Jamais la femme tunisienne n’a baissé les bras devant la suprématie de l’homme. Elle se bat toujours pour jouir de ses pleins droits et militer pour avoir gain de cause. Pourtant, tout a été garanti par la loi.
Il y a, à peine, quelques jours, un collectif associatif, aussi uni et unanime soit-il, vient de faire Front pour l’égalité et pour les droits des femmes (Fedf). Un nouveau-né récemment mis au monde, suite à des concertations et discussions regroupant 17 représentations d’organisations féministes militantes, issues de Tunis, Sidi Bouzid, Sfax, Le Kef, Siliana et Nabeul. En fait, l’idée germait ainsi dans les esprits, depuis novembre dernier, avec en toile de fond une coordination dynamique agissant dans un réseau structuré et engagé pour avoir gain de cause.
Principes fédérateurs
A priori, cette mobilisation avait eu à analyser collectivement la situation actuelle du mouvement féministe tunisien, les obstacles et les défis auxquels il est confronté et de développer les stratégies et moyens d’action à mettre en place pour l’étendre et le renforcer, lit-on dans le communiqué du Front. Aussi, cet engagement à aller plus loin a été confirmé et encore détaillé, lors de la conférence de son lancement, au début de la semaine dernière, au siège du Snjt, lui aussi, membre de ce front. La liberté, l’égalité, la non-discrimination et le respect de la dignité humaine en Tunisie et dans le monde constituent bel et bien ses principes fédérateurs. Voir sa devise qui a motivé sa naissance, afin de pouvoir surmonter les clichés et les idées reçues qui avaient écorné l’image de la femme, réduit son statut social et en fait cible toute forme de violence, féminicides et d’exploitation basée sur le genre. Au point de voir ses droits violés et certains de ses acquis régressés.
De par ces stéréotypes si déshonorants, une urgence s’impose : «Fédérer, en Tunisie, toutes les forces engagées, à tous les degrés, pour l’égalité entre femmes et hommes, l’égalité de genre et la lutte contre toutes formes de discrimination », plaident les militantes du Front. Agir ainsi sous la même bannière est en soi un gage de succès, de résistance et de durabilité. Le Front se veut, alors, une force de pression et de proposition pour l’instauration «d’une citoyenneté pleine et entière des femmes et des hommes fondée sur l’égalité des sexes. Et contribuer ainsi à la construction d’une société solidaire, respectueuse de la dignités humaine, de la libertés, de la justice sociale, de la démocratie, de la paix et de l’Etat de droit », selon les termes du communiqué. Son action sur le terrain tient à une charte des valeurs et celle relationnelle, lesquelles serviront de document de référence des membres du Fedf et leur règle d’éthique et de conduite individuelle et collective. De quoi tirer leur vision et leur perception de la société actuelle et celle d’avenir.
Mobilisation pour resserrer les rangs
Tout compte fait, ajoute le communiqué, «l’approche genre repose sur l’analyse et la remise en cause de la domination masculine et des rapports de pouvoir entre les sexes, fondés sur l’assignation des rôles et des stéréotypes socialement construits». Ce dont s’articulent les préceptes et les valeurs que partage l’alliance féminine. «Féminisme, égalité de genre et non-discrimination, solidarité et entraide, universalisme, intersectionnalité, inviolabilité du corps humain, progressisme, sécularisation » devraient aller de pair, en tant que garde-fou contre machisme et misogynie.
Et ce n’est pas tout. Il y aura également une forte mobilisation pour resserrer les rangs et défendre leur camp. L’objectif étant d’élargir la dynamique du front, en développant la coopération régionale (Afrique subsaharienne, Maghreb, Mena), méditerranéenne et internationale, protéger les acquis, soutenir les mouvements féministes et plaider pour les droits des femmes dans leur acception la plus large. Autant dire, le Fedf compte s’ouvrir aux associations jeunes féministes et aux jeunes filles et jeunes gens dans les régions et dans les quartiers défavorisés, accroître la communication et l’information sur les droits des femmes et interpeller les pouvoirs publics par des actions de plaidoyer concertées, afin de peser sur l’agenda politique.