Accueil A la une Pénuries alimentaires fréquentes : Va-t-on en finir un jour ?

Pénuries alimentaires fréquentes : Va-t-on en finir un jour ?

 

Même si Ramadan se déroule plutôt bien dans l’ensemble, avec du sucre et des produits laitiers disponibles de façon périodique, voilà que la farine et la semoule font des leurs et causent des tracas aux ménages tunisiens.

Les pénuries caractérisent le quotidien des Tunisiens qui ont appris à composer avec les aléas de la distribution réglementée mais détournée des produits de base. Farine, semoule, sucre, lait et beurre occupent le Top 5 des aliments les plus perturbés par les mauvaises pratiques, au niveau des circuits de distribution. Sans, pour autant, oublier l’huile, le café et le riz, il y a un certain temps. Mais pas seulement au niveau des aliments puisque même l’essence et l’eau subissent des perturbations et des coupures à répétition. Seul l’oxygène qu’on respire est gratuit, mais menacé par la pollution.

Achat compulsif !

La panique et la crainte s’emparent d’une frange de population, hantée par l’achat compulsif «lehfa». Du coup, on la voit chercher les produits  introuvables du moment, à savoir la farine que les épiceries fines et supermarchés vendent de façon rationnée. «Un paquet par client», lit-on sur l’écriteau. Ces jours-ci, ils n’en vendent plus, car «la semoule et la farine sont en rupture de stock», clament-ils. Toujours la même histoire depuis quatre ou cinq ans, ce qui a conduit le pays à faire face régulièrement et de façon cyclique à une période de pénurie.

Si bien que de nombreuses personnes s’y sont penchées et donnent leur avis et leur analyse, même les économistes ont tenté de répondre par eux-mêmes à ce phénomène qui se cristallise dans le mode de consommation alimentaire des Tunisiens. L’année dernière, l’économiste Ezzeddine Saïdane a publié une tribune à ce sujet via son compte social si bien qu’il est fructueux de s’en remémorer l’essentiel. Il y affirme alors que le marché tunisien commence peu à peu à manquer de beaucoup de produits indispensables comme les médicaments ou les carburants en plus des aliments et toutes sortes de produits à base de sucre… Le marché local n’est pas habitué, selon lui, à pareille crise, bien que le consommateur soit un peu surpris par toutes ces pénuries en chaîne, cumulées à l’inflation. « Mais il faudrait que l’on sache que la pénurie semble s’inscrire dans la durée. Il y a une chose commune à tous ces produits, c’est qu’ils sont tous sous le monopole de l’Etat», précise-t-il alors.

Pénuries, pourquoi ?

Saïdane y explique, dans la même tribune, le pourquoi des pénuries avant de proposer une solution. Les pénuries sont essentiellement dues aux difficultés de l’Etat à payer les subventions aux entreprises publiques et, par un effet domino et d’une crise des finances qui s’installe, cela perturbe l’approvisionnement et la distribution des produits de base. La solution, à l’en croire, est de mettre en place une stratégie qui permette à l’Etat de ne s’engager que dans les secteurs vitaux et d’intérêt national. La politique de subventions et de compensations ne peut plus continuer de la façon pratiquée aujourd’hui, afin de libéraliser et dénationaliser le marché du tabac, du thé ou du café par exemple. Pour soulager les finances de l’Etat, même si cela peut occasionner un manque de recettes également. Soit un cercle vicieux d’où il est difficile de s’extirper. Le défi est désormais politique, économique et social, afin de dépêtrer la Tunisie d’une mauvaise spirale. De même, les légumes sont aussi touchés aujourd’hui, mais pour d’autres raisons… Sans doute plus inquiétantes encore.

Pénurie de légumes…

Depuis l’an dernier, on le ressent avec des pommes de terre qui manquent par ci et des oignons par là. Aux dernières nouvelles et de source bien informée, nos agriculteurs du Nord-Ouest ne veulent plus cultiver les petits pois qui consomment beaucoup d’eau.

Même si sur les étalages de certains marchés, on en trouve encore, avec les haricots verts. Déjà qu’on apprend que même les tomates et les oranges le sont tout autant, si bien qu’une orange pour être cultivée et produire nécessite 80 litres d’eau ! Les oignons rouges de qualité ne sont disponibles que par endroits comme au marché de Sidi El Bahri, exposés à 3,8 D/kilo. Pour l’été à venir, on parle de manque de melon et de pastèque sur le marché… 

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