Industrie cosmétique | Un créneau au grand potentiel

 

A en croire les chiffres, le secteur a surperformé au cours des quinze dernières années. Sa production est passée de 91 millions de dinars en 2005, à 362 millions en 2018, enregistrant une croissance annuelle moyenne de 11,2%. La valeur ajoutée de la branche s’est située en moyenne à 25% de  la production, soit environ 91 millions de dinars. Bien que le déficit commercial de la filière ait atteint 195 millions de dinars en 2019, il est en nette régression depuis 2005.

Après une décrue enregistrée en 2020, tirant son origine de la baisse de la consommation durant la crise Covid, le marché mondial des cosmétiques est reparti de plus belle en 2021 et 2022 renouant avec une croissance vigoureuse, signe de rétablissement progressif  d’une industrie qui, depuis 2005, ne connaît pas de répit.

Avec un marché estimé à plus de 228 milliards d’euros en 2021, soit une croissance de 8% par rapport à 2020, la demande de produits cosmétiques dans le monde va crescendo. Pour plusieurs pays qui se sont forgé une réputation de pionniers dans ce domaine, tels que la France, cette branche figure parmi les principaux secteurs exportateurs, devançant même des industries de pointe telles que l’aéronautique. C’est dire que ce secteur peut être un véritable levier  de croissance des exportations. En Tunisie, cette industrie est toujours à un état embryonnaire même si elle est dotée d’un potentiel encore sous-exploité, surtout en termes d’exportation. Quel est l’état des lieux du secteur? Quelles en sont les opportunités et les points forts? Ces questions ont été débattues lors du forum économique arabe de la cosmétologie qui s’est tenu récemment à Tunis. 

Des opportunités à soupeser

Présentant l’état des lieux de la filière, Ridha Saidi, ingénieur à l’Apii, a fait savoir que le secteur compte aujourd’hui 65 unités de production, dont 6 totalement exportatrices et 18 certifiées. Employant plus de 700 mille personnes, ces entreprises fabriquent une panoplie diversifiée de produits cosmétiques tels que les parfums, produits capillaires, savons, produits de beauté, de rasage et dentifrice. Le secteur commence à attirer les IDE puisqu’il compte, à ce jour, 11 entreprises à participation étrangère qui font que la France, l’Allemagne et l’Espagne sont les principaux partenaires de la Tunisie.

A en croire les chiffres, le secteur a surperformé au cours des quinze dernières années. Sa production est passée de 91 millions de dinars en 2005 à 362 millions en 2018, enregistrant une croissance annuelle moyenne de 11,2%. La valeur ajoutée de la branche s’est située en moyenne à 25% de la production, soit environ 91 millions de dinars. Bien que le déficit commercial de la filière ait atteint 195 millions de dinars en 2019, il est en nette régression depuis 2005. Pour les produits capillaires, la balance commerciale est équilibrée avec des exportations en hausse vers la Libye, l’Egypte et le Maroc. S’agissant des huiles essentielles, les  exportations ont atteint 64 millions de dinars en 2019. Les principaux marchés destinataires sont principalement la France, l’Italie, l’Espagne et le Royaume Uni.

Le représentant de l’Apii a, en outre, fait savoir qu’une étude réalisée en 2021, par le Centre Technique de la Chimie, a permis de mettre en lumière les opportunités et les points forts du secteur des cosmétiques en Tunisie. Parmi les points forts, il a cité la forte dynamique de création d’entreprises, l’existence d’un noyau d’entreprises structurées avec un savoir-faire important et des moyens techniques et humains adaptés, le taux d’encadrement qui est appréciable, la présence de marques locales qui se développent sur le marché avec un effort marketing assez important, la présence d’entreprises exportatrices et le déficit commercial de la branche qui est  en baisse.

L’Afrique: une aubaine pour les fabricants locaux

La filière fait également miroiter beaucoup d’opportunités, surtout avec la hausse de la consommation locale qui offre une marge de croissance importante pour les fabricants locaux. Les marchés limitrophes sont à considérer puisque les conditions d’accès ont été améliorées. C’est le cas notamment de l’Algérie. L’étude a également révélé que les industriels tunisiens peuvent se positionner durablement sur les marchés d’Afrique subsaharienne, surtout pour les produits d’hygiène corporelle. En effet, le marché des cosmétiques en Afrique subsaharienne offre de véritables opportunités aux industriels et producteurs tunisiens qui peuvent tirer profit d’une fringale pour les produits d’hygiène et de beauté qui caractérise ce marché, dont la croissance a dépassé les 10% par an, contre 4 % dans le reste du monde. Le Cameroun et la Côte d’Ivoire sont considérés comme les principales portes d’entrée pour cette filière. 

L’étude a, par ailleurs, mis en évidence une éventuelle amélioration de la compétitivité des acteurs locaux du secteur, si un assouplissement des conditions d’importations a lieu pour permettre un meilleur sourcing en intrants. Dans cette perspective, une montée en gamme du secteur passe inévitablement par l’amélioration du cadre réglementaire et normatif ainsi que par le renforcement du contrôle et des dispositifs d’appui.

Les investissements dans la filière des huiles essentielles en hausse

De son côté, Rym Haddaoui, ingénieure à l’Apia, a souligné, dans une déclaration accordée à La Presse, que le secteur  des plantes aromatiques et médicinales est un secteur porteur dans lequel le ministère de l’Agriculture encourage l’investissement, vu la nature des nappes naturelles qui existent en Tunisie. Cette branche représente 10% des investissements dans le secteur agricole.

Une récente étude menée par l’Apia, portant sur le positionnement de la filière des huiles essentielles de la Tunisie, a permis d’établir une cartographie comportant une vingtaine d’espèces médicinales qui peuvent faire l’objet de projets rentables. C’est un secteur qui attire toujours les investissements puisque ces derniers ont augmenté de 30% sur les cinq dernières années et que la croissance des exportations a dépassé les 5%. Outre les marchés destinataires traditionnels, à savoir les pays européens, d’autres marchés sont entrés en lice, tels que  le Canada, les Etats-Unis et les pays du Golfe qui manifestent un intérêt particulier pour les huiles essentielles produites en Tunisie.

Laisser un commentaire