Accueil A la une Le Tunisien sous le rouleau compresseur de l’endettement : La spirale infernale

Le Tunisien sous le rouleau compresseur de l’endettement : La spirale infernale

 

Plus les citoyens sont dans le rouge, plus les banques se frottent les mains et tirent tant de profits et moins ils ont de chance de sortir des dédales de l’endettement.

Les banques tunisiennes ont réalisé des bénéfices record pour l’exercice de l’année 2022 allant jusqu’à 300 millions de dinars au moment où les soldes bancaires de la majorité des Tunisiens sont dans le rouge. 

Les ménages à faibles et moyens revenus sont frappés de plein fouet et le recours à l’endettent auprès des banques n’a fait que les appauvrir encore plus en raison de la tendance haussière du taux d’intérêt moyen du marché monétaire (TMM) imposé par la Banque centrale durant la même année. Une descente aux enfers à cause de la dette qui a commencé pour le citoyen avec ce TMM qui a atteint 7.25% en juillet 2018. En mars 2023, ce taux a atteint 8,05%, selon les statistiques publiées par la BCT.

Une politique financière qui ne profite qu’aux banques

La BCT espérait le ciblage de l’inflation et la stabilisation de la hausse des prix en optant à maintes reprises pour l’augmentation du TMM depuis 2016. Une politique qui n’a pas pris en considération la détérioration du pouvoir d’achat du citoyen et qui a profité aux banques et aux instances financières dans le pays, ce qui explique les recettes record de nos banques et l’enlisement aussi bien de l’Etat que du citoyen dans la spirale de l’endettement.   

En effet, le paragraphe 4 de l’article 25 de la loi 2016-35 portant statut de la BCT stipule que « la Banque centrale ne peut octroyer à la trésorerie générale de l’Etat des facilités sous forme de découverts ou de crédits, ni acquérir directement des titres émis par l’Etat ». Ainsi, les gouvernements qui se sont succédé au pouvoir depuis 2017 ont-ils eu recours à l’emprunt auprès des banques pour financer le budget de l’Etat.

La politique monétaire de la BCT profite donc plus aux banques qu’aux citoyens et à l’Etat. Par ailleurs, cette politique, comme le soulignent certains experts, n’a pas réussi à juguler la crise économique marquée par l’augmentation du chômage et une hausse globale des prix. L’inflation reste à un taux élevé de 10.3% durant le mois de mars 2023 selon les statistiques publiées par l’INS et le FMI a enfoncé le clou en mettant en garde, le 11 avril en cours, contre « les pressions croissantes auxquelles se trouve confronté le système financier mondial, dont l’augmentation de l’inflation et des taux d’intérêt, à un moment où l’inflation reste très élevée par rapport aux objectifs des banques centrales ».

A ce propos, il est à préciser que le député Mohamed Hédi Allani a appelé dans son entretien accordé au quotidien de langue arabe Echourouk ce lundi 17 avril à la révision de la loi en question (2016-35) et à revoir l’indépendance de la BCT à l’égard de l’État. « Cette banque doit revenir à l’État, puisque son indépendance a causé des dérapages financiers », selon ses propos. « Suite à cette loi, les banques se sont concentrées beaucoup plus sur les crédits octroyés à l’Etat dont elles tiraient un grand bénéfice que sur le financement des projets », a-t-il ajouté.

Crédit à la consommation : le taux d’intérêt explose  

Sans s’attarder sur les recettes record de certaines banques privées suite à l’augmentation du TMM depuis 2016, on s’arrêtera plutôt sur le cercle vicieux de l’endettement. La majorité des citoyens attendent la fin du mois pour éponger un tant soit peu le découvert avec le versement des salaires, puis « rebelote ». Avec un taux de chômage qui demeure lui aussi élevé, estimé à 15.2% pour le mois de mars 2023 selon l’INS, il n’est pas difficile de réaliser les difficultés financières auxquelles font face les familles qui comptent un ou deux jeunes chômeurs diplômés en Tunisie. Les augmentations successives du prix du carburant notamment en 2022 ont étouffé l’espoir de desserrer le carcan budgétaire dans lequel les familles se trouvent enserrées ces dernières années.

Selon une enquête réalisée par l’Institut national de la consommation (placé sous la tutelle du ministère du Commerce) en décembre 2018, 1,8 million de familles tunisiennes ne peuvent pas vivre sans dettes en raison de leur situation difficile. Sur 10 citoyens, six sont la plupart du temps dans le rouge et deux ménages sur trois ne peuvent vivre sans s’endetter.

Au demeurant, plus les citoyens sont dans le rouge, plus les banques se frottent les mains et tirent tant de profits et moins ils ont de chance de sortir des dédales de l’endettement. Avec un taux d’intérêt dépassant les 13%, même les crédits à la consommation ne sont plus à la portée. Des bénéfices record pour certaines banques en 2022, l’endettement a été aussi sans précédent pour le citoyen.

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