Accueil Culture La photographe Sylvie Lancrenon à La Presse : «J’ai traqué la beauté à la recherche d’un paradis perdu»

La photographe Sylvie Lancrenon à La Presse : «J’ai traqué la beauté à la recherche d’un paradis perdu»

Elle était à Tunis pour une sublime exposition de photos à la galerie Musk And Amber. Mais aussi pour un talk, la signature d’un livre et des rencontres qui généreront peut-être d’autres projets. L’exposition qu’elle présente à Tunis, «Corps en scène», réunit des portraits de célébrités, au premier niveau de la galerie, mais aussi et surtout un florilège de moments magiques réalisés dans un chantier avec les danseurs de l’Opéra de Paris. Nous l’avons rencontrée pour vous.

Photographe de l’intime, cette artiste a un regard de chercheuse d’âme. Elle sait, mieux que personne, voiler un regard, dévoiler un corps. Le grain de son papier est charnel, vibrant, saturé de lumière.

L’exposition qu’elle présente à Tunis, «Corps en scène», réunit des portraits de célébrités, au premier niveau de la galerie, mais aussi et surtout un florilège de moments magiques réalisés dans un chantier avec les danseurs de l’Opéra de Paris. Entretien.

Vous avez commencé à travailler sur les plateaux de cinéma, auprès des plus grandes vedettes. Est-ce ce qui a déterminé votre vocation ?

J’étais très jeune, et j’ai côtoyé les plus grandes stars. Et puis très vite, j’ai voulu prendre mes propres photos, faire mes propres choix, et avoir ma propre production. J’ai donc travaillé pour des journaux comme Elle, Le Figaro, et j’ai retrouvé les acteurs que je photographiais sur les plateaux. C’est devenu ma spécialité.

Est-ce chose aisée que de photographier ces monstres sacrés ?

J’aime la caméra, et je n’aime pas les photos figées. Il faut donc les apprivoiser, les amener à lâcher prise, et capter ce moment magique. Bien sûr, il y en a qui m’inspirent plus que d’autres. Mais quand on réussit à obtenir un rapprochement avec un acteur qui vous fait confiance, c’est un grand bonheur et la photo est réussie.

Votre meilleur souvenir ?

Avoir photographié Emmanuelle Béart. Elle est toujours partante, se raconte des histoires, joue un scénario. Car c’est cela une prise de vue : c’est comme un scénario de film. Il est vrai aussi que je suis très têtue, et que je ne lâche que lorsque j’y arrive. C’est en fait un vrai travail de séduction et un bonheur partagé.

Et puis des acteurs vous êtes passée aux danseurs…

J’ai toujours aimé la danse. Aussi quand Jean Louis Lacoste m’a fait visiter le chantier de son nouvel hôtel, je suis tombée amoureuse de son escalier. Il m’a tout de suite inspirée un sujet sur la danse. Je ne connaissais aucun danseur. J’ai invité les danseurs de l’Opéra. Tous sont venus. Je les ai mis en situation, je voulais du mouvement, de l’action, de la force. Je voulais que cela bouge.

Et je les ai laissés improviser. Comme tout photographe, peut-être plus même, vous êtes obsédée par l’idée de la beauté…

C’est d’ailleurs ce que je dis dans mon livre : «J’ai traqué la beauté à la recherche d’un paradis perdu. J’ai regardé le monde pour oublier, pour m’oublier. J’ai fonctionné à l’instinct, sans me retourner».

Des projets ?

J’aimerais travailler en Tunisie. La lumière y est si belle. Il me faut trouver un fil conducteur. Je cherche. 

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