Le dossier de la Tunisie fait du surplace dans les rencontres FMI-Banque Mondiale: Une hirondelle ne fait pas le printemps

Forts de l’appui politique de l’Italie, de la France et de l’Union européenne, le ministre de l’Economie et de la Planification et le gouverneur de la Banque centrale sont allés au pas de charge avec un mot d’ordre : ne pas rentrer bredouilles. Sauf qu’une hirondelle ne fait pas le printemps et tout ce qu’on a récolté jusque-là, ce ne sont que des promesses et des messages rassurants. Concrètement, on continue à faire du surplace et l’examen du dossier de la Tunisie est, encore une fois, renvoyé aux calendes grecques.

Le dossier de la Tunisie a occupé le devant de la scène dans les rencontres de printemps de la Banque mondiale et du FMI. Entre un marathon de rencontres avec les premiers responsables des deux institutions de Brettons-Wood et un ballet diplomatique avec les représentants des pays frères et amis qui ont leurs poids dans le marché financier international, le ministre de l’Economie et de la Planification et le gouverneur de la Banque centrale ne savent plus à quel saint se vouer pour glaner une lampée pour lubrifier les finances publiques et combler les besoins du budget de l’Etat.

Forts de l’appui politique de l’Italie, de la France et de l’Union européenne, les deux responsables sont allés au pas de charge avec un mot d’ordre : ne pas rentrer bredouilles. Sauf qu’une hirondelle ne fait pas le printemps et tout ce qu’on a récolté jusque-là, ce ne sont que des promesses et des messages rassurants. Concrètement, on continue à faire du surplace et l’examen du dossier de la Tunisie est, encore une fois, renvoyé aux calendes grecques.

Pourtant, il est devenu aujourd’hui certain, à la lumière de nombreux indicateurs et données, que le pays fait face à une crise qui menace tous les aspects de la vie publique, y compris la paix sociale. En effet, outre les facteurs classiques de la crise économique dont souffre notre pays depuis longtemps, la Tunisie  est aujourd’hui confrontée à un effondrement quasi total de son appareil productif dans plus d’un domaine et secteur, conjugué à une terrible baisse de l’épargne, et, par conséquent, l’absence d’investissement  empêchant de la sorte l’économie nationale à créer de la richesse et des emplois.

De plus, les équilibres des finances publiques sont presque rompus, et le taux d’endettement public s’est élevé à plus de 100% du produit intérieur brut, soit un taux sans précédent dans l’histoire de la Tunisie, en plus de proportions dangereuses du déficit budgétaire et celui de la balance commerciale, ce qui menace le pays d’un défaut de paiement de ses dettes et le dirigerait vers l’état de faillite.

C’est ce qui fait trembler nos voisins européens qui, après avoir été des acteurs actifs dans ce blocage avec les bailleurs des fonds,  se sont réveillés avec un mal de tête atroce quant aux conséquences ravageuses qui peuvent résulter du désespoir social généré par cette crise. Car in fine, ce sont les catégories sociales vulnérables et à faible revenu qui seront frontalement exposées puisque le pouvoir d’achat  s’est détérioré, le chômage et la pauvreté dans leurs rangs ont augmenté et le phénomène de la migration irrégulière  a explosé, comprenant notamment des familles entières avec des enfants mineurs, comme expression du blocage de l’horizon et de la situation.

Certes, ces pays ont  exprimé leur préoccupation concernant le tarissement aigu des ressources financières extérieures de la Tunisie, face aux besoins importants pour boucler le Budget de l’État pour l’année 2023. Ils se sont alarmés de la dégradation des finances publiques, ainsi que de la hausse des cours internationaux du pétrole, ce qui est de nature à compromettre la soutenabilité de la dette publique tunisienne, outre les effets négatifs de l’accroissement de l’endettement du secteur public auprès du système bancaire, sur sa capacité à financer les opérateurs économiques.

Cependant, ce cri de détresse reste figé dans l’analyse économique et financière technique des deux bailleurs de fonds alors que les conséquences de la crise économique et financière de la Tunisie risquent de s’aggraver à la lumière des soi-disant « grandes réformes » en cours de négociation avec le Fonds monétaire international, et que le gouvernement a exprimé sa volonté de mettre en œuvre progressivement dans le futur mais sans autres diktats d’ordre politique tout en rejetant toute forme d’ingérence interne ou externe dans les affaires du pays.

C’est ce qui, en fait, brime les bailleurs de fonds et les marionnettistes qui tirent les ficelles des pantins en col blanc qui siègent dans leurs conseils d’administration. De toute façon, un nouveau prêt ne comblerait pas, dans tous les cas, les lacunes du gros budget tunisien. Mais nous devons compter sur nous-mêmes pour remettre le pays à flot et pointer du doigt les causes réelles ayant conduit à cette sinistrose inquiétante des finances publiques. En effet, pour baliser la voie à la relance économique, il faut identifier les facteurs qui ont impacté négativement l’activité économique dans le pays pour diagnostiquer le mal et le combattre frontalement. La reprise du tourisme, l’exportation du phosphate, les apports de la diaspora tunisienne à l’étranger porteront à nouveau les réserves en devises à un seuil rassurant. Car, pour préserver notre souveraineté financière, il faut se mettre au travail.

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