Selon un rapport du « think tank » américain « Atlantic Council », plus de 45% des investissements chinois en Afrique, entre 2006 et 2020, ont été concentrés dans six pays.
Le montant total de ces investissements est estimé à plus de 300 milliards de dollars.
Depuis l’an 2000, le commerce et les investissements chinois en Afrique ont explosé. La Chine pourrait jouer les premiers rôles sur le continent où elle est le principal investisseur dans le secteur des énergies vertes, loin devant la France et l’Italie. Selon un rapport publié par l’Agence internationale de l’énergie, les entreprises chinoises construisent actuellement 30 % des nouvelles capacités électriques en Afrique subsaharienne, soit plus de deux cents projets entre 2010 et 2020.
Une stratégie nationale de sécurisation des approvisionnements
La diplomatie chinoise en a été le catalyseur, associant aides et prêts publics en faveur de projets d’infrastructure, ces derniers étant confiés à de grandes entreprises publiques. Ces montages financiers ont pris parfois la forme de package deals prévoyant de rémunérer le partenaire chinois en matières premières.
Cette dynamique s’inscrit dans la stratégie nationale chinoise de sécurisation de ses approvisionnements. Dans un second temps, des entreprises chinoises confrontées à un marché intérieur très concurrentiel sont venues chercher de nouveaux débouchés. Ces dernières années, la Chine a multiplié les investissements en Afrique subsaharienne. Des financements qui ont permis à l’Empire du Milieu d’étendre sa présence sur le continent, et à ses entreprises d’acquérir de nouvelles parts de marché. Au grand dam des puissances comme la France et les Etats-Unis, partenaires traditionnels de ces pays.Le « think tank » américain « Atlantic Council » s’est penché sur les principaux pays qui reçoivent ces fonds. Dans un rapport publié le 16 mars, l’organisme révèle que les secteurs de l’énergie, des transports, des métaux et de l’immobilier ont concentré 87% des investissements réalisés par Pékin dans la région entre 2006 et 2020. Des montants injectés sous forme d’investissements directs et de contrats de construction financés par des prêts émis par des banques chinoises.
Selon le document, 601 investissements d’une valeur de 303 milliards de dollars ont été réalisés en Afrique subsaharienne durant cette période, principalement par des entreprises publiques chinoises. Le Nigeria, l’Ethiopie, l’Angola, le Kenya, la Zambie et la République démocratique du Congo en concentrent plus de 45%.
La Chine privilégie les pays dotés de façades maritimes
Abuja figure parmi les destinations phares des fonds injectés par la Chine dans les économies du continent, avec 13% de ces financements. «Ces destinations privilégiées des investissements de l’Empire du Milieu au sud du Sahara sont des puissances économiques régionales, des pays très riches en ressources naturelles ou encore des pays ayant un important poids démographique», explique Atlantic Council.Le rapport s’est aussi penché sur les secteurs les plus ciblés. On y apprend que l’énergie a accaparé le plus d’investissements durant cette période (34%) avec plus de 100 milliards de dollars, suivi de celui des transports (29%, soit 89 milliards), des métaux (13%, près de 40 milliards), et l’immobilier (11%, 32 milliards).
D’après le document, la Chine privilégie les pays dotés de façades maritimes. Pour preuve, 67% des projets y sont réalisés. « Entre 2006 et 2020, 406 investissements ont été réalisés dans des pays africains ayant des façades maritimes contre 195 investissements dans des pays enclavés », indique-t-il.
Parallèlement, les échanges commerciaux entre l’Empire du Milieu et les pays africains ont suivi un trend haussier. En effet, la part de la Chine dans les relations économiques de ces Etats est passée de 4 % en 2001 à 25,6 % en 2020, précise le groupe de réflexion.
En revanche, celles des Etats-Unis et de l’Union européenne ont diminué de 10 et de 8 points de pourcentage respectivement. « En 2019, la Chine était le premier exportateur de marchandises vers 26 pays d’Afrique subsaharienne. En ce qui concerne les importations en provenance des pays de l’Afrique subsaharienne, Pékin s’est classée au premier rang dans 13 pays de la région et dans le Top 3 dans 22 pays ».
Cette place prépondérante de la Chine a été confirmée par l’administration générale de la douane chinoise. Dans un rapport publié en janvier 2023, l’institution y révèle que les échanges commerciaux entre Pékin et les pays du continent ont atteint un montant record de 282 milliards de dollars en 2022, soit une hausse de 11% par rapport à 2021.