virtualité d’Internet et ses artefacts peuvent impacter le monde matériel et occasionner des dommages.


Il ne manquait plus au paysage politique qu’un royaume virtuel pour sombrer encore plus dans les abîmes de l’insignifiance. L’affaire du royaume «New Atlantis» qui a surgi de nulle part et au moment où la nouvelle Assemblée des représentants du peuple (ARP) s’apprêtait à exercer ses fonctions, n’a pas eu, du moins pour le moment, l’effet escompté par le Parti destourien libre (PDL) qui a dévoilé ce scandale. Les autres partis politiques n’ont pas encore émis de réactions et le président de l’ARP,  Brahim Bouderbala, a été catégorique en déclarant que l’ARP n’ouvrira pas d’enquête sur ce royaume virtuel.

Saoussen Mabrouk, qui vient d’être élue vice-présidente de la nouvelle Assemblée avec 87 voix et qui est accusée d’occuper le poste de ministre du Travail dans l’équipe de ce royaume, tente de minimiser l’affaire en expliquant qu’elle avait pris part à cet organisme virtuel à travers une «consultation juridique, rien de plus».

S’agirait-il d’un canular ?

L’affaire avait été dévoilée par un communiqué publié par le PDL, signé par sa présidente, Abir Moussi. La députée en question serait membre, avec qualité de ministre, d’un Etat virtuel, en cours de constitution et en quête d’une terre. Le nouveau royaume porte l’appellation «New Atlantis» et il est doté d’une équipe gouvernementale, un chef, et un roi (Harun Aydin), tous de nationalités différentes.

Après inspection du site officiel de ce royaume virtuel par un ingénieur en informatique, ce dernier nous a souligné que le site est hébergé aux Etats-Unis d’Amérique, plus précisément  à l’Utah, un État de l’ouest des États-Unis, avec comme nom de domaine : Kingdom-of-new-atlantis.com. La visite de ce site donne raison au communiqué du PDL détaillant les faits. Il s’agit, en effet, d’un Etat virtuel qui s’apparente beaucoup plus à une secte en cours de constitution doté d’un hymne national en langue arabe de mauvais goût. Sur une vidéo publiée sur ce site qui a sa propre télé (TV Kona), on a déjà célébré le premier anniversaire annonçant l’établissement de ce royaume de sagesse, de gloire et d’espérance, d’amour et de paix, de sécurité et de sûreté, le passage du rêve à la réalité. Des remerciements à travers cette vidéo sont adressés à son roi Harun Aydin,  son premier ministre Dr Mohammad Alabbadi, aux ministres et représentants du royaume et ses employeurs ainsi qu’à tous ses citoyens.

Niaisement, et en guise de commentaire, l’une des personnes qui ont visionné cette vidéo publiée en 2022 se demande: «Le royaume est situé dans quel continent ?». Il pourrait s’agir d’un canular, souligne notre source. Un canular qui lui rappelle la création de l’Etat fictif «Le Listenbourg» par des internautes suite à un canular lancé sur Twitter dans le but de se moquer du prétendu manque de connaissance géographique des Américains. Le pays fictif partage ses frontières terrestres avec le Portugal et l’Espagne et est pacifiste. Son roi s’appelait Listen 48. L’internaute à l’origine du tweet créateur se nomme Gaspardoo. Le pays est doté d’un drapeau et d’une histoire inventée.

Le virtuel peut occasionner plus de dégâts  

Rocambolesque et frisant le ridicule, commenteront certains observateurs, grave et dangereux, répliqueront d’autres car ce qui est virtuel est inhérent au monde de l’hameçonnage, de recrutement à distance et conséquemment, il pourrait  impacter la sécurité nationale du pays, d’où la grande importance qu’il faudra accorder à cette question et ne pas occulter certaines vérités qui fâchent. L’État islamique Daech est né à partir des réseaux sociaux avec des vidéos d’endoctrinement et même l’allégeance à cet Etat qui s’accomplissait via les réseaux sociaux. C’est dire combien est grand impact du virtuel sur le réel. C’est, par ailleurs, pour cette raison, et bien sûr pour d’autres comme  la récupération politique,  que le PDL a pris l’affaire au sérieux et a pointé du doigt la députée Saoussen Mabrouk. Le fait que le nom de cette dernière figure sur la liste des membres de ce gouvernement virtuel est susceptible de mettre en danger la sécurité nationale de notre pays. Le PDL a invité les autorités à enquêter  sur le fait qu’une citoyenne tunisienne occupant le poste de ministre dans un pays étranger (virtuel, il faut le souligner)  se présente aux élections législatives en Tunisie. La députée a-t-elle été hameçonnée? Ceci pourrait être le cas.

C’est l’avis même du nouveau président de l’ARP qui  a déclaré que l’Assemblée des représentants du peuple était visée par ceux qui s’étaient élevés contre les mesures du 25 juillet. Selon lui, l’affaire ne méritait pas l’ouverture d’une enquête. Ibrahim Bouderbala  a expliqué qu’il s’est entretenu avec la députée Saoussen Mabrouk et qu’elle l’avait informé qu’elle avait participé à cette organisation via une consultation juridique concernant des détails virtuels.  

Au demeurant, ceci servira de leçon à la députée en question comme à tant d’autres qui sont dans le pouvoir ou dans son sillage. La virtualité d’Internet et ses artefacts peuvent impacter le monde matériel et provoquer des scandales. Il faut se rendre compte que la sécurité nationale est aussi mise à rude épreuve par le biais de la cybercriminalité.

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