Les efforts de la Tunisie sont reconnus par les experts internationaux qui appellent à la concrétisation d’autres étapes, afin qu’elle devienne, à long terme, un pays qui contribue à résorber les effets néfastes du changement climatique et des émissions de gaz à effet de serre.
La Tunisie est, désormais, à un stade avancé vers le développement durable et en pleine transition pour devenir un pays qui contribue efficacement dans la lutte contre le changement climatique. Sur le thème «thinking climate» traduit littéralement «penser climat», les experts tunisiens et internationaux s’engagent main dans la main à penser, réfléchir et œuvrer pour le bien de la planète Terre, la couche d’ozone, son atmosphère et son environnement climatique. Dans ce cadre, la première conférence de la CDN tunisienne s’est tenue durant deux jours les 25 et 26 mai à Gammarth. Pour rappel, une CDN, ou contribution déterminée au niveau national, est un plan d’action climatique visant à réduire les émissions et à s’adapter aux effets du changement climatique. La Tunisie est tenue d’établir une CDN et de la mettre à jour. Notre pays, par l’organisation de cette conférence internationale, témoigne de son engagement et des mesures nécessaires prises pour la mise en œuvre de la CDN.
Valoriser l’effort collectif
Au cours de la présentation des spécificités du climat en Tunisie, une vidéo a été diffusée à l’assistance pour présenter davantage le contexte climatique tunisien. La CDN agit sur le plan national pour lutter contre le réchauffement climatique et pour encourager les sociétés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Elle s’est engagée à réduire de 41% l’empreinte carbone notamment sur les activités des industries. Il s’agit, également, de renforcer l’écosystème pour un développement économique durable devenu impératif, car la Tunisie est considérée comme très vulnérable au changement climatique. La CDN nécessite une enveloppe de 2,3 milliards de dollars qui seront dédiés à la lutte contre ce fléau. La mise en œuvre de la CDN appelle à une meilleure gouvernance et une décentralisation pour améliorer le développement au niveau local et favoriser le financement et l’investissement public et privé.
L’effort de tous est ainsi demandé pour réussir le combat et relever le défi en Tunisie.
Mme Céline Moyroud, représentante résidente du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) en Tunisie, rappelle «qu’en vertu de l’article 403 les pays développés sont engagés à financer la lutte contre le changement climatique. Les réductions de gaz à effet de serre font partie des Accords de Paris». 150.000 milliards de dollars cumulés seront nécessaires pour concrétiser les objectifs des Accords de Paris. La question du financement est cruciale dans la mise en œuvre du CDN. Le besoin d’un système de transparence national va permettre de s’adapter aux effets néfastes du changement climatique. Mme Mariana Panuncio-Feldman, Directrice Engagement Pays, NDC Partnership rappelle qu’en 2021, la Tunisie a opté pour une meilleure résilience au changement climatique. Elle développe : «La mise en œuvre de la CDN adopté à une approche intégrale de l’eau, de l’énergie nécessite une meilleure gestion et utilisation des ressources.» La mobilisation des ressources se fera avec le concours de la coopération internationale et nationale, pour aider l’État à atteindre ses objectifs. Un mécanisme de facilitation conjoint a été mis en route pour accompagner la Tunisie vers ses objectifs, d’après les voix internationales. Les principaux objectifs de la CDN de la Tunisie visent un développement durable, inclusif et sobre en carbone.
Échanges d’experiences
Un expert allemand du Cmwp 15 est intervenu à distance dans le cadre de la journée et a mis en exergue les efforts pour la résilience et la mise en œuvre des actions d’adaptation de la CDN de la part de l’Allemagne. Le prochain Sommet sera organisé aux Emirats arabes unis, rappelle-t-il. Le secteur industriel a un grand rôle à jouer pour résister au changement climatique et rendre les sociétés plus résilientes au changement climatique. En Allemagne, on considère que ces actions horizontales et verticales sont partagées entre tous les secteurs. Élaborer des moyens à long terme pour aboutir à 80% d’énergies renouvelables. On est en charge de la coopération dans les secteurs clés. Le pmw 15 est inclus au programme par lequel l’Allemagne contribue à l’échelle régionale et mondiale où 13 millions d’euros sont déboursés au profit de la Tunisie.
Du 31 mai au 2 juin prochain, une conférence à Berlin conjointement avec la GIZ et le Pnud pour discuter de la CDN qui est devenue un forum international et discuter des pratiques pour des actions durables. La neutralité carbone nécessite des actions durables qui visent à développer les technologies durables. En outre, une plateforme digitale permet d’œuvrer pour la décarbonisation de la planète.
La COP 28 fin 2023 aux EAU
Un Sommet se tiendra du 30 novembre au 12 décembre 2023 aux EAU qui sont parmi les premiers pays à s’engager dans les actions pour le climat. Une intervenante a rappelé combien la ministre émiratie de l’Environnement a appelé à assainir le cadre environnemental et même à entreprendre des actions pour la sécurité alimentaire. Les recommandations des différents pays vont faire converger les idées et objectifs pour le climat. Les EAU considèrent que le climat est une question cruciale pour le développement durable. Une société pétrolière est récemment passée à l’énergie solaire pour réduire ses émissions carbone croit-on savoir. De notre côté, des programmes de mise à niveau de l’industrie tunisienne pour s’aligner et se relancer sur les marchés puisque 75% des exportations sont destinées à l’UE.
Le ministre de l’Agriculture, Abdelmonem Balaâti, a évoqué l’importance du rôle de l’agriculture pour améliorer l’efficacité énergétique tout en augmentant la productivité agricole et la résilience du secteur et assure que la CDN prend place intelligemment dans le domaine agricole qui contribue à hauteur de 7% du PIB national. Il évoque le stress hydrique qui menace le pays et dont est responsable le changement climatique. La protection du secteur agricole va permettre d’engendrer une agriculture durable pour les générations futures pour une meilleure sécurité alimentaire. De son côté, Mme Leïla Chikhaoui Mahdaoui, ministre de l’Environnement, appelle, quant à elle, à la convergence des objectifs entre les différents secteurs et la conjugaison des efforts pour atteindre les objectifs du développement durable.
L’entrepreneuriat vert récompensé
Une cérémonie Fipa de remise de trophées s’est tenue en marge de l’ouverture de la double journée sur le climat. L’entrepreneuriat vert en Tunisie modéré par Sonia Dammak a permis de primer les entreprises lauréates et actives dans la lutte contre les effets du changement climatique. La cérémonie «Entrepreneuriat vert et objectifs climatiques de la Tunisie» organisée par l’Agence de promotion de l’investissement extérieur (Fipa-Tunisie) a été introduite par M. Jalel Tebib, directeur général de la Fipa, sur l’approche de son établissement en matière d’attraction des Investissements extérieurs à zéro émission. Des entreprises ont été récompensées tour à tour, après leur retour d’expérience, pour leurs actions en faveur du climat. L’une d’entre elles, la troisième entreprise lauréate exerce depuis plus de trente ans dans le secteur du textile. Le désir de servi l’environnemental et le social a habité son directeur général qui dit «être pleinement engagé dans cette voie pour aider la Tunisie. Pour un meilleur environnement en coordination avec l’ensemble des acteurs. La démarche environnementale et sociétale est un défi continu». Il avoue que son entreprise s’implique désormais sur le plan local en coordination avec les communes et qu’elle a dépassé son statut d’entreprise pilote. Le secteur textile est très soucieux de la responsabilité environnementale et sociétale et s’engage positivement durant les quatre prochaines années.
Contexte général
L’Accord de Paris (AP) a été adopté lors de la COP21 à Paris le 12 décembre 2015, dans le but d’accélérer la riposte mondiale au changement climatique.
Cet accord engage toutes les parties à accélérer leur transition vers une économie sobre en carbone et résiliente au changement climatique, en vue de contenir le réchauffement global de la planète à un niveau ne dépassant pas 2°C (voire 1,5°C) par rapport aux niveaux préindustriels. En vue d’atteindre cet objectif, l’Accord de Paris a instauré plusieurs mécanismes assurant une amélioration de l’ambition climatique, principalement la contribution déterminée au niveau national (CDN), et les Stratégies de développement bas carbone (Snbc) à l’horizon 2050. La Tunisie a ratifié l’Accord de Paris sur le climat par la loi organique n° 2016-72 du 31 octobre 2016 et a soumis sa Contribution prévue déterminée au niveau national (Cpdn) le 16 septembre 2015 et, conformément aux dispositions de l’article 4 de l’Accord de Paris, actualisé en octobre 2021, mettant en exergue l’importance de la transition vers un nouveau modèle de développement inclusif, aligné sur les Objectifs du développement durable (ODD). La CDN actualisée de la Tunisie vise un changement radical de paradigme dans tous les secteurs économiques, à travers: la réduction de l’intensité carbone de l’économie nationale de 45% à l’horizon 2030, par rapport à l’année de base 2010, le renforcement de la résilience de la Tunisie face au changement climatique en réduisant significativement la vulnérabilité de ses écosystèmes, de sa population, de ses territoires et de son économie dans une optique de développement durable et d’économie verte, bleue et circulaire.
La mise en œuvre de la CDN actualisée nécessite la mobilisation d’importantes ressources financières, estimées à environ 19,4 milliards USD au cours de la période 2021-2030, dont 14,4 milliards USD pour l’atténuation, 4,3 milliards USD pour l’adaptation et 7 milliards USD pour le renforcement des capacités.